Choix 1B: Lui faire part de mes doutes

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Je ne pouvais pas continuer à mentir à Lafayette lorsque lui avait fait preuve de temps de courage pour m'avouer ce qu'il ressentait. Et concernant les difficultés qui nous attendrait, bien sûr, cela m'inquiétait toujours, mais le marquis n'était pas sans le savoir et sa sagesse et son soutien m'était plus que nécessaire. Je souhaitais qu'il sache tout ce que je pouvais ressentir pour lui.

Comme une enfant qui a commis une bêtise, je ne parvenais plus à regarder devant moi alors que je me préparais à répondre à Lafayette, et mes pieds bougeant sur le sol de gravier du parc me semblaient soudain incroyablement intéressants. Mon cœur tambourinait si fort dans ma cage thoracique qu'il ne m'aurait pas été étrange qu'il trouve le moyen de s'en échapper. Malgré tout, il était nécessaire que je rassemble le courage et la force de faire face au marquis. Serrant mon poing contre ma poitrine, je prenais le courage de me relever et de me placer devant Lafayette.

« J'ai pris beaucoup de temps pour vous apporter cette réponse, et j'en suis vraiment désolée. Vous avez été si honnête avec moi, et depuis le début, j'aurais dû l'être également avec vous, aussi vite. »

Je sentais son regard peser sur moi, et son expression habituelle se changer un peu pour me laisser percevoir ce qu'il me semblait être de l'inquiétude.

« Je ressens les mêmes sentiments pour vous, et depuis bien longtemps. »

Son expression de surprise s'était ravivée et s'était mêlée d'une gêne non dissimulée, et plutôt charmante. Ses joues avaient pris en couleur également. Ses yeux brillaient, malgré la noirceur de la nuit.

« Votre Majesté, je... je n'espérais pas que vous répondiez à mes sentiments de cette façon. »

Un maigre sourire déforma mes lèvres, alors que je songeai à ce bal ou j'avais pu être une autre que la Reine Marie. Ce bal où l'amour que je lui éprouvais n'était plus celui d'une reine et où l'inquiétude ne me prenait pas tant que mon masque couvrait mon identité. Celle qu'il n'avait jamais revue et celle qu'il voyait tout les jours, il en était venu à aimer chacune de ces versions de moi, sans différence. L'amour interdit qui nous reliait avait aussi de son charme, et l'interdit avait goût exquis.

« Je sais bien, mon cher marquis. L'inquiétude m'empéchait de vous répondre avec honnêteté. »

Je regardais la main que j'avais serrée jusque là si fort contre mon cœur que des marques d'ongles s'étaient imprimés dans ma paume.

« Je ne pouvais m'empêcher de me retrouver dans l'histoire de Cassiopée. J'avais peur. Je ne voyais aucune issue où je pourrais librement exprimer mes sentiments envers vous. Si j'en venais à m'exprimer, j'en craignais la colère de la cour et la nécessité de devoir noyer ces sentiments, et l'impact qu'une telle affaire pourrait avoir sur vous. Toute possibilité semblait me mener inlassablement à un drame. »

Je regardais mes mains, j'en tremblais encore malgré tout mes efforts pour le masquer.

« Aujourd'hui, j'étais venue chercher la réponse auprès des étoiles. Espérant me calmer. Savoir que je résidais à l'endroit où vous étiez il y a encore peu de temps me soulageais, mais malgré tout... Je n'ai toujours pas trouvé la solution. »

Lafayette m'écoutait simplement, sans cacher ses troubles, et la difficulté qu'il avait à masquer son bonheur dans l'expression de ses yeux a l'annonce de la réciprocité de ses sentiments remplissait mon cœur et mon corps d'une vague agréable de chaleur. N'y avait-il donc rien que je ne pouvais faire contre ces sentiments et l'émerveillement qu'ils me procuraient et dont je devenais doucement, mais certainement, accro ?

Le marquis se redressa comprenant que j'avais fini de tout lui raconter, puis en vint aussi à se lever. Doucement, il vint saisir l'une de mes mains qui tenait l'autre pour en calmer ses mouvements. La douce chaleur de sa paume traversait la fine parois de coton de son gant et me réconfortais, tout en affolant mon cœur. Il serra cette main dans la sienne et vint également récupérer mon autre main de sa main libre, serrant les deux, comme pour en calmer leur tremblement. Ses yeux me regardaient avec sincerité, malgré le trouble certains que l'on partageait et qui d'ailleurs colorait allègrement ses joues. Ses lèvres se tendirent en un chaleureux sourire.

Un soir de Printemps - Time Princess FanficOù les histoires vivent. Découvrez maintenant