Chapitre 78: La maison "Jeux du sort"

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Ce fut la jambe raide de Frank qui le réveilla ; elle lui faisait de plus en plus mal dans ses vieux jours. Il se leva et descendit l'escalier en claudiquant, dans l'intention daller à la cuisine remplir à nouveau sa bouillotte d'eau chaude pour soulager la douleur de son genou. Debout devant l'évier pendant qu'il faisait couler l'eau dans la bouilloire, il leva les yeux vers la maison et vit une lumière scintiller derrière les plus hautes fenêtres. Frank devina tout de suite ce qui devait se passer. Les enfants étaient à nouveau entrés dans la maison et, à en juger par cette lueur tremblotante, ils avaient allumé un feu.

Frank n'avait pas le téléphone et, d'ailleurs, il s'était toujours méfié de la police depuis quelle lavait accusé du meurtre des Jedusor. Il posa la bouilloire, remonta l'escalier aussi vite que le lui permettait sa jambe raide puis redescendit dans la cuisine après s'être habillé et avoir pris une vieille clé rouillée, pendue à un crochet près de la porte. Au passage, il saisit sa canne posée contre le mur et sortit dans la nuit.

Ni la porte d'entrée de la maison ni les fenêtres ne semblaient avoir été fracturées. Frank fit le tour par-derrière et s'arrêta devant une porte presque entièrement dissimulée par le lierre. Il sortit alors sa vieille clé, la glissa dans la serrure et ouvrit la porte sans faire de bruit.

Il pénétra dans la cuisine, aussi vaste qu'une caverne. Il y avait des années qu'il n'y était plus entré ; pourtant, malgré l'obscurité qui y régnait, il se rappelait où se trouvait la porte donnant sur l'entrée et il s'avança à tâtons, dans une odeur de moisi, l'oreille tendue pour essayer de percevoir des bruits de pas ou des voix au-dessus de sa tête. Il atteignit le vestibule, un peu moins sombre grâce aux grandes fenêtres à meneaux qui encadraient la porte d'entrée, et commença à monter l'escalier aux marches recouvertes dune épaisse poussière qui étouffait le bruit de ses pas et de sa canne.

Parvenu sur le palier, Frank tourna à droite et vit tout de suite où se trouvaient les intrus : au bout du couloir, une porte était entrouverte et la même lueur tremblotante brillait par l'entrebâillement, projetant une longue traînée d'or sur le sol obscur. À petits pas, Frank s'approcha, empoignant fermement sa canne. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques dizaines de centimètres, il aperçut lintérieur de la pièce dans lespace que délimitait létroite ouverture de la porte.

Il eut alors la confirmation de ce quil avait deviné : quelqu'un avait allumé un feu dans la cheminée. Il simmobilisa et écouta attentivement, car une voix lui parvenait de la pièce ; pas une voix denfant, mais une voix dhomme, qui semblait timide, craintive.

— Il en reste un peu dans la bouteille, Maître, si vous avez encore faim.

— Plus tard, répondit une deuxième voix.

Cétait aussi une voix dhomme mais elle était étrangement aiguë, et froide comme un coup de vent glacé. Quelque chose dans cette voix fit se dresser les quelques cheveux épars qui restaient sur la nuque de Frank.

— Rapproche-moi du feu, Queudver.

Frank tourna vers la porte son oreille droite, celle avec laquelle il entendait le mieux. Il y eut le tintement dune bouteille quon pose sur une surface dure, puis le son sourd dun gros fauteuil traîné sur le sol. Frank aperçut un petit homme qui poussait le fauteuil en tournant le dos à la porte. Il portait une longue cape noire et avait le crâne un peu dégarni. Bientôt, il disparut à nouveau de son champ de vision.

— Où est Nagini ? demanda la voix glaciale.

— Je je ne sais pas, Maître, répondit la première voix dun ton mal à laise. Je pense quil a dû partir explorer la maison

— Il faudra le traire avant de se coucher, Queudver, reprit la deuxième voix. Jaurai besoin de me nourrir au cours de la nuit. Ce voyage ma grandement fatigué.

Lindsay Potter (Bonus)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant