Du Mystère des Fleurs

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Par Tabar Ibn Halen, 1059 EE

Ayant été interdit à la publication par le Luminar, « Du Mystère des Fleurs » a longtemps été une œuvre introuvable en Alodya, et son auteur, le mystérieux Tabar Ibn Halen, a été porté disparu. La Birchanie n'ayant que peu de tolérance pour les écrits faisant mentions des Divins de l'Abysse, ou n'étant en général pas en adéquation avec le dogme religieux imposé par le Luminar, il semble peu probable qu'il ait réussi à s'enfuir du territoire. Ceci est une réédition et une traduction datée de 59 EC, réalisée par Sieur Jourdain de Liutpran, au sujet des origines étranges de la Malédiction des Fleurs. Bonne Lecture.

Les fleurs. Quel magnifique fragment de la création. Partout, elles emplissent les champs dès les beaux jours venus, colorant la monotonie verte de la nature, et parant cette dernière de mille senteurs à faire frémir les sens. Il n'est pas à douter que, compte tenu de leur vertus thérapeutique, de leur beauté inégalable, et de leur rôle central dans la reproduction des plantes, les fleurs aient été un des principaux fragments de la création, lorsque Han Al Him fonda ces terres. Mais l'enquête que nous avons menée aurait tendance à diriger nos pensées vers une toute autre direction... il reste cependant important d'explorer toutes les pistes.

Mais, évidemment, comment évoquer la beauté des fleurs sans évoquer leurs équivalents pourvus de pensée. La race des Nymphes, et leurs différentes espèces, en est un premier exemple frappant, même s'il n'est pas celui qui va nous aiguiller en priorité. En effet, ces êtres pourvus de volonté, et dotés d'une affinité très forte avec le monde végétal, le sont car ils en font en réalité partie. Les Nymphes naissent des fruits des Grands Arbres de leur lointaine contrée, et ne se reproduisent ainsi pas. Ce sont les fruits de ces végétaux géants, chargés de les protéger. Les Nymphes, il est important de le noter, sont cependant douées d'un libre arbitre, ce qui signifie que, bien que leur rôle initial soit de veiller sur leurs parents arbres, cela ne leur est pas obligé. Mais il est important de noter que nul arbre à Nymphe, à notre connaissance actuelle, ne donne de fleur, et la méthode de reproduction des Arbres à Nymphe est encore inconnue à ce jour. Mais ce phénomène lointain et peu connu n'est pas celui qui va nous intéresser en priorité dans cette thèse, car c'est à celui des Filles Fleurs que nous allons nous intéresser.

Comme beaucoup de sujets de nos jours, l'étude de la malédiction des fleurs est très sévèrement punie par les autorités lumineuses, mais j'ai eu l'occasion de pouvoir étudier plusieurs cas de cette affliction toute particulière à Uruk, quand la cité était encore indépendante, et que l'emprise du culte y était moins grande. Au grand hospice d'Ur, j'ai assisté plusieurs examinations alors que des familles nous amenaient leurs nouveaux nés engrainés, avec l'espoir que nous puissions faire quoi que ce soit pour les sauver. Malheureusement, c'est impossible, comme chaque médecin le sait. Mon mentor à l'hospice, le célèbre toubib Hakan Il Nazgar, était une sommité en la matière, et j'ai beaucoup appris de sa part sur le sujet, mais, en tant que toubib, il était bien plus intéressé par les symptomes de l'affliction et savoir comment la soigner, que d'en déterminer l'origine première, lui qui considérait que c'était le fruit du hasard.

Parlons donc de la Malédiction des Fleurs. Les Zah Ra, nom généralement donné aux porteuses de la malédiction, sont exclusivement de sexe féminin, même si certaines sources ont déjà évoqué l'existence de bébé mâles atteints, et dont le corps se féminiserait jusqu'à devenir totalement féminin à l'âge de l'éclosion, bien que les sources attestant de ces cas soient peu fiables. Il est également à noter que, si la plupart des races mortelles semblent pouvoir être atteintes par la malédiction, celle-ci est le plus courante chez les races humaines. Il a déjà été observé en de rare cas sur des Keshians, des sirènes ou même des zaracs. La malédiction se présente sous la forme de la présence, quelque part sur la peau du nourrisson dès sa naissance, d'une étrange tâche semblable à un tatouage Suomen que l'on nomme la graine. Celle-ci est un organisme qui vit en symbiose avec son hôte, mais en modifiant grandement son corps, notamment en ponctionnant un poison dans ses veines, inoffensifs pour la Zah Ra, mais atrocement mortels pour les non porteurs de la malédiction. La graine reste en dormance durant une grande partie de l'enfance de l'individu, et le taux de poison dans les veines chez les jeunes reste donc faible et plutôt constant. Aux environs de 15 ou 16 printemps, la graine germe, et alors, telle une puberté plus tardive, le corps des Zah Ra évolue.

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