Deux semaines déjà depuis le jour qu'il avait parlé de la sorte à Lisanna. Il n'avait pas oser aller la regarder. De toute façon ce n'était pas comme s'il en était tenu, obligé ou quoi que ce soit.

Bizarrement, il avait l'impression d'avoir été en tord en lui répondant ainsi alors que tout ce qu'elle cherchait c'était quelqu'un pour l'écouter.

Bon sang, pourquoi il se tracassait la tête avec ça ?

Il essuya rangement ses plats. Il n'avait rien à se reprocher et de plus ce n'était qu'une rencontre passagère.

Bickslow termina sa vaisselle et sortit du restauration pour rentrer chez lui.

À chaque fois qu'il passait par là désormais, il ralentissait le pas et regardait longuement cette entrée. Il était tiraillé par l'envie d'y aller et la voir ?

Pourquoi irait-il la bas de toute façon ?

Cependant, il avait constamment en tête ce qu'elle lui avait dit, elle n'avait pas d'amis, non, elle n'en avait plus.

Comme lui.

Un rictus apparut sur son visage et un pas après l'autre il continua son chemin.

* * *

Lisanna était adossée contre un arbre, elle venait ici tous les jours, chantonnant.

C'était l'un des derniers lieu qu'elle avait vu quand elle avait encore les yeux ouverts. Ça la rendait heureuse d'être ici, revivant cette sensation de voir. Ce lieu était ancré dans sa mémoire.

Le vent soufflait assez fort, soulevant les plis de sa robe d'été de couleur jaune. Elle devait rentrer avant que sa famille ne s'inquiète. Elle savait bien que son frère et sa sœur acceptaient qu'elle se rende ici toute seule uniquement pour ne pas la rendre triste.


Lisanna passa légèrement ses doigts sur ses yeux, elle ne voyait plus et elle détestait cette sensation de dépendance envers sa famille.

Elle s'avança donc pour rentrer quand des rires moqueurs attirèrent son attention. Elle connaissait bien ces voix.

— IKari, Lydia ?

— Tu nous a reconnu ? C'est vraiment dommage que tu ne puisses plus voir, dit-elle, sarcastique.

— Vous allez bien ? demanda-t-elle, essayant d'ignorer leur remarque.

— Oui très bien mais toi vu ton regard rien ne va hein ? Tu ne devrais pas plutôt rester chez toi ? Tu ne vois rien de toute façon dedans ou dehors c'est de même, tout est noir pour toi.

Lisanna resta silencieuse mais elle en était pas moins blessée. Dire qu'elles étaient amies avant.
Elle s'avança pour rentrer chez elle incapable de répondre.

— Tu ferais mieux de rester sagement dans ta chambre, comme ça tu ne sera plus une charge pour ta sœur et ton frère. C'est juste un conseil.

Elle en fut tellement blessée qu'elle se mit trembler. Elle se retourna lentement, les lèvres légèrement tremblantes.

— Pourquoi vous me faites ça ?

— Nous ? Mais rien. On te dit juste la vérité. Tu devrais prendre des mesures pour ne plus te retrouver seule sans plus personne pour toi.

— Elle n'est pas seule, clama une voix assez forte pour qu'on puisse l'entendre.

Lisanna tendit l'oreille pour reconnaître la voix de l'intrus.

AveugleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant