P.A.R.E.N.T.S. - || ℕℂ𝕋 𝔻𝕣𝕖𝕒𝕞 ||

A.bandon

Bon comme prévu c'est au tour de Mark. Alors Mark, nous t'écoutons. Prévint le professeur. 

L'élève debout face au reste de la classe, se racla la gorge et commença son exposé.

Un nom masculin, synonyme d'abandonner, de renoncer à quelqu'un ou quelque chose. Fait de se laisser aller, de se détendre, de s'abandonner à soi-même. Mot dont l'antonyme est l'espoir.
Mon exposé porte donc sur l'abandon.
L'abandon est imprévisible.  

Parce que c'était vrai. Je n'étais pas du genre à abandonner. Et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. 
J'ai changé de pays, sans connaître un seul mot de la langue locale. À ma place, plus d'un auraient renoncé mais moi, je ne l'ai pas fait. J'étais sûr de moi, je savais que ma place était ici et nul part ailleurs. Alors je me suis accroché et j'ai réussi, maintenant je parle même mieux que certains Coréens natifs.
Une fois intégré au pays, j'ai dû me faire des amis. Et là aussi, tant de fois, j'aurais pu baisser les bras. Jeno est quelqu'un de sociable, je n'ai eu aucun mal avec lui mais ça n'a pas été le cas avec tout le monde. 
Le plus dur a été Renjun. Renjun est un garçon timide et discret. Au début, il s'enfuyait presque à chaque fois que je l'approchais. Mais une fois de plus j'ai persévéré et j'ai tenté plusieurs approches, toutes différentes et originales. Premièrement, j'ai quelque peu changé d'attitude sans pour autant en changer ma personnalité, j'ai pensé que j'avais peu être l'air intimidant en insistant autant. Mais ça n'a pas marché. Ensuite j'ai engagé la conversation, dans le vide bien évidement. J'ai aussi essayé les compliments, je me suis fait ami avec ses amis, je lui donnais mon déjeuner et Dieu seul sait à quel point la nourriture c'est sacrée, je me suis intéressé à ce qu'il aimait,...
J'ai persisté parce que je savais qu'on finirait par devenir ami. 

Hyung, était-il un jour venu me parler de lui-même, il parait qu'avec les autres vous allez au parc d'attraction ce week-end ? 

Oui c'est vrai, comment le sais-tu ? Fis-je faussement étonné qu'il soit au courant. 

C'est Jeno qui me l'a dit. 

Non sans blague, avais-je pensé sachant qu'il ne tiendrait pas sa langue. 

Pourquoi, je n'ai pas été invité ? Demanda timidement Renjun. 

Parce qu'on y va entre amis, c'est aussi simple que ça. Haussais-je des épaules. 

Mais on est ami. Fronça-t-il des sourcils. 

Et depuis quand ? Demandais-je vraiment étonné pour le coup. 

Bah depuis le début. 

Ah bon ? 

Jeno ne t'a pas dit ? Si je ne te répondais pas au début c'est parce que je venais d'arriver de chine et que je ne parlais pas coréen et après tu parlais trop et je n'avais pas l'occasion d'en placer une. Tu crois vraiment que j'accepterais le déjeuner d'un inconnu et que je l'écouterais me raconter ses journées et j'en suis sûr à peu près tout ce qui lui passait par la tête. Rigola-t-il et je me suis senti con. 

Dans ce cas là on se voit samedi, les gars seront contents de te voir parmi nous ! 

Mais il fallait croire que je n'étais pas aussi courageux que je ne le pensais. Puisque comme tout le monde, je m'apprêtais moi aussi à abandonner.
Abandonner quoi ? 
Mon rayon de soleil, celui qui illuminait mes journée sans même le savoir. 
Abandonner qui ? 
Mon amour, le premier et l'unique à mes yeux. Celui qui me faisait sourire rien qu'à l'entente de son prénom.
Pourquoi ?
Parce que Donghyuck était un garçon normal lui ! Il aimait les filles, leurs cheveux longs et leurs formes voluptueuses. 
C'est ce que mon père passait son temps à me répéter et à force j'y croyais. 

Alors je m'apprêtais à abandonner. J'allais me taire et souffrir en silence. 
Lorsqu'on serait désormais ensemble entre "amis", être détruit le jour où lui aussi tomberait amoureux, être plus qu'anéanti quand il nous présenterait sa copine. 
Tout en faisant semblant que tout ça ne m'atteindrait pas.

Mais j'étais fini, je n'avais plus aucun espoir. J'avais tellement envie d'abandonner sachant que ça ne valait plus la peine de s'accrocher pourtant il y avait cette petite part de moi qui ne pouvait pas se résigner à le faire. 

Je terminerai donc par un conseil : N'abandonner jamais. Parce qu'abandonner c'est partir trop tôt dans une autre galère.