Chapitre 1

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La lune éclairait les pas du jeune homme. Autour de sa silhouette fine et élancée, une cape noire battait dans la nuit, brodée près du cœur d'un M royal. Le M des Mangemorts. En dessous de ce M, un serpent, montrant clairement le niveau élevé dans la hiérarchie que le personnage occupe. Seul à avancer sur le pavé car, depuis le couvre-feu, seuls les Sang-pur et les Mangemorts en question ont le droit de quitter leurs domiciles.

Un frisson d'anticipation parcourut son échine. Après une journée passée dans les camps, à exterminer allègrement les Sang-de-Bourbe, Cracmols, Moldus informés de l'existence de la magie et autres rebelles, l'homme avait besoin de s'accorder une pause, en se vautrant dans les plaisirs interdits de la luxure, de la boisson, de la drogue de qualité. De s'enfouir entre les cuisses tièdes et accueillantes d'une prostituée du Chemin de Traverse, dans un bordel discret réservé à l'élite. Boire un verre en se délectant du spectacle d'une fille se déshabillant au rythme de la musique, livrant sa peau en pâture aux regards pervers posés sur elle.

L'homme savait parfaitement où il allait. À côté de Gringotts, un bâtiment sobre, surmonté d'un panneau où l'on pouvait lire, en lettres d'or : « Les plaisirs de Madame Rosépine ». Pour un peu, il s'en serait frotté les mains. Ladite Madame Rosépine était la tenancière de la maison close la plus luxueuse du Chemin de Traverse, rien de comparable avec les bouges de basse catégorie de l'Allée des Embrumes.

Encore un point fort, selon lui, du régime du Seigneur des Ténèbres depuis la victoire à Poudlard trois ans auparavant et la mort de Harry Potter. Voldemort savait plaire à ses hommes de main. La preuve, les bars, maisons closes et autres lieux déconseillés proliféraient depuis son accession au pouvoir suprême. Une putain, un verre et de la drogue. Oui, Voldemort savait plaire.

Madame Rosépine était devenue célèbre en relativement peu de temps, écrasant toute concurrence. Elle était de Sang-mêlé, et c'était une très belle femme encore à quarante-cinq ans, une sorcière redoutable et pleine de culture et de talent. Généreuse, douce même si ses fureurs étaient célèbres, elle s'était adaptée sous le nouveau régime et en retirait énormément d'argent. C'était selon son avis que l'on dictait les lois envers les prostituées. Elle était non seulement riche, mais aussi très influente. Madame Rosépine était presque intouchable.

Bien entendu, ses charmes et ses talents de femme d'affaires n'étaient pas les uniques raisons de son ascension. Chez elle, l'on trouvait les plus belles filles du pays, réservées à un élite à la bourse rebondie. La maison était réputée comme très discrète, bien entendu, mais aussi très propre, ce qui était appréciable. Les filles n'étaient pas battues, ni malades, ni sales. Lorsque souvent, un client les malmenait, elles disposaient aussitôt de soins. Elles étaient bien alimentées et traitées, sinon payées : le nouveau régime n'en exigeait pas tant, puisque pour tout dire, elles étaient prisonnières des bordels. La maquerelle faisait en sorte de les entretenir, pour qu'elles ne s'ennuient pas. Beaucoup étaient non seulement jolies mais aussi cultivées, et pour les clients de marque, il était normal de discuter après l'acte de choses étonnamment complexes.

Chez Madame Rosépine comme ailleurs, les filles étaient souvent de classe « inférieure », des Sang-de-Bourbe, des Cracmolles, des traîtresses à leur sang. Quelques unes étaient déposées là comme butin de guerre, ou alors vendues. Des fois aussi elles entraient par manque de choix, réduites à gagner leur vie en se prostituant c'était là une minorité, payée bien sûr, et libres de partir ou non.

Il n'y avait pas que la prostitution dans son sens le plus basique chez Madame Rosépine. Il y avait aussi vente de boissons au prix fort, voire de drogues sous le manteau. Pour ceux qui n'avaient pas les moyens de s'offrir les services d'une fille à prix d'or, la salle principale offrait des spectacles de danse, de chant, de strip-tease. Il y avait aussi des fumoirs, pour que ces messieurs puissent jouer aux jeux d'argent et notamment de cartes, ainsi que des boudoirs, afin que les dames venues au bordel puissent se retirer pour bavarder autour de sucreries. Chez Madame Rosépine était donc avant tout un lieu du monde, où l'on venait pour se faire bien voir, jouer, consommer, discuter politique et économie, avant de monter avec une fille. Et bien entendu, l'on venait voire la magnifique Madame Rosépine en personne.

La maison aux plaisirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant