La maison aux plaisirs

Chapitre 13

Quand Blaise trouva un Drago installé sur le fauteuil du salon en revenant de sa séance câlins avec Ginny, il crut s'arracher les cheveux ou se pendre par les pouces, au choix. Celui-ci, hébété, n'avait visiblement ni dormi de la nuit, ni décuvé, et arborait l'air légèrement craintif de celui qui sait qu'il a fait une idiotie incroyable et s'apprête à le regretter de toute son âme.

Blaise débarqua de la cheminée, poussa une exclamation et leva les bras au ciel avant de se masser l'arête du nez, l'air profondément las.

-Drago...débuta-t-il d'un ton qui fit même frémir l'héritier Malefoy.

Le blond aux yeux tantôt azur tantôt métal sursauta, comme si l'apparition de son ami dans sa propre demeure avait de quoi étonner, voire même scandaliser. Puis il plaqua un grand sourire hypocrite sur ses traits :

-Ah ! Blaise, tu es rentré, te voilà. Tu vas bien ?

-Drago Malefoy, énonça d'une voix doucereuse le métis, généralement quand tu demeures planté chez moi à quatre heures du matin en pleine réflexion alcoolique, cela n'annonce rien de bon. Alors quand en plus tu as ce sourire coupable qui te flotte sur les lèvres, je n'aime pas, mais alors pas cela du tout...

-Oui, eh bien...

Il était rare de voir Drago perdre ses moyens. Sans doute seuls Blaise et Narcissa pouvaient se vanter d'être témoins d'une telle scène et la gêne et l'hésitation ne correspondaient en rien à la personnalité du blond.

-J'ai peut-être fait une bêtise...ou deux...

Blaise étouffa un soupir et s'assit en attente du carnage.

-Bon. J'ai...mais j'étais ivre ! J'ai dit à Granger que je l'aimais...

Ce qu'il n'aimait pas du tout en revanche, c'est le sourire idiot qui vint fendre les traits de son ami qui le regardait l'air de dire « je le savais depuis le début, pauvre connard ».

-Et alors ? En quoi c'est mal ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Vous avez fait l'amour comme des sauvages ? Tu vas y retourner ?

-Oh, doucement ! Je te rappelle que j'étais saoul...elle s'est barrée en courant et en me gueulant que je n'ai pas le droit, va savoir pourquoi, on n'a fait que s'embrasser, et c'est mal parce que je ne suis pas supposé tomber amoureux d'une pute, d'une Sang-de-Bourbe par-dessus le marché !

Le sourire de son ami s'évanouit et le métis soupira en se frottant les yeux.

-Peu importe, Drago. Tu l'aimes ?

-Non.

-Là ce n'est plus du déni, c'est de l'aveuglement.

-Puisque je te dis que...

-Je ne veux pas le savoir. C'est tout ce qui te met dans cet état ? La déclaration de ton amour à Granger ? Si tu étais si ivre que cela elle n'a pas du en tenir compte. Elle a probablement mis cela sur le compte de la boisson.

-Je m'en doute, répliqua le blond d'un air malheureux. Simplement, eh bien...mais j'étais ivre, hein ! Eh bien...

-Dray, accouche. J'aimerais bien retrouver mon lit.

-J'ai tué Selwyn.

Le métis redressa si vivement la tête que ses os craquèrent mais il n'en tint pas compte et fixa son ami avec des yeux écarquillés.

-Tu as quoi ?

-Tué Selwyn.

-Mais c'est ton inférieur immédiat ! Le bras gauche, si je peux m'exprimer de la sorte ! Tu es malade ! Autant que pour Kenson Rowle, cela pouvait passer, mais Selwyn...non, non, non et non ! As-tu perdu l'esprit ? Le Seigneur des Ténèbres va devoir sévir, surtout si sa pétasse de femme se met à crier ! C'est un Mangemort elle aussi ! Tu es fou...