Aaron

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Assis derrière son bureau, Alaric Abdelbaki me regarde l'air grave. Je viens à l'instant de lui raconter la trahison de la guilde envers les Elra, leurs manigances pour utiliser Aréna afin de l'amener à tuer les vampires de Cularo. Car, oui, le seul et unique but de ces souillures humaines est de tous nous supprimer. Quels inconscients ! Ce qu'ils ne savent pas c'est que nous sommes plus nombreux que ce qu'ils croient, beaucoup de vampires vivent cachés pour échapper à leur folie.

-Je sais, soupire le directeur en s'enfonçant dans son siège, les mains sur les cuisses. C'est pour cela qu'ils ne sont pas au courant de la nouvelle condition de Aréna et qu'elle n'a plus de mission. Je leur ai dit qu'elle était en période d'examens, je fais donc blocage.

-Ne vont-ils pas se douter de quelque chose ?

Alaric sourit.

-Si. C'est à partir de là que tu entre en jeu : je te demande de protéger Aréna. La guilde prépare quelque chose... De ce que j'ai pu observer et entendre ils veulent attaquer l'Académie.

Mon masque d'impassibilité se fissure l'espace de quelques secondes. Attaquer l'école ?

-J'enseigne à des vampires aristocrates, développe-t-il. Parmi eux se trouve un sang-pur qui a tué leur alliée. Ils veulent éliminer ta race, Aaron, et rien ne les arrêtera. En tant qu'humain je peux simplement protéger les Aurore en les renvoyant chez eux, le reste je suis impuissant. Je te demande de veiller sur Aréna car elle sera leur première cible quand ils la découvriront au Crépuscule.

Alors voilà leur but... Car ils nous déteste nous devons mourir. Quelle absurdité !

-Je me battrai en temps voulu, assurai-je, et Aréna est sous ma protection.

Il se redresse en plissant les yeux.

-Que caches-tu, Aaron ? Tu porte beaucoup d'intérêt à ma fille adoptive.

Un demi-sourire se dessine sur mes lèvres. Alaric grimace, méfiant.

-Dis-moi la vérité.

-Mon vampire l'a reconnu comme son calice.

Le directeur fait le poisson durant plusieurs minutes avant de relâcher tout son air. Si je n'étais pas aussi sérieux j'en aurais bien rie.

-Ton... Ton calice ? Suffoque-t-il. Bon sang, Aaron ! Te rend-tu compte dans quoi tu l'emmène ? Vas-tu lui en parler ?

Je m'offusque.

-Bien sûr que oui ! M'énervai-je. Pour qui me prenez-vous ? Nous avons une soirée cette nuit, je compte la présenter.

Il grimace, me faisant froncer les sourcils.

-Elle va se braquer, craint-il. Surtout si il y a du monde autour de vous. Crois-moi, Aaron, il serait plus judicieux de lui annoncer en tête à tête. Cela éviterait pas mal de problèmes.

Je hoche la tête sans répondre. Il soupire, lasse.

-Protège-la et rend-la heureuse, c'est tout ce que je te demande.

-Je ne demande que ça.

Il rit.

-Gagner son affection ne sera pas chose aisée mais je te fais confiance.

Je la protègerai au péril de ma vie.

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Quelques heures plus tard, le soleil tomba finalement en laissant place à la noirceur de la nuit. Le crépuscule en entier est réuni à l'entrée de l'Académie en attendant les voitures qui nous conduiront jusqu'à la réception. Je dissimule de mon mieux mon impatience à l'idée de voir Aréna dans la robe que je lui ai fait parvenir. C'est une robe longue simple avec un décolleté en ovale, manche longue et haut noir, la jupe de la robe est bleu nuit et dissimule des escarpins noirs à talons. Cette tenue ira parfaitement avec son collier. Je lui ai fait parvenir, également, des boucles d'oreilles grimpeur en argent et pierres noirs ainsi qu'une bague noir avec améthyste en forme de cœur et motifs complexes sur les côtés. En espérant que ça lui plaise car, en tant que mon futur calice, elle doit se démarquer des autres.

À bout de souffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant