Amour et Chocolat (éditions BMR)

Chapitre 4- Igor

J'ai encore la tête dans le gaz en attendant ma valise à la sortie de l'avion. Pas sûr que le petit somme ait été une bonne idée. Même si j'ai empiété sur la place de ma « charmante » voisine, mon dos me le fait regretter quand même.

Je regarde autour de moi, observant les gens qui patientent également. Bon, j'espère aussi secrètement repérer une petite brune aux mèches rouges, mais rien à l'horizon. Peut-être n'avait-elle qu'un bagage cabine ? En repensant à mon attaque involontaire, un sourire nait sur mes lèvres. Je m'en veux encore de lui avoir fait mal, mais cette petite furie m'a bien amusé. Je suis sûr que lorsqu'elle est de bonne humeur, on ne doit pas s'ennuyer avec elle. Remarque, même grognon, elle est rigolote.

Ma valise approche. Je la récupère et me dirige vers le hall des arrivées. Cela fait bien deux ans que je n'ai pas mis les pieds en Norvège. Ma grand-mère, du côté paternel, habite un petit village dans les fjords. Plus jeune, nous y passions nos étés avec mon frère et ma sœur, mais ces dernières années, je n'ai pas vu le temps passer. Depuis que j'ai entrepris de reprendre une chocolaterie en plein cœur de Bayonne, je n'ai pas eu un moment à moi pour prendre des vacances. Ce voyage est d'ailleurs ce qui y ressemble le plus. Malheureusement, je ne pense pas avoir le temps d'aller jusqu'à Sæbø, chez ma grand-mère, avant de rentrer.

Je parcours les affiches des chauffeurs, mais c'est une chevelure brune parsemée de rouge que je remarque en premier. Elle attend avec un groupe. Je repère l'affichette près d'elle et y découvre mon nom. Alors comme ça, Miss Mauvaise Humeur fait partie des gagnants du concours. Les prochains mois risquent d'être mouvementés.

Je m'avance et quand nos regards se croisent, un sourire crispé étire ses lèvres.

— God morgen, jeg er Igor Hansen, dis-je dans ma langue paternelle au mec en costard sans quitter la miss des yeux.

Son regard s'éclaire un instant, juste le temps qu'elle se reprenne et détourne le sien.

— God morgen, Sir. Bien nous sommes au complet, nous allons pouvoir y aller. Bienvenue en Norvège.

Nous suivons tous l'homme en costume qui nous précède jusqu'à son van Traffic. L'air froid me fouette le visage en sortant et j'en profite pour fermer les yeux et prendre une grande goulée d'air. Même si j'ai toujours vécu en France, ce pays m'a manqué. Je suis heureux d'y revenir, d'autant plus à la période de Noël. Ce pays nordique est parfait pour ressentir la magie des fêtes et réchauffer nos cœurs.

Nous avons tous une grande valise avec nous alors que mon ex-voisine de vol se contente de son sac à main. Pour les deux mois, cela va être un peu léger. À moins que le reste de ses affaires ne soit intégré aux marchandises que nous devions tous faire parvenir par transporteur.

Après avoir déposé nos bagages dans le coffre, un couple monte au fond du véhicule ainsi qu'un des deux autres hommes. Je me retrouve de nouveau assis près de la jolie brune qui se place au milieu de la rangée située derrière le chauffeur. Une fois sur la route j'entame la conversation :

— Bonsoir, moi c'est Igor, vous êtes tous là pour le marché de Noël ?

— Bonsoir, oui voici Claire, et moi c'est Pierre. On tiendra un stand de pâtisserie et toi ?

— Ma spécialité est le chocolat.

— Hum, j'en salive déjà, répond le mec assis à l'autre bout de ma rangée. Moi c'est Romain et voici mon père François, nous vendons des objets en bois, et toi ? demande-t-il à ma voisine toujours muette.

Elle souffle un grand coup et se lance :

— Edwige, je suis là à la place de ma sœur et de son mari. Je vais proposer des spécialités savoyardes.