ALEANDRO

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J'étais d'une humeur massacrante aujourd'hui, au point que même Dae n'avait pas tenté de me taquiner ce matin, comme il le faisait tout le temps.

J'avais rejoins ma famille pour prendre mon petit-déjeuner, je m'étais préparé mon assiette puis je m'étais installé dans le balcon. Je n'avais envie de voir personne.

L'odeur de la raison de ma colère m'envahit aussi rapidement qu'elle arriva. Abbi vint me rejoindre, elle m'enjamba avant de s'asseoir sur mes genoux.

Je la regardai d'un surpris et pour cause, si ma meilleure amie était toujours à l'aise pour être sur mon dos, elle n'affrontait jamais mon regard, elle ne s'asseyait jamais face à moi.

Abbi violemment, je la sentis se raidis, c'était en général le signe qu'elle allait s'enfuir. Je me préparai donc psychologiquement à ce qu'elle le fasse mais elle bougea pas. Je demandai :

- Abbi, qu'est-ce que tu fais ?

- Je...je ne veux pas que tu me déteste, bredouilla-t-elle complètement paniquée, je ne te prends pas pour ma poupée ! Je suis désolé d'être si égoïste !

- Mybi...

Je savais que je ne savais pas me délaisser attendrir aussi facilement mais la voir aussi mal à l'aise me frustrait encore plus.

- Je...je ne sais pas pourquoi mais quand je suis...quand tu me regardes comme les autres filles...j'ai juste envie de fuir...

Je lui demandai pourquoi. Elle me regarda avec l'air innocent qu'elle affichait quand elle voulait éviter un sujet, et sa réponse me le confirma.

- Parce que !

- Qu'est-ce qui te fait peur ?

Avec Abbi, c'était comme Aria, si on insistait pas, elle ne faisait aucun effort et donnait l'impression d'être juste un garçon manqué qui ne comprenait rien à la vie.

- Je ne sais pas!

- Si tu sais, pose des mots sur ce que tu ressens !

Elle rougit, donc elle savait très bien ce que je voulais entendre, elle était juste trop mal à l'aise pour me dire à voix haute. J'attendis qu'elle se décide.

- Je...ne sais pas ! Mon cœur panique, mon corps deviens bizarre, j'ai chaud, j'ai froid et des idées bizarres me viennent en tête ! Je ne veux pas que tu me déteste Lean...

Ses yeux se remplirent de larmes, ce qui n'était jamais arrivé. Même toutes les fois où nous nous étions disputés, elle ne pleurait jamais.

Je remarquai que nos parents nous regardaient au travers de la baie vitrée, Abbi le remarqua aussi, ils firent semblant de manger.

- Jamais je ne te détesterais, lui assurai-je.

- Tu le promets ?

- Je le promets. Nous sommes ce que tu veux mybi, je suis prêt à attendre pour toi...

Et c'était vrai. C'était vrai que parfois c'était pesant de vivre l'abstinence mais de tout façon, si je décidais de passer ce cap-là, ça ne serait pas avec Abbi, jamais de la vie.

J'étais prêt à attendre, à vivre ma vie et patienter jusqu'au jour où elle voudrait autre chose que de l'amitié et si ça n'arrivait pas, je trouverais bien une autre. Enfin je l'espérais, ce n'était comme si j'étais amoureux d'Abbi depuis notre enfance.

Je me retins de soupirer, ma vie sentimentale laissait vraiment à désirer, j'étais entouré de filles qui se mettent en quatre pour moi et moi, j'étais amoureux de ma meilleure amie pour qui ne me voyait que comme une peluche.

La seule autre fille qui était capable de me détourner d'elle était Aria, une personne qui m'était si précieuse que je me refusais de tenter de la séduire. Je souris en voyant Abbi rougir, elle semblait hésitante, pour la première. Je le voyais dans son regard, elle se demandait ce que ça donnerait si nous étions que des amis.

- Mais je veux rectifier une chose, ajoutai-je en prenant une de ses mèches entre ses doigts, je ne regarderais jamais une autre que toi comme ça...

Elle ne se rendait pas compte. Les autres filles, mise à part ses sœurs, Aara et peut-être Rena étaient des amusements pour moi, elles n'avaient pas cette douce spécial qui rend unique.

- J'ai une idée bizarre, me prévint-elle.

- Quoi donc ?

Elle se pencha vers moi sous mon regard surpris et posai ses lèvres sur les miennes. Je sentis sa langue goûter le goût de mes lèvres et mes yeux devinrent fluorescents.

L'autre prit le contrôle, je résistai en le reprenant mais il tenta de nouveau, et une bataille se déclencha en moi. Il la voulait, tout de suite, maintenant, et je ne voulais pas faire les choses comme ça.

Ce n'était pas la première fois que l'on s'était embrassé. La première fois, c'était quand nous avions dix ans, le jour où on nous avait séparés.

J'avais peur de plus la revoir, elle était colère, et dans une énième dispute, j'avais pris possession de la bouche. Un baiser juvénile et mal à droit mais ça avait fait réveillé en moi des sentiments que j'avais longtemps enfuit.

Elle recula et se rendit compte qu'elle venait de franchir la limite de ce que des amis faisaient. Elle quitta aussitôt mes genoux et s'en alla en courant.

Elle passai de notre balcon à un autre et disparut. Je demeurai un moment sans bouger, trop choqué pour parler. Puis j'éclatai de rire.

Je pris mon assiette et retournai à l'intérieur, mon père ne me quittait pas des yeux, ce qui signifiait que nous allions avoir une conversation sur Abbi, chose que j'allais esquiver le plus longtemps possible parce que j'étais un gamin et papa était relou.

- C'était bon ? demanda oncle Nars.

- Eros, protesta papa d'un air agacé.

- Je parlais de son repas, dit-il avant de sourire, alors ?

- Délicieux, répondis-je avant de débarrasser mon assiette, et je ne parle pas de mon repas !

- Lean, fais gaffe, tu parle de ma fille, marmonna oncle Nate.

- C'est elle qui m'a embrassé, me défendis-je.

- Je m'en fiche, si tu reparles de ma fille comme ça, je te frappe !

- C'était un compliment, soupira-je avant de prendre une pomme.

- Lean, arrêtes ça, ordonna papa, si tu tiens à ta liberté, surveille ton language !

- Excuse-moi parrain, je ne voulais pas être irrespectueux, tu sais que je respecte Abbi, elle m'a troublé, expliquai-je avant de poser ma tête sur son épaule, tu me pardonne ?

- Comment pourrais-je resté fâché avec un si beau visage ?

Papa nous ignora oncle Nate et moi tandis que nous nous faisions des yeux doux. Après le repas, je cherchai Abbi mais impossible de la trouver...

AITHIOPIA - Candace [T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant