Vendredi 03 avril

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Leeroy

Chère Journal,

Ça fait longtemps que je n'ai pas écrit. Au moins trois semaines. Je suis désolé. Mais j'avais trop de pensée. Tout s'embrouillait dans ma tête, les couleurs n'étaient plus là et j'avais besoin de les voir. Si je ne les vois pas, mes pensées sont sombres et il ne faut pas qu'elles le soient.

Maman m'a encore parlé de ça. Je n'aurais jamais dû lui raconter ma journée la dernière fois. Maintenant elle ne fait que de m'en parler. Mais je crois que je vais finir par craquer. Je crois que finalement, j'en ai peut-être besoin. Peut-être que ça me permettra de voir les couleurs ? Je n'en sais rien.

Durant ces trois semaines, j'ai bien évidemment recommencé. Je n'ai pas réussi à me retenir. Mes pensées le voulaient. Elles voulaient que je le fasse. Et puis, je me disais que si je le faisais, je reverrais les couleurs ? Mais ça n'a pas fonctionné. Je n'ai pas mangé depuis trois jours. Maman dit que je maigris à vue d'oeil que selon elle je me laisse mourir. Comme d'habitude, elle s'inquiète. Et j'en ai marre.

MARRE. MARRE. MARRE. MARRE. MARRE. MARRE. MARRE. MARRE. MARRE. MARRE.

Pourquoi faut-il que je sois comme ça quand je suis seul ? Alors que quand je suis au lycée, tout redevient normal. Comme si rien de tout ça n'avait existé. Mon alter ego se réveille quand je suis seul. Dans le noir. Dans ma chambre. Quand tout est silencieux. Quand il sait que maman dort. Moi, je n'arrive pas à dormir.

À chaque fois que je ferme les yeux, je le revois. Je nous revois. Et ça fait beaucoup trop mal, j'aimerais l'oublier, car les images sont trop... Trop sombres. Il y a trop de noirceur quand je ferme les yeux. Quand je pense à nous. Parce que tout ça n'existe plus et n'existera plus jamais. Je ne pourrais plus avoir de couleur en voyant ces souvenirs.

Je déteste ce mot. Souvenirs. Je ne veux pas avoir de souvenirs, je veux pouvoir vivre et revivre chaque moment de ma vie. Mais maintenant, c'est la seule chose qui me permet de m'accrocher. Et puis si je le rejoins, jamais il ne voudra de moi. Tout est de ma faute. Ils ont raison. Papa à raison. Je suis un danger ambulant.

J'appellerai peut-être.

À bientôt.

- Leeroy.

I'm Leeroy ! [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant