Chapitre 7

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- Comment s'est passé votre rendez-vous avec votre mère ?

- Comme d'habitude. Elle ne va pas abandonner.

Soyeon reposa le dossier qu'elle venait de terminer et regarda attentivement son secrétaire. Réfléchissant, elle enleva ses lunettes de repos et s'enfonça dans son siège, sans lâcher Hyunsik des yeux.

- Quoi ?

- Assistant Choi.

- Madame la directrice, grimaça-t-il aimablement.

- Tu voudrais pas être mon petit-ami.

- Quoi ? Pourquoi moi ?

- Tu es la personne que je voie le plus. On se connait depuis le lycée, commença-t-elle à compter, tu es mon secrétaire, on s'entend très bien, tu es plutôt bien bâti, ma mère te connaît, je ne vois que du positif. Pour toi, tu serais avec ta directrice, côté salaire, on est bon, et tu m'aurais. Ça, ce n'est pas négligeable. Alors ?

Le secrétaire secoua sa tête, espérant se réveiller.

- Tu n'es pas un peu folle des fois ? Ça pourrait être considéré comme du harcèlement sexuel à ce rythme !

- Eh ! Tu es au boulot, il est où le formel ? Et le « vous » ? Et ça m'étonnerait pour le harcélement. Personne ne croirait qu'une femme harcèle un homme. Revoit toutes les affaires du journal. C'est toujours les femmes harcelées et violentées qui sont mises en avant. Tu ne verras jamais un homme dans ce cas-là avoir une place importante. Sauf si on mélange les rôles.

- Les femmes sont effrayantes, soupira son ami.

Affichant un sourire victorieux, la jeune femme s'accouda à son bureau.

- Alors ?

- c'est non. Cite-moi un exemple où les rôles ont été mélangés.

- Tu te rappelles, il y a un ou deux ans, je ne sais plus, il y a eu une affaire assez importante en France.

- De quoi ? Les « Gilets jaunes » ? Quel rapport ?

La jeune directrice claqua sa langue contre ses dents, regardant son secrétaire de bas en haut.

- Comment as-tu pu être à une place aussi importante avec ces compétences. Il y a eu une joggeuse retrouvée morte. C'était assez morbide la scène à ce qu'il parait. L'homme a tué sa femme. C'est passé pour un féminicide. Sauf qu'il semblerait que l'homme est été abusé mentalement par elle. Que croit-il qu'il se soit passé ?

- L'affaire a été classée comme un homicide, puisque la femme n'était pas victime d'abus, mais coupable. Après tout, l'homme semblerait l'avoir tué pour se libérer de son emprise.

- Faux. Les féministes ont tellement rabachées la presse avec un féminicide. Pour l'instant, le fait que ce soit l'homme qui ait été victime de violence conjugale, n'est que spéculations et rumeurs.

- Mais ce sont des rumeurs.

- Crois-tu qu'une rumeur vienne de nulle part ? Je la trouve assez plausible pour ma part. Tu as entendu parler de minorité active ?

- Des minorités actives et inactives maintenant.

- C'en est un exemple. Ici, la minorité active seraient les femmes victimes, dont la cause est portée par des féministes assez virulentes et quelques peu dangereuses si tu veux mon avis. La minorité inactive serait les hommes victimes. Personne ne porte leur cause, et ils se taisent par honte devant la société. Après tout, l'image de sexe fort et sexe faible est encore assez présent dans la société mondiale. Réfléchis-y à ces minorités. Et pas seulement pour le féminisme.

- Je vais y réfléchir. Heureusement pour toi qu'il n'y a pas de journalistes.

- C'est justement parce que nous sommes tous les deux, et que je sais que tu comprendras ce que je veux dire, sans malentendu. Et même s'il y avait un malentendu, tu m'aurais laissé m'expliquer. Notre société s'emprisonne dans des malentendus, qui engendrent d'autre malentendus. Au final, les gens se taisent, car ils ont peur de créer un malentendu, qu'ils n'auront aucune chance d'expliquer. Les gens deviennent prisonniers d'une pensée et ou d'étiquettes à partir du moment où ils dérogent à cette pensée ne serait-ce qu'une seconde. Revenons à notre mise en couple. Alors ?

- Tu m'en vois navré, mais je vais être obligé de décliner.

- Tu peux revenir quand tu veux sur ta décision. Je suis assez libre là-dessus, je ne t'en tiendrais pas rigueur.

- Madame la directrice est trop bonne. Puis-je maintenant retourner à mon bureau?

La jeune femme en question remit ses lunettes et se pencha sur un nouveau dossier.

- Tu peux.

Du coin de l'œil elle observa la porte se refermer. Elle s'enfonça brusquement dans son fauteuil en enlevant ses lunettes.

- Aish, je me suis peut-être trop emportée. Qu'est-ce qu'il m'a pris de parler société ? Même s'il fallait bien que ça sorte un jour, je n'aurais pas pu le sortir quand il n'y avait personne ? Avec des mots qui prêtent moins à sous-entendus et malentendus ? Aish ! Je sais pas ! Ce n'est pas parce que c'est un ami que ça passe, ça se trouve, il y a un malentendu maintenant, mais il ne me questionnera pas pour me demander d'où je tiens ça et pourquoi. Aish ! Société de merde où les gens ne peuvent plus penser de façon différentes, même si on arrive au même résultat.

Après un instant sans cligner des yeux, où la jeune femme réalisait sa conversation, elle se secoua et se remit au travail.

Le soir, rentrant chez elle, aussitôt après sa tisane habituelle, elle s'avachit sur son lit ne pensant rien. Enfin, c'est ce qu'elle aurait souhaité.

- Aish, Soyeon, avant et maintenant, tu es toujours aussi stupide. Toi aussi tu te fais entraîner dans cet engrenage vicieux. Argh, je déteste ma vie, je déteste ma société. On partait sur un bon chemin pourtant. N'y pense plus Yeonie.

Le lendemain, lorsqu'elle retourna à son travail, elle fut accueillie dans son bureau par le projet « Be » et tous ceux qui la composait. S'installant en bout de table, la jeune femme se préparait à clore les préparatifs du projet. Pendant que son équipe, et celle de la BigHit énonçaient leurs accords, Hwang Soyeon se sentait observée. Non, plutôt fixée. Légèrement incommodée, elle tenta d'oublier ce fait mais les regards étaient bien trop lourds. Mine de rien, elle fit le tour de la table. Dès que son regard tomba sur celui de Namjoon, celui-ci baissa sa tête et en passant sa main sous son nez par habitude. Lorsqu'elle tomba sur celui du plus âgé, celui-ci eut un léger sursaut et ses yeux se reportèrent sur quelqu'un d'autre, ses joues rosissant très légèrement.















*        *     *    *   *

Je comprend qu'un certain passage dans ce chapitre puisse causer problème. Quoiqu'il en soit, je suis ouverte à la discussion concernant l'opinion de Soyeon, qui est à peu de choses près ma propre opinion. J'aimerais simplement faire passer un message : ne laisser jamais un malentendu se créer parce que vous n'arrivez pas à comprendre ce que votre interlocuteur à tenter de faire passer par son opinion. N'oubliez pas, le langage sert à communiquer (certainement pas à insulter menacer...) et quelque fois, le langage nous trahit quand il s'agit de traduire sa pensée ou ses sentiments (merci les cours de HLP).

Et sinon, qu'avez-vous pensé de ce chapitre?

Que va-t-il se passer ensuite, à votre avis?

Bon retour, Hwang Soyeon !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant