Chapitre 19

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Soyeon était désormais en face de sa mère. Ou plutôt, on aurait presque l'impression que sa mère comparaissait devant elle, si on ne se fiait qu'à son regard.

- C'est quoi cette histoire où tu téléphones aux gens pour porter plainte contre « Que sont-ils devenus » ?

La mère célibataire posa sa tasse, regardant sa fille sérieusement.

- C'est très simple, je l'ai fait parce que beaucoup de personnes ont besoin d'être poussés par les autres, sans se retrouver seuls. Et je n'en ai pourtant contacté qu'une vingtaine. Les autres sont venus et se sont manifestés en les voyant bouger.

- Tu as contacté Ri ah ?

- Bien sûr que non ! Si je la contactais moi-même, elle penserait qu'il y a anguille sous roche et s'empresserait de vouloir te retrouver. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle a tenté de m'appeler.

- Et alors ?

- Et alors elle est tombée sur la mère de Kang ChinHae. Qui est par la même occasion à l'origine de cette idée.

En voyant le regard surprit et interrogateur de sa fille, la quarantenaire soupira.

- La mère de ChinHae est devenue une très bonne amie depuis notre rencontre, en même temps que la vôtre. Et, c'est aussi une femme d'affaire qui n'a pas envie d'avoir un buzz qui ramène des gens en blocus devant son entreprise, surtout si la concernée ne veut pas être reconnue. Autant utiliser mon nom et les personnes mises à mal par l'émission. Les gens se retourneront contre elle, puisqu'elle dévoile aussi pas mal de faux, fondé sur du sable.

- Et si ils répliquent ?

- Avec quoi voudrais-tu qu'ils répliquent ? Qu'ils insistent sur leur mensonge --qui soit dit-en-passant, est vrai pour une fois bien qu'on se demande comment ils ont eu l'information— de tu es l'actrice ? Comment ? Ils n'ont aucune autre information. Et ils ne peuvent pas répondre à toutes ces personnes qui s'insurgent.

- Et si... Ils découvraient... ça ?

- Ca quoi ? Soit précise Soyeon !

- Et si en réponse, ils choisissaient de me rechasser, ou de dévoiler ça ?

- Pourquoi te rechasserait-il, même ton ancienne agence ne sait pas où tu es, donc, la taupe non plus. Et puis, qu'entends-tu par... Oh... tu parles de ça.... Il n'y a pas d'inquiétude Yeonie. Nous avons été très prudentes. Même ta tante ne le sait pas.

Cette fois, c'est Soyeon qui soupira. Il n'y avait peut-être pas à être aussi inquiète. Et peut-être, qu'il fallait qu'elle se repose et se calme.

- Maman, je vais me reposer. Je crois que j'en ai besoin.

Sa mère hocha la tête avec un sourire, et se concentra sur sa tasse. Et alors que Soyeon récupérait sa veste, elle la regarda de nouveau.

- Yeonie... D'un certain côté, s'ils le découvrent, j'en saurais peut-être la cause. Mais je préférerais que ce soit toi qui me le dise. Je sais que je peux attendre que tu me le dises. Et je le dois. Mais en tant que mère qui a vu sa fille se détruire, j'aimerais toujours en connaître la cause, et s'il le faut, la venger.

Soyeon baissa la tête et resta là quelques secondes. Puis, sans un mot, elle s'en alla.

- Allô Yung-jae ?

- Salut Poulette ! ça roule ?

- Je peux passer cinq minutes à ton cabinet ?

- Alors attends... Non, tu ne peux pas, j'ai un trou de trente minutes et je refuse de te refuser. T'arri...

La directrice coupa l'appel avec un demi sourire, et se dépêcha d'entrer dans la clinique devant laquelle elle était déjà. Par la petite fenêtre, elle vérifia bien que personne n'était avec son ami, avant d'entrer en ouvrant bien la porte. Yung-jae sursauta, ne s'attendant, d'une part, pas à son arrivée aussi tôt, et d'autre part, pas à ce style d'entrée là pour tout de suite.

- Yah ! Tu pourrais pas changer ta manie de raccrocher une fois que tu as eu ce que tu voulais ? Et tu pourrais pas faire une entrée plus paisible ? On dirait Hyunsik ! Qu'est-ce tu veux ?

- Parler.

Soyeon s'installa sur l'un des fauteuils de son cabinet, attendant qu'il la rejoigne. Ce qu'il fit, abandonnant son bureau, son calepin et son stylo. Il savait que chaque fois que son amie venait le voir comme ça, c'est qu'elle souhaitait lui parler de quelque chose. Mais il savait très bien que la jeune femme ne venait pas là pour une consultation. Et cela le flattait, que malgré le tempérament qu'il avait une fois hors de sa salle de consultation, son amie vienne toujours le voir. Ce qui n'était pas les cas du reste de leur petit groupe disant « je ne ferais jamais confiance à un psychiatre comme toi Yungjae. Pas sérieux pour deux sous ». A vrai dire, si lui savait que Soyeon venait pour libérer son mental, Soyeon savait qu'il le savait. Mais tous deux ne le disaient pas. C'était en quelque sorte une sorte de contrat tacite.

- Je t'écoute ma chère amie. Si tu as des problèmes avec l'homme de ta vie, je pense pouvoir faire quelque chose.

- C'est une femme.

- Eh bien je ne te juge pas. Tous les goûts sont dans la nature. Si tu venais pour ça, c'est bon, c'est réglé. Ça fera 1000 euros.

Les deux amis rirent, cassant le reste de mal être de Soyeon. Cette dernière commença à réfléchir à ce qu'elle pourrait dire, de manière masquée, sans qu'il ne puisse rien deviner de plus.

- Je pense que je commence à devenir stressée. Et peut-être un peu parano...

Les deux amis parlèrent pendant un bon quart d'heure, soulageant l'état de la jeune femme, et renforçant leurs liens amicaux par une discussion plus joyeuse. Dès que la porte se referma derrière elle, Yungjae éteignit l'enregistreur vocal de son téléphone et retourna à son bureau. Ayant une bonne mémoire, il prit une feuille vierge et y nota ses conclusions sur la fausse séance. Ensuite, il écouta les anciennes séances pour mieux réfléchir. Il ne cherchait pas à connaître ce qu'il s'était passé par lui-même. Simplement, il voulait tenter d'apporter un traitement plus adapté en fonction de son état d'esprit. Et tout cela le menait, bien malgré lui, à quelques suppositions sur son amie de lycée.

Bon retour, Hwang Soyeon !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant