Chapitre 54

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La jeune femme jouait pensivement avec son stylo, assise à son bureau, le regard dans le vide. Elle réfléchissait. Cela faisait une semaine que sa mère était alitée et que les présentations officielles avec Seokjin avaient été faites. Officieuses aussi puisque à la demande de la malade Madame Kang lui avait amené les futurs beaux-parents de sa fille. YoungNae voulait s'excuser de ne pouvoir être là lorsque tous les deux décideront de s'unir définitivement et de leur laisser s'en occuper seule. Tout cela avait bien sûr été fait en cachette de Soyeon. Pour en revenir à celle-ci, elle pensait à ce qu'elle devait faire. Elle se disait que sa mère avait le droit de savoir mais elle se disait en même temps qu'elle ne voulait rien lui dire. Dans les deux cas, elle savait que sa mère ne pourrait pas partir en paix. Et elle, elle avait besoin de force. Cela la fit penser au message de YunJae qu'elle n'avait pas ouvert. A vrai dire, c'était une vidéo, de qui, elle ne savait pas trop, un auteur selon elle, mais elle ne savait rien de plus. Il la lui avait envoyée sans contexte. En fait, cela ne venait pas de l'initiative directe du psychologue. C'était plus le regroupement de sa pensée commune avec Seokjin et l'acteur Nam, mais cela, on ne le dira pas. Le premier avait bien vu que quelque chose la taraudait depuis la première visite à l'hôpital et le second avec le spécialiste étaient arrivé à la conclusion que ce qui bloquait la PDG maintenant, ce n'était qu'elle-même. Elle devait franchir le pas final, l'étape la plus importante et sans doute la plus difficile. Parler. Cela signifierait aussi qu'elle se sentirait légitime en reconnaissant son traumatisme et s'en libérera entièrement, ou presque.

Soyeon, n'ayant rien à faire mais souhaitant s'occuper, décida qu'il était temps pour elle de regarder cette vidéo. Ce n'était qu'une petite dizaine de minutes, pas grand-chose, pourtant, un nœud c'était comme dénoué. Ce sac fragile et prêt à craquer ne s'était pas déchiré. Ou si, mais peut-être dans les meilleures conditions possibles. Toutes ces larmes qu'elle n'avait pu laisser couler sortaient désormais à flot de ses deux yeux, sans que cela ne donne l'impression que cela s'arrêtera. Tout son stock devait être écoulé. Son secrétaire –détenteur du record de durée à ses côtés depuis Hyunsik— entra un dossier dans les bras. Il ressortit bien vite, se disant que ce n'était pas si urgent que cela. Il bloqua ensuite l'entrée aux employés qui avaient besoin de la voir, prétextant un rendez-vous important, indiquant de lui confier ce qu'ils voulaient.

C'est en pleurs qu'elle décrocha l'appel de Seokjin. Ce dernier raccrocha aussitôt, s'excusa auprès de son groupe et du staff et couru vers sa voiture. Il n'alla pas en-dessous des limites de vitesses, restant malgré tout prudent, évitant les feux rouges ou les embouteillages par d'autres chemins. Une dizaine de minutes plus tard, il débarqua devant le secrétaire de Soyeon. Ce dernier tenta bien entendu de le prévenir mais le chanteur avait déjà ouvert la porte du bureau. Il la referma derrière lui après un instant à rester dans l'embrasure, l'observant. Il avança doucement, déménageant l'un des fauteuils devant le bureau à côté de celui de sa petite-amie. Tout aussi doucement et attentivement il s'installa et la tira dans ses bras. Sans rien dire. La jeune femme se laissa aller contre lui, répondant à son étreinte. Ils restèrent comme cela un bon moment, le silence troublé uniquement par les reniflements de l'une.

— Jin ?

— Oui ?

— Est-ce que... on peut aller voir ma mère ? Tous les deux.

— Maintenant ?

— Si possible.

— Il lui est arrivé quelque chose ?

— Pas à elle.

— Tu veux m'en parler ?

— Pas tout de suite je pense. Mais j'ai besoin de ta force.

Jin acquiesça. Doucement, il posa un baiser sur sa tête pendant qu'elle exerçait une pression un peu plus forte autour de son torse. Ils se levèrent ensuite, séchèrent les larmes de Soyeon, lui redonnèrent meilleure mine et sortirent du bureau. Seokjin avait son bras dans le dos de sa femme, comme un cocon de protection. Cependant, il se détacha, lui indiquant d'appeler l'ascenseur. Rapidement, il retourna sur ses pas pour s'adresser au secrétaire. Il lui indiqua de repousser si possible les rendez-vous s'il y en avait et de lui envoyer le nouvel emploi du temps de la journée. Ensuite, il appela rapidement Namjoon, lui indiquant qu'il était dans une situation d'urgence et qu'il ne savait pas quand il serait de nouveaux disponible. Namjoon ne dit rien, mais il se promit de toucher un mot à son ami à propos de la jeune femme et de son absence pour le tournage de cette émission. Il courut ensuite jusqu'à Soyeon qui retenait les portes de l'ascenseur.

— Excuse-moi, j'avais quelque chose à régler.

— Tu avais du travail ?

— Du tout, mentit-il. Mais Seokjung voulait que je teste ses nouveaux plats. Je pense qu'il pourra rapidement trouver un autre goûteur.

— Je vois. Je lui dirais qu'il doit désormais te partager avec moi, sourit-elle.

Seokjin sourit aussi en voyant ce visage de nouveau lumineux. Avant de relever quelque chose.

— Tu comptes lui annoncer que nous sommes en couple ? Déjà ? Tu sais que c'est la famille ça !

— Oui, mais c'est un ami pour moi. Et mon cavalier.

— Comment ça ton...

Jin soupira en se souvenant du service qu'il avait demandé à son frère.

— Passons, reprit-il, tu en es sûre ?

— De lui dire ? Pas tout de suite cependant, mais il faut bien qu'il sache qu'il ne peut pas compter sur toi sur tous tes temps libres. Et puis, il saura garder le secret. Je pense ? hésita-t-elle sur la fin de sa tirade.

Seokjin ne dit rien, il rosissait légèrement, il avait arrêté d'écouter à « tous tes temps libres ». D'une certaine manière, la jeune femme avait marqué sa possession sur lui et cela ne pouvait que lui faire plaisir. Il pouvait bien attendre trente ans maintenant que Soyeon accepte de se présenter officiellement comme sa petite-amie à ses parents. Cela ne lui faisait plus rien puisqu'il se sentait entièrement accepté et à elle. Comme réponse, il glissa seulement sa main dans la sienne et ils marchèrent ainsi jusqu'à sa voiture. Plus tranquillement qu'à l'aller, Seokjin conduisit vers leur destination. Quelques temps plus tard, le couple arrivait à l'hôpital. Soyeon avait bien vérifié la couverture de Seokjin avant de l'autoriser à la suivre jusqu'à la chambre de sa mère. Plus ils s'en approchaient, et plus le jeune homme sentait la pression qu'exerçait Soyeon sur sa main grandir. Avant qu'elle ne frappe à la porte, il l'emmena entre ses bras, lui transmettant toute la force dont elle avait besoin. C'est à regret qu'elle se détacha quelques secondes à peine, mais le remercia en baissant son masque et l'embrassant. Puisqu'il n'y avait personne dans les couloirs, elle en profitait un peu. Puis, elle entra avec l'approbation de sa mère, ne s'attendant pas à une visite à cette heure-ci de l'après-midi. Heureuse, elle l'accueillit mais elle ne le restera pas longtemps. Jin restait derrière la porte, sentant que c'était quelque chose qui devait d'abord être dit entre une fille et sa mère. Il attendrait à son tour qu'elle lui fasse suffisament confiance et qu'elle soit suffisament forte pour le lui dire.

Bon retour, Hwang Soyeon !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant