Chapitre 7

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Pdv Lindsay :

Nous marchons dans la forêt, suivant je ne sais quelle direction, Peter en tête. Je suis juste derrière lui, puis viennent Susan et Lucy. Anne marche quelques pas derrière elles avec Edmund, Trompillon à côté d'eux. J'ai l'impression que ça fait des heures qu'on est là.

-Je ne me souviens pas de ce chemin, déclare Susan.

-Moi non plus, ajoute Anne.

À vrai dire, moi non plus je ne m'en souviens pas, mais je fais confiance à Peter.

-Je ne sais pas ce qu'il y a dans la tête des filles, mais il n'y a pas de carte.

-C'est sûrement parce qu'on a la tête bien remplie, lui répond Lucy.

Nous sourions tous, à part Peter, et Trompillon qui ne sourit jamais.

-Si il avait écouté le C.P.A, on n'en serait pas là, se plaint Susan.

-Le C.P.A ? interroge Edmund.

Je pouffe, connaissant déjà la réponse.

-Cher Petit Ami, explique Lucy.

-Oh, j'trouve pas ça très glorieux comme surnom, répond le concerné.

Nous continuons à marcher jusqu'à des rochers.

-Je n'suis pas perdu, se murmure Peter.

-Non, vous allez seulement dans la mauvaise direction.

-Vous dîtes avoir vu Caspian dans les bois de la peur, et le moyen le plus rapide d'y aller est de traverser la rivière.

-Mais à moins que je me trompe, il est impossible de traverser par ici.

-Eh bien, tout s'explique : vous vous trompez.

Il fait demi-tour.

-Peter, on ferait mieux de l'écouter, conseille Anne. On s'est absentés pendant plus de mille ans, il connaît mieux Narnia que nous à présent. Peter. Peter !

Mais il fait la sourde oreille et continue à avancer. Nous la regardons tous tandis qu'elle pousse un long soupir.

-Je savais que ça pouvait mal tourner, souffle-t-elle. Ça a mal tourné.

J'échange un regard avec les filles, elles non plus ne comprennent pas, contrairement à Edmund. Anne lève son regard vers ce dernier, il grimace et hausse les épaules. Elle prend sa main et ils suivent Peter. Nous leur emboîtons le pas.

C'est qu'ils sont mignons à avoir accidentellement choisi des vêtements du même bleu. Parfois je leur envie cette relation ; ils s'aiment, ça saute aux yeux, et ils n'ont pas peur de se le montrer. J'aimerais que Peter me regarde comme Edmund la regarde, qu'il m'embrasse comme il l'embrasse. Arrêter de me persuader que je n'éprouve rien pour Peter n'a fait que me rendre encore plus jalouse de la relation d'Edmund et Anne. Je soupire, je dois penser à autre chose ou je vais déprimer. Je détourne mon regard de leurs mains liées et remarque que l'aîné des Pevensie s'est arrêté. Nous nous approchons de lui et regardons ce qui attire son attention. Devant nous se trouve un précipice au fond duquel s'écoule une rivière. On est bloqué.

-Eh oui, commence Susan. Avec le temps l'eau provoque l'érosion des roches, elle creuse en profon...

-Oh, tais-toi.

-Peter, le rappelle à l'ordre ma petite sœur.

-Y'a un moyen de descendre ? questionne Edmund.

-Oui, en tombant, répond le nain.

-Plus sérieusement, je le réprimande.

-Nous n'étions pas perdu, en tout cas, se défend Peter recevant ainsi un regard noir de Anne.

-Il y a un gué, près de Béruna, propose le C.P.A. Il faut aimer nager.

-Je préfère nager que marcher.

-Facile pour toi Susan, tu as gagné des prix à l'école, je rétorque alors que nous repartons.

Lucy reste un peu en retrait, Anne pose sa main sur son épaule pour l'encourager à nous suivre.

-Aslan ? C'est Aslan, là-bas ! s'exclame la plus jeune. Regardez, il est là.

Je suis son regard, mais ne vois rien. Anne, elle, reste silencieusement fixée sur le point désigné par Lucy.

-Aslan, répète la plus jeune, déçue qu'il ne soit plus là.

-Vous le voyez, vous ? nous demande Trompillon.

-Je ne suis pas folle, il était là, il voulait même qu'on le suive.

-Je suis sûr qu'il y a énormément de lions dans ces bois, comme l'ours ce matin, lui explique Peter.

-Je ne savais pas que les lions sauvages vivaient dans ce genre de forêt, dit Anne. Il était là, Peter, j'ai à peine eu le temps de le voir, mais c'était bien lui.

-Je saurais reconnaître Aslan entre mille, ajoute Lucy.

-Personnellement, je ne m'imagine pas sauter d'une falaise pour retrouver un lion invisible, réplique le C.P.A.

-La dernière fois que j'ai refusé de croire Lucy, je reconnais que je me suis senti bête, avoue Edmund. Et si Anne dit aussi l'avoir vu...

Les deux filles lui sourient. Sa petite-amie s'approche de lui et dépose un baiser sur sa joue. Edmund a raison, douter de Lucy est une chose stupide, mais pour moi, sa grande-sœur, douter de Anne l'est encore plus.

-Pourquoi ne l'ai-je pas vu ? demande Peter à sa sœur.

-Parce que tu n'as pas dû regarder.

-Je suis désolé Lucy.

Il part avec Trompillon et Susan. Je lui attrape le poignet pour le forcer à me faire face.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Edmund a raison, on s'est tous senti bête de ne pas avoir cru Lucy la première fois. Après, si tu ne veux pas la croire cette fois-ci non plus, libre à toi. Mais douter de ma sœur...

-Tu nous fais perdre du temps Lindsay, dit-il en repartant avec les deux autres.

-Elle a vécu quarante-cinq ans en tout à Narnia, elle a vu Aslan plus souvent que n'importe lequel d'entre nous, on peut être sûr qu'elle ne se trompe pas. Si elle dit l'avoir vu, c'est qu'il était là. Peter, ne fais pas semblant de ne pas m'entendre. Peter !

-Tu auras essayé... Si même Lucy ne le convainc pas, personne ne le peut, me rassure Edmund.

-C'est ce que j'avais prévu, il a appris à avoir confiance en lui, quitte à en oublier de faire confiance aux autres, nous avoue tristement Anne.

Lucy regarde une dernière fois la falaise en face de nous, puis se retourne. Edmund lui fait signe de suivre Peter. Je pars quand elle passe à côté de moi et pose une main sur son épaule pour lui signifier mon soutien. Les deux bruns ferment la marche.

L'Ancienne Reine : I'll come backOù les histoires vivent. Découvrez maintenant