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Comment pourrais-je bien l'expliquer ?

Dans la vie, je suis loin d'être le genre de fille qui veut prendre de la place. Je mène ma petite vie, tranquille, sans jamais ne rien vouloir rien demander à personne. Et, dans la mesure du possible, j'essaie de venir en aide aux gens qui m'entourent. C'est dans ma nature, je suis comme ça. Les conflits c'est très peu pour moi. Si je peux les éviter ça fait de moi une personne heureuse. Quand le ton monte, je me sens anxieuse. Je préfère de loin supporter des situations déplaisantes jusqu'à en imploser, plutôt que de créer un raz-de-marée. C'est parce que, souvent, je sais qu'affronter mes démons ne causera plus que de mal que de bien, qu'au fond, ça ne changera rien à ma situation. Je pourrais accepter qu'on me reproche que, pour cette raison, mes paroles peuvent parfois sonner fausses. Mais peut-on m'en vouloir de simplement me protéger ? Ça, je ne croirais pas.

Tu ne vas pas. Je te demande ce qui ne va pas. Tu me dis que tu ne veux pas en parler. Je respecte ta décision, mais te rappelle que je suis là pour toi.

Puis, tu me reproches de ne jamais insister...

Je peux endurer beaucoup de choses, mais, après un certain point, ça devient trop.

Tu peux me reprocher de ne pas faire assez d'effort pour sauver notre amitié, au fond, je sais c'est pour toi que je n'en fais pas assez. Moi, là-dedans, comment je me sens, ce n'est pas important. Ça ne l'a jamais été pour toi. Avec le temps, j'ai fini par comprendre que tu me croyais à ton service. Ça m'en a pris du temps pour le réaliser. Pendant tellement longtemps, j'ai été naïve. J'ai passé des nuits entières à tenter de te réconforter pour tous tes problèmes. À noter que c'était toujours en vain. Toutes ces nuits passées à te remonter le moral, pour rien. J'ai parfois l'impression que tu ne fais que t'attirer des problèmes, que tu cherches à te sentir mal et surtout que tu ne fais rien pour aller mieux.

C'est un peu contradictoire de ma part, je sais ; je suis la première à prôner l'importance de la santé mentale, mais là c'est la mienne qui en prend un coup.

Mais le problème, ce n'est pas que ça !

Tu me reproches de ne pas me confier à toi, de me renfermer sur mes émotions, d'avoir changé. Pour ça tu as raison. J'ai toujours eu de la difficulté à me confier aux gens. Ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas parce que je ne te fais pas confiance, c'est parce que je suis faite ainsi. Oui j'ai changé. Je vieillis, je deviens plus mature, mais, surtout, je m'affirme plus. Je ne me laisse plus, enfin, moins, marcher sur les pieds. Alors, si je résume bien, tu me reproches de ne pas te sentir importante dans ma vie parce que je n'ose pas me confier à toi. C'est bien ça ? Et après, tu as le culot de te demander pourquoi je n'ose pas me confier à toi ? De toute façon, pour les fois où je t'ai confié mes peurs, c'est toujours à toi qu'on revenait, parce que tes problèmes étaient toujours plus gros que les miens.

Oui, peut-être que je fais parfois des tempêtes dans un verre d'eau, mais là il faut que je pense à moi. Je suis prête à accepter mes torts, parce que je sais qu'il m'arrive de faire des erreurs. Mais tout tes maux ne peuvent atterrir sur mes épaules. Je n'ai pas la force. Je n'ai plus la force. Je l'ai fait pendant tellement longtemps, trop longtemps même, et, maintenant, je peux à peine supporter les miens.

Tout ça, j'en ai marre.

Marre d'être la marionnette de tous tes problèmes. Marre que mes efforts soient toujours en vain. Marre que tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez. Marre que ce soit toujours moi qui finisse par m'excuser, pour que la boucle recommence encore une fois.

Ce qui me rend triste, c'est que personne dans notre entourage semble s'en rendre compte. Pas seulement de l'enfer que tu me fais vivre, mais comment tu les traites aussi (à un autre niveau, parce que c'est moi ta meilleure amie). Tout t'est pardonné parce que tu as un fort caractère, parce que tu parles plus fort que tout le monde. Tu es comme ça c'est tout.

J'ai peur de toi.

À chaque fois que les enseignants annoncent des travaux d'équipe, j'ai le cœur qui accélère et les mains qui deviennent moites. Je sais que l'on va devoir travailler ensemble, on est toujours ensemble. Je sais aussi que je vais tenter de te faire la conversation, pour que le travaille avance, alors que tu vas me répondre de ton ton le plus sec, entre deux rires avec l'équipe d'à côté. Je suis tannée d'être manipulée, mais rien ne peut nous séparer. Tu es une araignée et je ne suis qu'une mouche coincée dans ta toile.

HumeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant