Chapitre 13 bis

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Le jeton est inséré dans le dispositif. Les légionnaires se rapprochent. Des lumières s'allument. D'innombrables bruits de mécanismes en tout genre retentissent. Sophia, qui avait gardé son pouce posé sur le jeton de platine, enlève son doigt de la console et ne perd pas de temps de tourner la tête. Elle se cache derrière la dispositif, elle n'est pas très protégée mais cela lui permettra de gagner du temps, elle l'espère. Les légionnaires arment leurs fusils, d'après le son qu'elle peut à peine distinguer entre les bruits de mécanisme et les bruits de lumière, de machine, elle en distingue une demi-douzaine. Rien que ça. Pour une petite fille.

La petite est recroquevillée dans son coin, les yeux levés vers la gauche. La tête d'un légionnaire apparaît. Puis une deuxième. Ils pointent leurs armes sur la fillette.

Sophia ferme les yeux et baisse la tête, tremblant, transpirant, les larmes aux yeux. Les innombrables bruits du bunker l'assourdissent. Elle n'arrive plus à bouger.

Sophia sursaute et pousse un cri d'effroi. Des coups de feu retentissent à côté d'elle.

Des cris retentissent parmi tous les autres bruits.

Soudainement, les bruits s'arrêtent, ne laissant retentir qu'un seul bruit continu, le bruit d'un moteur, d'une machine, comme dans une usine.

Sophia ouvre lentement les yeux. Couverte de larmes.

Il lui faut un moment pour réaliser.

Devant elle, la fenêtre qui donnait sur les sécuritrons a été ouverte. Les sécuritrons ont armé leurs mitrailleuses. La fillette se redresse lentement, en s'aidant de la console. Ses jambes manquent de fléchir sous le poids de tous ces évènements.

Elle tourne lentement la tête vers l'entrée de la pièce et voit une bouillie de chair, de sang, de boyaux. Les légionnaires ont été décimés par les robots. Le jeton a fonctionné, il a activé l'armée de robots sous le camp de la Légion de Caesar.

Sophia tombe sur les genoux et commence à pleurer, des larmes perlent sur ses joues douces. Au bout de quelques instants, elle reprend ses esprits, essuie son visage et se mouche une dernière fois dans un mouchoir en tissu. La fillette souffle un bon coup puis récupère le jeton de platine.

La fillette passe par dessus les corps des légionnaires. Elle s'arrête un instant, puis récupère un fusil à pompe ainsi que des munitions, autant qu'elle peut en prendre. Elle récupère aussi un couteau. Elle descend les escaliers, remarquant que certaines tourelles ont été détruites.

Sa respiration devient petit à petit difficile, elle pose sa main sur son torse, respirant fortement.

Ce n'était pas à cause du stress qu'elle n'arrivait pas à respirer.

Les ventilations ont dû être coupées ...

L'endroit a dû être piégé.

La fillette commence à marcher vite dans le couloir, prenant de faibles inspirations et de petites expirations pour économiser l'air ambiant.

Elle s'empresse vers la sortie.

Le manque d'air se fait ressentir, la sortie a l'air de s'éloigner de plus en plus. Sa vue se trouble. Elle commence à retenir sa respiration et de prendre une bouffée d'air dès qu'elle le peut.

Le temps semble s'éterniser.

Elle maintient sa respiration et tente un dernier sprint vers la sortie.

La sortie apparaît devant elle, sur sa gauche.

Elle tourne sans tergiverser et emprunte la porte. Elle s'écroule soudainement après s'être pris un violent coup de crosse de fusil dans le visage. Encore.

«-Raclure. Ce bunker va exploser, et toi avec lui.» dit alors une voix malveillante.

Sophia empoigne son couteau et vient bondir aux pieds de son assaillant et finalement lui trancher le tendon d'Achille.

La forme humaine s'écroule sur la sol en hurlant de douleur. Il s'agit d'un légionnaire. Sophia vient lui planter son couteau dans la gorge. Elle lui hurle dessus et le regarde se vider de son sang. Elle se redresse difficilement, lui crachant au visage, rangeant son couteau dans sa tunique en cuir, reprenant son fusil à pompe des deux mains.

En remontant à l'entrée du bunker, elle remarque qu'un visage était apparu pendant quelques secondes sur l'écran qui se trouve à présent sur sa gauche.

Elle remonte les escaliers.

La porte d'entrée du bunker s'ouvre à son passage et la petite Sophia ressent enfin les caresses de la chaleur des rayons du soleil sur la peau de son visage.

Il n'y a plus aucun légionnaire à l'entrée du bunker, les esclaves ne se trouvent plus dans leur enclos.

Même s'il est impossible de ne pas croiser de légionnaires en chemin, elle emprunte le chemin inverse de l'allée pour sortir de cet horrible camp.

En remontant les escaliers vers la tente de Caesar, Sophia remarque qu'il n'y a aucun garde prétorien. Elle regarde droit devant elle.

Benny ! Il a réussi à s'enfuir de la tente ... mais ... comment ?

«-Vite, fillette, ramène-toi, on s'arrache !» hurle-t-il alors.

Sophia se rue vers son petit ami sans poser de questions. Elle lui adresse un sourire et ce dernier se met à courir vers l'entrée de l'enceinte. Il s'arrête après quelques instants et se place au couvert d'une petite butte.

«-Vas-y, passe devant, j'te couvre !» dit-il en sortant son flingue de sa veste.

Sophia opine et passe par la porte de la zone. Elle s'arrête brusquement lorsqu'en face d'elle, une centaine de légionnaires se dresse et arment leurs fusils.

«-Oh merde ! Prépare-toi, on va ... »

Benny se fait interrompre par un coup sec et lourd, suivi d'un craquement osseux.

La fillette retourne lentement la tête, les yeux chauds, recouverts de larmes.

Benny s'est fait transpercé au torse par une lance. Une lance qui a été lancée par nul autre que Caesar, le visage amoché, qui regarde le couple avec haine, il leur tourne le dos en direction de sa tente.

Benny s'effondre sur le sol. Sophia regarde son aman, impuissante, laissant échapper ses larmes, elle tombe sur les genoux.

Six légionnaires se montrent et se dirige vers Sophia, armés de machettes. Sophia s'empresse de prendre le pistolet de Benny et leur tire dessus. Elle tire dans la tête du premier qui était déjà parvenu à son contact, puis dans le torse du second, dans la jambe du troisième, dans le bras et la ceinture du quatrième, dans le plexus solaire du cinquième et dans l'épaule du sixième. Elle jette ensuite l'arme de Benny devant elle, empoignant son fusil à pompe, elle vient tirer dans le visage du sixième qui est parvenu à son contact. Son crâne explose.

Elle se retourne et tombe nez à nez avec un autre légionnaire qui s'apprête à la frapper avec une lame. Elle tend son canon devant elle et tire, fermant instinctivement les yeux, chutant en arrière. Le légionnaire pousse un hurlement, un bruit de gargouillis retenti et un bruit de chute.

Sophia rouvre les yeux alors que la poussière l'attaque. Le légionnaire a été éventré par la cartouche. Sophia se frotte les yeux et essaie tant bien que mal de respirer. Elle entend ensuite d'innombrables coups de feu, elle pose ses mains sur ses oreilles.

Après un instant qui lui a paru être une éternité, les bruits sourds s'arrêtent. Une figure s'approche d'elle. Elle a encore les yeux mouillés mélangés à la poussière.

La figure recharge son fusil, commençant à viser en sa direction. Il commence à tirer Sophia sursaute.

Elle ne reçoit aucune balle. 

La figure tire pendant un temps qui semble extrêmement long. Très long ... elle ne contrôle plus rien. Ses mains et ses bras tremblent. Ses jambes n'ont plus de force.

Après cette éternité, le calme plat. Un calme qui, aux oreilles de la fillette, se résume à un bruit d'acouphène continu.

Après avoir essuyé ses yeux, la figure en face d'elle lui tend sa main gauche.

«-Sortons d'ici, petite. Tu seras en sécurité.» lui dit alors Solomon.

Pour une histoire de famille...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant