The Dancing Girl Next Door

7+ Une erreur à ne pas commettre

Mon esprit n'a jamais été aussi pensif que pendant ce film. Une simple main posée sur mon ventre, un soufflé chaud sur ma nuque et je me mets à refaire le monde jusqu'à peser le pour et le contre sur un mariage avec Justin.
Comment en suis-je arrivée là ?
Tout simplement parce que je suis moi. N'ayant que peu l'occasion d'expérimenter les relations sérieuses, le désir de me projeter dépasse l'entendement.
Mon meilleur ami me désire. Mais cela peut être aussi bien profond que passager. Je ne dois donc pas m'emballer, chose que mon esprit n'a pas comprise.

Ce qui commence sur le canapé se poursuit dans la chambre, avec l'insistance du troisième partenaire pour y séjourner. Mais la succession d'arguments ne parvient pas à empêcher Derek de s'étaler sur les draps, jusqu'à occuper la majorité de l'espace. Tenir tête au grand brun est peine perdue. Sa facilité à déblatérer pour plaire ou s'écouter empêche tout débat prolifique. Je laisse donc Justin abattre ses dernières cartes tandis que je m'installe dans les zones disponibles.

— Je m'attendais à une soirée pimentée quand je me suis incrusté. Vous êtes sacrément chiants, tous les deux.
— Ça serait plus animé si tu n'y étais pas.
— Parce que tu vas me faire croire que vous auriez baisé ? Tu vas oser me dire qu'en off tu lui sors les violons et les préservatifs ? Non, Justin. Toi, t'es juste le genre de mecs à avoir trop honte pour avouer qu'il mate sa meilleure pote depuis le premier jour.

Sous ses provocations, le ton employé par le sportif me met mal à l'aise. J'y vois là une sincérité dérangeante ou un fantasme erroné. Cependant, le sourire qu'il ajoute efface les moindres interrogations et permet à notre hôte de ricaner comme s'il s'agissait d'une boutade.

— Avec Harper, on ne fera pas ce genre d'erreurs. Combien de potes ruinent leur amitié pour un coup vite fait ? Non, nous on sait se tenir. Les plans culs et couples, c'est pour un temps. Ce qu'on a, c'est pour la vie.

Le sentiment qu'il fait naître en moi repousse les quelques espoirs désignés comme idiots, mais me fait réfléchir sur la scène du fauteuil. À quoi bon rester proches au coeur d'une tension sexuelle si c'est pour entendre que rien ne se passera ?
Mon meilleur ami aperçoit certainement mes interrogations puisqu'il se précipite sur le lit pour me rapprocher de lui, tout en écrasant les cuisses du playboy au passage. Leur silhouette contraste, mon ami étant plus fin et raffiné. Justin incarne le métrosexuel qui investit dans les crèmes et épilations du torse, alors que son opposé prône le naturel et flatte ses muscles tous les matins dans le miroir.

— Tant que vous êtes ok ! Moi, ça me va, car ça me permet de garder ma petite amie. Au fait, je t'informe que nous sommes conviés à une soirée déguisée, vendredi.
— Oula. Très peu pour moi. Ce n'est pas mon délire.
— Fais pas la rabat-joie. T'auras juste à mettre un truc en cuir et un masque. On dira que tu t'es inspirée de la meuf de Christian Grey.
— Bien tenté, mais je n'ai pas ce genre d'accessoires.
— Alors, je t'emmènerai faire les boutiques.
— Mec, elle t'a dit non. Arrête d'insister.

Comme pour le défier de continuer dans son harcèlement, Justin m'attire contre lui et place le drap léger sur nos corps. Les températures en octobre chutent, la nuit, sur Vegas, sans pour autant atteindre des niveaux édifiants. Je me satisfais de cette localisation comme lieu de vie pour une chaleur sur quasiment toute l'année, que je connaissais dans ma ville originaire, Sparks. Cependant, le froid que je jette entre nous me fait regretter ma mauvaise humeur. L'inconnu est le seul responsable de mes nerfs à vif. Un effort pour participer à la vie sociale trépidante du garçon populaire ne peut pas être insurmontable.

— J'accepte à la seule condition que tu ne me laisses pas tomber, une fois sur place.
— Comme si c'était mon genre.

Le contraire serait inquiétant. L'amoureux des femmes ne peut se contenter d'une seule et unique élue, de peur de décevoir les autres. Mais ce qui est appréciable avec lui est qu'il ne donne pas de faux espoirs. Sa bonne humeur permet d'accepter qu'il est un électron libre qui butine à chaque fleur et ne trouvera certainement jamais son point d'ancrage, car il ne le souhaite pas.
Après une organisation rapide, nous finissons par plonger la chambre dans le noir afin de commencer notre nuit. Cependant, de longues et interminables minutes plus tard, seul un ronflement anime la pièce, quand ce ne sont pas ses membres qui s'étalent sur nos corps. Agacée du poids qui m'étouffe, ma première tentative consiste à pincer le peu de gras que je trouve, quand ce ne sont pas des caresses sur la plante des pieds.