2+ La danseuse et le client

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Deux heures s'offrent à nous pour vivre un désir interdit, lui à travers les yeux et moi dans la gestuelle de mon corps.
Sa main se lève pour m'indiquer de commencer la prestation. En me fixant sur le tempo de la musique, je dénoue le noeud de mon kimono et le lui tends, en veillant à bien me pencher pour qu'il admire mes seins. S'il s'y attarde quelques secondes, l'inconnu préfère récupérer le tissu, effleurant au passage mes doigts et humer mon parfum. Puis il plie correctement le vêtement, qu'il me rendra à la fin du show.
Aucun autre de mes clients n'a le luxe à cet échange, puisque le risque qu'ils l'utilisent pour se masturber est grand. Mon beau brun se montre trop imperturbable et classe pour s'adonner à de telles activités. Toutefois, la patience n'est pas ce qui le caractérise puisqu'il claque des doigts afin de me rappeler de danser.

— Ne te fais pas désirer.

Sa voix grave et ténébreuse me plonge aussitôt dans le plus sombre des cauchemars dans lequel je me laisse emporter. Je commence alors quelques mouvements de bras qui servent à mettre mon corps en valeur et lui présente ce pour quoi il paie. La musique a un rythme chaloupé, qui s'accorde parfaitement avec les pas me menant vers la barre de pole dance. Contrairement à la vulgarité diffusée en salle commune, je soupçonne Luc de choisir avec minutie les morceaux sur lesquels il rêve de me voir me déhancher.

Mes mains se posent avec minutie sur ce tube en inox et le caressent de haut en bas pour permettre à mon spectateur de se projeter dans l'ambiance. Son attention doit se concentrer sur moi pour oublier le décor de mauvais goût et l'odeur de renfermé d'une salle qui connait d'autres utilités.
Lorsque je le sens intéressé, je commence quelques figures en tournoyant malgré la faible adhérence de mon outil de travail. Mes jambes s'écartent et s'agrippent à la barre, lui offrant une vue indécente sur mon intimité à peine recouverte d'un string. Le collant m'oblige à user davantage de mes bras pour ne pas glisser, mais je parviens aisément à captiver son intention pendant les minutes qui lui servent à se détendre. Progressivement, il se rapproche du plateau et s'hydrate de ce liquide bon marché, en camouflant au mieux ses grimaces. J'ignore pour quelles raisons il ne m'empêche pas de le servir, car il est pleinement conscient de la piètre qualité de tout ce qui se trouve dans cette pièce.
Mes figures me mènent sur la moquette de l'estrade circulaire, là où tant d'autres l'ont usée. Avançant à quatre pattes vers la bordure, j'attends le dernier moment pour me retourner et lui tendre la main. L'inédit de ma demande lui fait s'interroger sur mes motivations, jusqu'à ce qu'il comprenne que je désigne son verre à moitié rempli. Penchant la tête dans le vide, je presse ma poitrine pour y verser le liquide et le voir couler sur ma peau. La fraîcheur me fait gémir, mais je suis accompagnée dans mon bruit par sa satisfaction. Pendant quelques secondes, je me demande s'il s'est réellement léché les lèvres avant de s'affaler contre son dossier, les jambes un peu plus écartées. Je n'attends pas que le Champagne colle à ma peau et glisse un doigt pour en récupérer quelques gouttes. La folie me pousse à enfreindre une première règle en le tendant vers lui. Son regard se dirige vers la porte puis la caméra, mais il n'hésite pas longtemps avant de se pencher pour glisser sa bouche autour de mon membre et le lécher goulûment. Je n'explique pas la puissance des contractions qui naissent au creux de mon intimité, me faisant craindre de jouir subitement. Je le laisse passer de long en large sa langue pour récupérer le moindre des effluves d'alcool et me convaincre des capacités que ces quelques centimètres réservent.

Lorsqu'il met à nouveau de la distance entre nous, je me redresse pour descendre de la scène et me présenter à lui. Son examen se déroule sur chaque zone de mon corps, et notamment le bracelet que je conserve, malgré les réprimandes de Luc. Je me déhanche et lui tends mon bassin pour lui rappeler le lien implicite entre le client et la danseuse. Mon revenu se base quasiment sur les pourboires, m'obligeant à sortir de ma zone de confort pour les obtenir. Celle qui ne danse pas ne peut pas survivre dans ce métier.
Le grand brun récupère dans une poche intérieure de sa veste son portefeuille et en sort deux billets de 100 dollars qu'il glisse au porte-jarretelles. Il est difficile pour moi de camoufler mon excitation, récoltant bien plus que d'habitude à cette partie du show et me congratule pour l'initiative du verre.
Je n'oublie pas les recommandations de mon patron et m'empresse de le resservir en lui tendant la coupe.

The Dancing Girl Next Door Où les histoires vivent. Découvrez maintenant