Chapitre 3.2 Pendragon ✅

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Avant de partir, Lucie m'avait adressé un regard emprunt d'inquiétude. Elle avait hésité à me serrer contre elle, mais elle s'était ravisé et c'était mieux ainsi. A côté de moi, j'entendis Aïden souffler, visiblement énervé de devoir rester seul avec moi. De toutes façons, je n'avais pas l'intention de rester assise ici et encore moins avec lui. J'empruntais le chemin opposé à celui que venait de prendre ma meilleure amie et entendis des pas dans mon dos.

— Tu peux partir si tu veux, lançai-je à Aïden sans même me retourner. 

— Lucie me tuerait si je le faisais.

Il avait raison. J'avais bien vu le fameux regard noir qu'elle lui avait lancé avant de s'en aller. C'était sa spécialité et il était à vous glacer le sang. Je n'y avais jamais eu droit, mais j'avais vu la peur s'afficher dans les yeux des gens qui rencontraient ses yeux lanceurs d'éclairs.

— Dans ce cas, ce sera notre secret.

Je me détournai de lui et de son sourire suffisant, pensant qu'il me laisserait tranquille à présent. Il n'avait qu'à faire ce qu'il voulait si cela me permettait d'être seule.

Derrière la porte que j'ouvris délicatement, une salle entièrement remplie de tableau de personnes apparut. Le sol était en velours rouge et les murs d'un blanc chaleureux agrémentés de dorures au plafond. Toutes les peintures étaient positionnées dans les mêmes cadres dorées. C'étaient tous des portraits des familles royales. 

Je m'arrêtais sur le premier tableau. C'était celui de la première famille. Dessus, on y voyait une magnifique jeune femme aux cheveux blancs. L'autre possédait des cheveux noirs. Elles se ressemblaient trait pour trait en dehors de la couleur des cheveux : étaient-ce des...

— Ce sont bien des jumelles. Tu es perspicace.

— Sors de ma tête ! 


Il ne répondit rien. Faites qu'il parte, s'il vous plaît !

— Je ne partirai pas, ça ne sert à rien d'essayer.

Je ne retins pas le soupir d'agacement qui m'échappa et tâchai de l'ignorer pour me concentrer sur l'image de la première famille. La jeune femme aux cheveux blancs paraissait d'une bonté incroyable tandis que l'autre dégageait une aura machiavélique et manipulatrice qui me fit tressaillir. Aucun nom n'était marqué, je me demandais comment elles s'appelaient. Cela n'avait aucune importance, mais cette question m'obsédait.

— Celle aux cheveux blancs, c'est Elerinna. L'autre c'est Qorwyn.

Je le maudis intérieurement. Je n'avais pas que ça à faire de m'occuper de son manque d'activité.

— Si tu t'ennuies, trouve quelqu'un d'autre à embêter et laisse-moi tranquille ! Arrête de rentrer dans ma tête et vas t'en, je ne le dirais pas à Lucie.

— Le truc, c'est que je ne rentre pas dans ta tête. Tu me hurles tes pensées au visage et je te l'ai déjà dit, ça me donne mal au crâne.

Je n'avais pas de temps à perdre à lui parler. Tout ce que je voulais, c'était qu'il s'en aille.

—Dans ce cas, pars très loin histoire de ne plus m'entendre.

J'espérais que cela ferait son petit effet au lieu de quoi, il se mit à ricaner.

— Te fous pas de moi !

— Sinon quoi ? riposta-t-il.

Sinon rien du tout, je n'allais rien faire. Au sourire qui se dessina sur son visage, je devinai qu'il l'avait lu dans ma tête. J'aurais aimé refaire surgir ce bouclier d'étoiles et de nuit, mais je n'y arrivais pas, j'avais déjà essayé plusieurs fois, rien n'y faisait.

Héritières - Tome 1 : Mystères [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant