Héritières - Tome 1 : Mystères [Terminée]

Chapitre 2.2 Une vie chamboulée ✅

L'obscurité s'étendait à perte de vue. Il n'y avait que ça, et le silence. Un silence pesant et chargé de tension. Ma chute semblait sans fin et le noir infini me tendait les bras, me priant de le rejoindre et d'y rester toute ma vie.

Au moment où je commençais à perdre tout espoir, une lueur éclaira vivement cette noirceur. Je la suivis encore et encore en remontant vers la surface jusqu'à ce qu'un faible murmure me parvienne. Peu à peu, le chuchotement indistinct devint des voix perceptibles puis des mots que je comprenais. Un nom. Le mien. On me secouai frénétiquement en m'appelant d'une voix paniquée. Mes yeux finirent par s'ouvrir et je poussai un profond soupir pour inhaler un maximum d'air, comme si j'étais restée coincée sous l'eau trop longtemps.  Des bras m'étreignirent et ses cheveux blonds me chatouillèrent le cou lorsque je serrai Lucie dans mes bras.

— Emma ! Tu vas bien ?

Des larmes de soulagement déferlèrent sur mes joues. Elle était là. J'avais juste fait un malaise et imaginé tout ce qu'il venait de se passer.

— Tu vois, Lucie. Je t'avais dit de ne pas t'inquiéter.

Mon cœur sauta un battement. Je reconnaissais cette voix, c'était celle du garçon dans mon rêve, celui qui m'avait sauvé. Je me retournais précipitamment et failli tomber du banc lorsque mes yeux rencontrèrent ce bleu caractéristique. C'était le même bleu océan, la même ardeur dans le regard que celui que j'avais croisé avant de m'évanouir. 

La certitude me submergea. C'était bel et bien lui. Mais pourquoi était-il là ? Peut-être qu'il m'avait vu m'évanouir, qu'il m'avait amené ici et que mon esprit allait imaginer le reste. Peut-être que tout s'était réellement passé mais cela semblait inimaginable. Ou alors peut-être que...

— Je suis tellement désolée...

La voix de ma meilleure amie mit fin à toutes mes hypothèses. Pourquoi donc était-elle désolée ? Qu'est-ce qu'il se passait ?

Des larmes se mirent à rouler sur ses joues qui étaient devenues livides. Tout son sang semblait avoir refluer de son visage et elle tremblait comme une feuille.

— Lucie, tu te sens bien ?

Elle ne répondit pas, elle pleurer sans s'arrêter et ses jambes finirent par se dérober sous elle. Je me précipitai vers elle, non sans avoir la tête qui tournait et m'assit à côté d'elle en lui caressant le dos pour tenter de la rassurer.

— Lulu, qu'est-ce qu'il t'arrive. C'est moi, tu peux tout me raconter.

Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, une âme désespérée et errante, comme si elle s'était perdue en chemin et qu'elle avait abandonné tout espoir de se retrouver.

— Pardonne-moi...

Elle le répétai sans cesse, encore et encore tel un mantra. Et, au fond de moi, je sus à cet instant précis que quelque chose clochait.

— Dis-moi tout de suite ce qu'il se passe, Lucie.

C'était un ordre, car elle était ma meilleure amie et que j'avais le droit de savoir, peut importe ce que c'était. J'étais en droit de connaître la vérité.

— Je... je n'y arrive... pas...

Mon sang ne fit qu'un tour et je me retournai vivement vers le garçon. Peut importe si elle ne pouvait pas m'expliquer, quelqu'un allait devoir le faire avant que je n'explose. J'avais mal à la tête à force de sentir mon sang battre dans mon corps avec une violence que je n'avais jusqu'alors jamais connue.

— Dis-moi !

Actuellement, je me fichais de ce qui allait se passer. Je voulais juste qu'on m'explique ce qu'il m'était arrivé, qu'on me rassure en me disant que rien n'était réel.Mais, à la vue de Lucie, de ce garçon bien présent à ses côtés, j'avais l'atroce pressentiment que rien ne serait plus jamais comme avant.