Héritières - Tome 1 : Mystères [Terminée]

Chapitre 5.2 Quelle est la vérité ? ✅

Je me réveillai en sursaut, trempée de sueur. Mon cri se répercutait sur les murs de ma chambre et des larmes coulaient le long de mes joues. Torvald et Annaëlle déboulèrent en trombe dans la chambre.

— Emma, ce n'était qu'un cauchemar. Tout va bien, me chuchota une douce voix féminine que je reconnaissais comme celle d'Annaëlle.

Plongeant mes yeux dans les siens, je compris que j'avais fais un cauchemar et ma bouche se referma d'elle-même.

— Suis-moi, Emma, m'intima Torvald.

Je m'exécutai,tremblante comme une feuille, revoyant cette lame d'un noir diabolique enlever la vie de ces pauvres gens. Mon tuteur me guida vers son laboratoire avant de fermer la porte derrière moi et Annaëlle. 

Des lumières fluorescentes de couleur bleues éclairaient la pièce et, à mon entrée, elles devinrent blanches. La pièce était désormais éclairée d'une telle manière qu'on aurait que plusieurs lustres étaient présents. Il y avait de nombreuses étagères avec plusieurs bocaux qui contenaient des choses diverses et variées. Au centre de la pièce trônait un grand bureau avec une table remplie d'instruments et ustensiles indéfinissables. Torvald farfouilla quelques instants dans ses étagères avant de trouver ce qu'il cherchait.

— De la fleur de rimrod. Je vais te la diluer avec de lolac. C'est l'équivalent de l'eau ici, me précisa-t-il. Tiens, bois ça. Ce remède va apaiser tes rêves et te permettre de dormir calmement. Il va mettre comme un voile sur tout ce qui te tracasse : sentiments, questions, cauchemars,...

Il me tendit un verre rempli d'un liquide de couleur bleue qui était translucide. Pendant qu'il rangeait le bocal de feuilles bleues foncées à leur place, je bus l'antidote des mes cauchemars d'une traite. Son goût était étrange : mes papilles ressentaient un goût de rose acidulée. Quand j'eus enfin avalé le liquide, je me sentis tout de suite plus calme et la scène arrêta de se rejouer sous mes yeux impuissants.

— Tu veux bien me montrer ton cauchemar ?

Je hochai la tête, vacillant un peu. Malgré tout, je sentis que la fleur de rimrod avait fait son effet car l'idée de le dévoiler à mon tuteur et de le revoir ne m'effrayait pas tant que ça.Je n'aurais pas su décrire une horreur pareil de toute manière.

— Bien, tu vas te concentrer et faire comme si tu me l'envoyais, comme un message par exemple. Rassemble tout ton rêve et projette-le vers moi.

Je m'assis sur une chaise, respirai profondément, fermai les yeux et me lançai. La scène se rejoua devant moi tandis que je la dirigeai vers l'esprit de Torvald. Quand je sentis la projection se réaliser, le chatouillement refit son apparition et je serrais les dents pour ne pas tout lâcher d'un coup. 

Le remède n'avait pas uniquement effacé mon cauchemar, il m'empêchait de ressentir quoi que ce soit et c'est le vide que je rencontrai à l'endroit où la souffrance s'était logée.

Rouvrant les yeux, je vis Torvald qui se lever. Il marchait en tanguant, peu sûr de lui, comme si ce cauchemar le hantait à son tour. Un air apeuré était gravé sur son visage et il finit par se tourner vers moi.

— C'est la première fois que tu fais ce cauchemar, Emma ?

— Non, je le fais souvent depuis mes cinq ans. C'est toujours le même mais je n'étais jamais arrivée si loin, c'est la première fois. Souvent, ça s'arrêtait au lac ou à l'arrivée du papa, voire au meurtre de celui-ci et de sa femme. Je ne t'avais jamais vu dedans non plus.

— Tu fais d'autres rêves comme ça ?

J'hésitais à lui parler de la cicatrice sur ma main, mais je finis par enlever cette idée de ma tête. Je n'en parlerai pas tant que je n'aurais pas compris ce qu'il s'était passé. Ce n'était rien de grave et il était inutile de l'inquiéter encore plus pour rien.