Les jours qui suivirent se ressemblaient tous, dodo, boulot, dodo. Les entraînements continuent, les filles s'améliorent à vue d'œil, nos prochaines compétitions sont programmées pour janvier. Apparemment elles auraient dû avoir lieu plus tôt mais il y a eu des problèmes administratifs. Mon poignet s'est totalement rétabli au bout de quelques jours, j'étais donc soulagée de pouvoir continuer les entraînements.
La plupart du temps, les jeudis soirs, Mason nous ramenait avec Marion. Vincent ne venait plus voir sa sœur, il me la confiait lorsqu'il partait du lycée. Nous nous sommes rapprochés. En globalité, j'avais tissé des liens forts avec chaque membre de la bande. Mason n'avait jamais abordé les sujets que mon cher ex-copain avait dévoilés lors de la soirée à la plage. Je savais que la discussion devait avoir lieu mais pour l'instant, je ne suis pas prête. Et nous avions pratiquement oublié le baiser.
Je suis passé à l'hôpital hier, pour voir mon frère. Les médecins m'ont expliqué qu'il n'y avait pas d'améliorations, son état s'était légèrement dégradé mais qu'ils allaient essayer un nouveau traitement. Ma mère continue de boire, mon père essayait de la maîtriser mais cela devenait de plus en plus complexe. C'est pourquoi il me laisse très facilement sortir et dormir chez Kessy, qui, elle, pense que c'était pour rattraper le temps perdu avec Ayden.
Je ne veux pas mettre mes amis au courant, Mason l'est mais fait comme si de rien n'était, et pour les autres, je ne leur dirai jamais ou quand ça se sera arrangé.
Enfin bref, aujourd'hui je n'ai rien de prévu, nous sommes dimanche. Kessy est chez ses grands-parents avec Ayden et leurs parents. Je suis enfermée dans ma chambre depuis ce matin, ma mère n'a pas encore décuvé, mais je crois bien qu'elle a ouvert une nouvelle bouteille. Je soupire à cette pensée. Je suis allongée sur mon lit avec de la musique. Je ne sais pas ce que j'attends, mais j'attends. Je vais sûrement passer ma journée au lit. Je regarde alors par la fenêtre de ma chambre et une idée me vient. J'enfile un legging, une brassière, un t-shirt et ma veste de handball que Mathilde nous a remis il y a quelques jours et prends mes baskets.
Je sors de ma chambre après avoir mis mes écouteurs dans mes oreilles et mon téléphone dans ma poche. Je prends mon portefeuille et mets le nez dehors.
Je me mets à courir, mes cheveux se balancent derrière moi. L'air frais de la fin novembre s'infiltre dans mes vêtements. Je frissonne mais je continue mon jogging. Il y a bien longtemps que je n'ai pas fait ça : partir sans personne, juste avec moi-même et mes pensées. Je sais alors exactement où je veux aller. Je m'arrête à un arrêt de bus. J'attends à peine une ou deux minutes avant de le voir. Je monte dedans et attends qu'il arrive à ma destination.
Je descends au terminus, il n'y a plus aucun passagers, en même temps c'est un arrêt de bus sur une colline isolée du reste. Je suis loin de la ville, du bruit et du stress permanent qui y règne. Je remercie le chauffeur et pars. Je m'enfonce dans la petite forêt. Mes baskets se trempent de boue, il est vrai qu'il a plu hier... Je ne suis pas très maligne.
Bref, je marche jusqu'à une petite falaise qui donne vue sur la ville. Quelques randonneurs passent, nous nous saluons par politesse, je m'assois sur un banc, ce petit coin a été aménagé il y a peu, c'est vraiment très sympa. Le vent souffle bien plus fort maintenant, je ferme totalement ma veste. Le calme du moment me réconforte. Cette rentrée a été très mouvementée et mes émotions en ont vu de toutes les couleurs. Je me remercie intérieurement d'avoir eu l'idée de venir ici et profite. Je soupire et sens mon téléphone vibré dans ma poche :
'Jojo : Coucou petite Oly ! Tu fais quoi ajd ? Les gars sont pas dispo et je voudrais aller au centre commercial.
-Coucou Jo ! Rien du tout, je suis en balade, je viens avec toi si tu viens me chercher ! :p
-Oki ! Envoies-moi ta loca !'
Je lui envoie alors et ne reçois pas de réponse, j'ai hâte de voir comment il va faire pour me rejoindre. J'attends alors quelques minutes, je commence vraiment à avoir froid, ma veste ne semble pas suffire. Je décide alors de descendre à l'arrêt de bus, afin de voir Joshua passé : c'est la seule route qui peut mener à cette falaise, du moins, à ma connaissance.
J'attends, à l'abri du vent, en essayant de réchauffer mes mains avec mon souffle. J'aperçois alors sa voiture, il se met sur le côté. C'est le seul de la bande avec Mason qui a une voiture et un permis, ce qui m'arrange bien.
Je rentre côté passager et lui fait un bise :
—Qu'est-ce-que tu fais ici toi ? C'est à l'autre bout de chez toi !
—J'aime bien l'aventure !
—Mouais, bah l'aventurière, elle a l'air gelée donc enfile ça sous ta veste.
Il me balance un sweat que je reconnais :
—C'est pas celui de Mason ?
—Si, je l'ai piqué hier, mais bref, mets le avant d'attraper la mort.
Je rigole en le rassurant et enfile ce sweat dix fois trop grand pour moi. L'odeur de Mason y est incrustée... Je respire discrètement celle-ci : je l'adore. Nous nous évitons mutuellement depuis le match, je ne sais pas vraiment pourquoi. Je ne veux pas avoir à m'expliquer, et ma tête me hurle de rester le plus loin de lui dès que je le vois. On s'adresse les politesses et des petits regards de temps à autre mais nous nous sommes mutuellement éloignés. C'est le yo-yo entre lui et moi: un jour tout va bien, le suivant on ne se connaît plus. Au début, je dois avouer qu'il me manquait un petit peu, mais à présent, je sors régulièrement avec des membres de la bande donc je n'y pense plus.
Je frotte mes mains qui me font presque mal à cause du froid, Joshua allume le chauffage en me faisant un clin d'œil.
—Alors on va où, capitaine ?
—On va commencer par passer chez toi pour que tu prennes des vêtements plus chauds, puis après on ira au centre commercial manger un truc et faire des courses, ça te va ?
—Depuis quand tu aimes aller faire des courses toi ?
—Depuis toujours ! Mais aucun des gars ne m'accompagnent jamais car ils trouvent que je mets dix ans avant de choisir mes fringues.
Sa bouille de petit enfant me fait fondre.
—Ok, alors attends, on va faire du shopping ?
—Si ça te dérange pas...
—Tu plaisantes ? Roule ma poule , on va claquer les salaires de nos darons !
Il éclate de rire et nous nous mettons en route.
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Grab My Hand (Auto-Publié)
Teen FictionBeaucoup disent que l'adolescence est la naissance de l'adulte que deviendra l'enfant. Autrement dit, la période la plus compliquée. Et pour Olympe, c'est une véritable bataille entre elle-même et le monde qui se livre. Après l'été qui a bouleversé...