Grab My Hand (Auto-Publié)

Chapitre 9*

[PDV Mason]

Pourquoi j'ai fait ça ? J'en sais rien. Je repense, sur le trajet retour, à mes actes. Que je ne regrette pas. Cette fille... Elle me trouble et m'intéresse tellement. Je vois dans son comportement de tous les jours lorsqu'elle a plus de peine, lorsqu'elle est tourmentée, lorsqu'elle va bien... Vincent me prend pour un psychopathe lorsque je lui en parle. Et je dois avouer que j'ai bien l'intention de tenter quelque chose avec elle.

Je dois admettre que mon comportement a été... changeant. Je pense juste que si elle a froid elle doit soit mettre une veste, soit accepter l'aide que je lui propose. Elle veut jouer à la forte mais n'a pas les épaules pour. Mon ego me dit que c'est ridicule et ma raison me dit que c'est courageux. Disons qu'elle est courageusement ridicule, ou ridiculeusement courageuse.

Je gare ma voiture et rentre chez moi. Ma tante m'appelle depuis la cuisine dès que j'ai un pied dans la maison sur pied.

—Tu rentres bien tard pour un garçon qui sort à 17h des cours.

—Si tu le dis, dis-je en m'installant au comptoir surélevé qui sépare la cuisine ouverte du séjour.

—Allez raconte ! Je sais que c'est encore à cause de cette fille !

—Tu devrais vraiment penser à te reconvertir dans la voyance.

—Arrête de me faire attendre ! s'exclame-t-elle en posant une assiette réchauffée de lasagne.

J'en prend une bouchée avant de commencer mon récit:

—Et bien... Elle attendait le bus et j'ai eu envie de la ramener. Je l'ai donc 'incité', on va dire, à venir avec moi.

—Pas de contact physique ?! Tu me déçois !

—Je n'ai pas fini !

Elle se retourne et vient se poster devant moi. Seul le comptoir nous sépare. Elle me regarde avec ses gros yeux marron, impatiente. Je rigole face à sa tête: elle a les cheveux en pétard (ces derniers sont courts, bouclés et roux), ses grands yeux sont ouverts et rivés vers moi tandis que son visage quelque peu ridés par l'âge, exprime un grand sourire.

—Comme elle ne voulait pas se faire ramener, je l'ai prise dans mes bras le temps que son bus passe et qu'elle n'ait plus d'autres choix que de rentrer avec moi.

—C'est un peu un comportement de psychopathe ça.

—Pourquoi tout le monde me le dit ? dis-je en rigolant.

—Mais d'un autre côté, si tu arrives à nous la ramener à la maison pour un dîner, tu montreras à ta mère qu'elle a encore une chance d'être grand-mère.

—Molo l'abricot ! On dirait qu'on est déjà marié pour toi !

—Non, non. Mais c'est bien la première fois que tu portes tant d'intérêt à une fille depuis le collège.

—Tu exagères, il y avait-

—Diane ne compte pas. C'était plus un... enfin une... bref tu m'as comprise !

Je rigole et continue mon dîner tout en parlant avec ma tante. Je prends une douche par la suite et vais me coucher, comme tous les soirs.

***

Ce soir, Vincent m'a tanné pour que je l'accompagne au premier entraînement de sa sœur. J'ai accepté en partie car je sais que Olympe y sera aussi. Nous sommes dans ma voiture. Je gare cette dernière et nous nous mettons en route vers le gymnase. Comme on avait une heure de libre avant l'entraînement, on a décidé d'aller chercher un casse-dalle pour attendre. Et nous voilà de retour, devant la lourde porte du bâtiment sportif. Nous entrons et trouvons les filles en plein échauffement sur le terrain.

Vincent part devant pour aller saluer la coach qui est rester sur le côté et je le suis.

—Bonsoir les garçons ! Vous êtes venus encourager les nouvelles recrues ?

—Ouais !

—Elles en ont bien besoin, je vais leur annoncer leur premier match pour le week-end prochain.

—Si tôt ? je demande.

—Oui, on l'avait prévu depuis la saison dernière qui s'est finie plus tôt que prévu.

—Bah on essayera d'être là alors.

—Cool ! C'est samedi après-midi.

—Ok, c'est noté !

Elle s'en va pour aller parler aux filles qui se regroupent au centre du terrain. Olympe me lance un coup d'œil, s'étonnant que je sois là, puis ne m'adresse plus un sourire ou un regard.

L'entraînement se déroule normalement, les filles font des exercices puis des matchs pendant que Vincent et moi traînons sur Instagram.

Kessy affronte Olympe en 1v1. Elles combattent sans relâche mais Kessy gagne d'un point. Après ça, Olympe va pour aider les débutantes pendant que Kessy s'entraîne aux tirs. J'admire la blonde et sa pédagogie positive. Elle garde le sourire même face aux échecs. Je divague et viens à penser qu'elle doit probablement faire de même avec ses problèmes: garder le sourire. Je sais que lorsque j'ai des soucis, Vincent a le don de le remarquer dans l'immédiat, mais Kessy ne semble pas faire de même, ou alors je ne suis pas au courant de tout (ce qui est fort fort probable, si ce n'est évident).

L'entraînement se poursuit avec des confrontations, dont les résultats sont très variés, mais on voit bien que les anciennes joueuses portent les nouvelles pour équilibrer le tout. Une fois qu'il est fini, je ramène Marion et Vincent. J'ai essayé d'approcher Oly mais elle m'a éviter: sûrement à cause de mon comportement du soir dernier. Nous passons devant l'arrêt où elle attend son bus.

—D'ailleurs mec, j'ai réussi à choper le numéro de Kessy, déclare Vincent, tout fier.

—Car je te l'ai donné ! s'exclame sa soeur.

—Avec son accord ! Donc elle voulait me le donner, ça revient au même !

Je soupire en souriant, ces deux-là ne sont pas croyables. Vincent continue d'un ton aguicheur:

—Et je pourrai même t'obtenir le numéro de ta blonde...

—Non merci, je préfère faire ça dans les règles de l'art.