Il se tenait devant moi, lors du lever de la nuit. Ses cheveux bruns légèrement en bataille. Les lumières de la rue lui donnaient un air si mystérieux, et pourtant j'avais l'impression de le connaître depuis toujours.
C'était un gars bien, je le savais et pourtant je ne me sentais pas à la hauteur.
—Oly ?
La tête toujours baissée je lui fais un signe négatif.
Je ne veux pas rentrer avec lui. Je déteste faire une connerie et ne pas réussir à m'excuser. Et je n'arrive pas à lui dire pardon.
Je lève la tête, son regard me transperce.
Il ne semble pas décidé à partir, je me lève, en espérant voir mon bus arriver mais à ce moment là il me prend dans ses bras.
Je ne comprends pas son geste, j'essaye de le repousser en douceur, mais il me serre encore plus fort.
Sa main gauche sur mes épaules et l'autre sur ma taille, je ne peux pas me libérer de son emprise. Mon dos contre son torse, mon sac que je tiens dans ma main traîne par terre.
Je laisse mes bras le long de mon corps. Je le sens se détendre, il approche son visage de mon oreille et me chuchote:
—Je ne t'en veux pas tu sais ? Range ta fierté de côté, et monte dans ma voiture.
Je lève alors ma tête, qui jusque-là était baissé, le plus loin de lui. Il me tourne pour me mettre face à lui. Il encre mon regard dans le sien. Il a lut en moi comme dans un livre ouvert. Comme si j'étais totalement transparente. Cette découverte me fait inconsciemment peur.
Je soutiens ce contact visuel, en essayant de deviner ses intentions et ses sentiments à mon tour. Son regard semble chaleureux et protecteur, mais je n'arrive pas à user de mes talents d'empathie extrême pour deviner ses émotions.
Je soupire et sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je l'attrape alors, tandis que Mason dessert sa prise sans me lâcher.
Penses bien aller chercher ton frère chez son ami ma puce !
Je t'aime.
Ma mère a encore bu, et délire. Cette constatation me fait soupirer d'autant plus. Je range mon téléphone, et reporte mon attention sur le garçon qui ne compte pas me lâcher.
Mon regard légèrement peiné traverse le sien. Il me resserre contre lui, et cette fois j'accepte.
J'ai besoin d'un câlin, d'un peu de réconfort. Je ferme les yeux et profite de cette chaleur humaine qui me réchauffe. Mon sac se pose complètement sur le sol et je me laisse aller dans les bras d'un garçon que je connais à peine. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Mes mains remontent et se posent sur son dos. Comme une marque d'affection et d'acceptation.
Lorsque je rouvre de nouveau mes paupières, une éternité semble avoir passée. De l'autre côté de l'arrêt, je vois mon bus, que je n'ai même pas entendu arriver et partir. Le temps s'était comme arrêté.
Mason se détache de moi:
—Tu n'as plus d'autres choix à présent, tu dois rentrer avec moi !
—Sérieusement ? Tu m'as enlacé juste pour ça ?
—Ouais !
Il rigole et je lâche un sourire. De la déception se loge dans le creux de ma poitrine. Je la chasse sans attendre. C'était seulement pour ça ?
Je frissonne, le froid commence vraiment à se faire sentir, Mason le remarque, m'invite à le suivre et commence à aller vers sa voiture.
Je le précède, résignée. Le bon point c'est que je n'attendrai pas plus longtemps dans le froid, et aussi que je serai plus vite chez moi.
On entre alors dans la voiture, je pose mon sac à mes pieds. Mason allume directement le chauffage. Je souffle dans mes mains qui sont engourdies par le froid.
—Il faut t'acheter des gants.
—Non, il faut que j'arrête d'oublier de les prendre, nuance !
Nous rigolons, le chauffage ne semble pas vouloir démarrer bien vite, Mason semble concentré sur la route mais me lance des regards de temps à autre.
Je frissonne encore, décidément, il faut que je pense à prendre un pull en plus demain. Mason me souffle:
—Tu veux ma veste ? Elle est sur le siège derrière toi.
—Non, merci. Je frissonne tout le temps en hiver.
Ce n'est pas faux: j'ai un teint pâle, je suis plutôt maigre et j'ai souvent froid. Malgré tout je suis en bonne santé, je suis même plutôt musclée mais ça se remarque peu. J'ai toujours été comme ça: un peu plus fragile en hiver. Après un énième frissonnement, j'entends Mason s'énerver contre sa voiture:
—Purée, décidément elle ne veut pas chauffer ce soir !
—Ne t'inquiètes pas.
—Si, tes frissonnements me gênent.
Ok, là je bugge. Où est passé le garçon si protecteur de tout à l'heure ? Je m'excuse dans un soufflement. À partir de cet instant, nous ne parlons plus, nous arrivons alors dans ma rue et il souffle:
—C'est pas ce que je voulais dire Oly...
—T'inquiètes. Désolé, et merci de m'avoir ramené.
Sans un mot de plus je descends. J'ai été plutôt froide. Je comprends un peu sa réaction d'un côté: c'est le soir, il doit être fatigué. Mais d'un autre côté, les évènements m'ont un peu dépassés.
D'abord il insiste, il me prend dans ses bras, semble protecteur et attentionné, et devient froid d'un coup. M'enfin, je n'y peux rien. Le plus troublant dans ces instants est probablement ma réaction. Pourquoi ai-je tant aimé notre étreinte ? Comme si je l'avais attendu des années... Ce devait être la fatigue.
Je rentre chez moi: la maison est vide. Je monte directement dans ma chambre, je suis exténuée. Après une rapide douche, je me couche sans prendre de repas. Il est tôt, mais cela ne m'empêche pas de dormir directement.
![](https://img.wattpad.com/cover/247010851-288-k775754.jpg)
VOUS LISEZ
Grab My Hand (Auto-Publié)
Teen FictionBeaucoup disent que l'adolescence est la naissance de l'adulte que deviendra l'enfant. Autrement dit, la période la plus compliquée. Et pour Olympe, c'est une véritable bataille entre elle-même et le monde qui se livre. Après l'été qui a bouleversé...