Achille, le lendemain, sifflote sur son vélo. Il est de bonne humeur, et même les pleurs d'enfants ne parviennent pas à lui ôter son sourire. Quand sonnent les coups de cinq heure, Achille s'enfuit de la petite cabane à glace à toute vitesse. Ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas pris le temps de dessiner. Entre les cours, le foot, ces petits monstres de jumeaux, les potes et les soirées, il était sans cesse occupé. Le bruit des vagues se fracassant contre la falaise escarpée, la lointaine clameur de la plage bondée en contrebas, le rugissement des quelques voitures qui passaient par la route de la falaise, le chant des oiseaux et des quelques cigales résonnaient comme une douce mélodie. C'est donc ça, l'été.

Elle est là. Face à l'océan, elle dessine, imperturbable. Quand Achille s'assoit, elle lui sourit avant de se replonger dans son esquisse. En silence, il commence lui aussi à crayonner sa page blanche. 

          Aristoline est heureuse qu'il soit venu. Même s'ils ne se parlent pas, sa présence lui tient compagnie. Elle se sent moins seule. A l'ombre rafraîchissante des pins, une légère brise vient chasser ses mèches rebelles de son front, tandis qu'elle respire avec satisfaction l'odeur salée de l'océan mélangée à celle musquée des bois. A l'abri de la moiteur du soleil, elle se sent bien. Elle adore l'été.

Toujours sans un mot, le temps passe. Déjà, il est dix-huit heure trente ; elle doit partir. Elle range ses affaires, et se lève. Achille la regarde. Elle fait mine de partir, et se ravise. Prenant son courage à deux mains, elle lance un timide « au revoir » qu'il n'a sûrement pas entendu tellement sa voix était basse. Aussitôt elle se traite d'imbécile. Elle se retourne précipitamment, rouge de honte, et se dirige à grands pas vers son vélo.

« Attends ! »

Interdite, elle s'arrête net, et tourne la tête. Achille est debout, il lui sourit. Une fossette se creuse dans sa joue gauche. Il est beau.

« Je m'appelle Achille. »

Aristoline est surprise par sa voix grave et assurée.

« Et moi, Aristoline. »

À la mention de son prénom, elle remarque tout de suite l'éclair de pitié qui lui traverse le regard. Évidemment qu'il connaît ce nom si singulier. Tout le lycée le sait, mais personne ne se doute vraiment du visage qui se cache derrière. Aristoline, la pauvre fille de la première sept. Mais si, tu sais ? Celle qui a perdu sa mère. 

Parfum d'ÉtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant