19 - Le cellier

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     Edward bougeait sur place devant la maison de Bryce, toujours balisée. Une énième cigarette à la main, il tentait d'occuper l'autre avec tout ce qui pouvait lui tomber sur la main ; la ceinture de son manteau, se détendre la nuque en y passant tous ses doigts, ou l'enfoncer dans sa poche pour tenter d'y trouver quelques pièces pour les passer dans sa main.

« Il va forcément falloir entrer dans cette maison à un moment ou l'autre, Edward, intervint Ralph en le regardant écraser un mégot sous sa semelle.

— Oui, je le sais bien. Juste, je... Je me prépare.

     Aldaric ne comprenait pas vraiment comment on pouvait se « préparer » à rentrer dans une maison, mais il ne fit aucun commentaire. Il suffisait juste d'enclencher la poignée, de la tourner et de faire deux pas.

     Edward finit par écraser son mégot par terre et il prit les devants en s'avançant jusqu'à la ligne de sécurité mise en place par les forces de l'ordre. Ralph et Aldaric lui emboitèrent le pas, et ils furent tous les trois dans la maison silencieuse de Bryce Lynch.

— Qu'est-ce qu'on cherche, exactement ? demanda Ralph.

— Une trappe, une petite porte, une entrée, quelque chose qui mènerait à un sous-sol, répondit Edward.

— Lorsque je vous ai rencontré, j'ai remarqué une petite porte dans la cour, déclara Aldaric, je peux aller vérifier par là, si vous voulez.

— Je ne me souviens plus si l'entrée de la cave était dehors ou à l'intérieur de la maison. Je veux bien, répondit Edward.

     Aldaric hocha la tête pour toute réponse et il traversa la maison à la recherche de la porte extérieure.

— Je sais qu'il y avait une trappe dans la cuisine, enchaina Edward, je vais aller voir si ça mène à quelque chose.

— J'ai vu une porte sous l'escalier.

— Ce n'est qu'un simple placard à chaussures, mais je veux bien que tu vérifies.

— Entendu. »

     Les deux hommes se séparèrent, chacun partant de leur côté. Edward tomba face à un spectacle aussi étrange que sinistre lorsqu'il arriva dans la cuisine.

     De la vaisselle sale était encore empilée dans l'évier, et il remarqua une cloche à repas encore posée sur la table. Le chandelier posée au milieu de celle-ci était sali par la cire qui avait coulé dessus, comme si les bougie étaient restées allumées trop longtemps, sans que personne ne souffle dessus. La table était encore dressée, les assiettes à dessert trônaient dessus. L'une d'entre elle avait d'ailleurs une part de scones entièrement moisie dessus. Une file indienne de fourmis s'affairaient à faire des aller-retours entre la table, en escaladant courageusement le pied, et sortant par la porte de la cuisine menant au jardin. C'était un spectacle bien pathétique, et Edward se surprit à soupirer devant, avant de secouer la tête pour se reprendre. Il contourna la table pour se retrouver face à la petite cheminée de la cuisine. Il y avait encore le bloc de parchemins accompagné du stylo à encre runique, permettant le tracé de petites runes faciles pour démarrer un feu. Juste devant se trouvait un grand tapis présentant l'immense tête d'un lion vert. Juste au dessus du lion se trouvait un croissant de lune et un soleil, l'un en face de l'autre. Le reste du tapis était composé d'autres symboles alchimiques, et le tout était rigoureusement symétrique. Au pied du tapis se trouvait une chaise assez modeste, sur laquelle se trouvait une pelote de laine, enchevêtrée dans deux aiguilles épaisses. Edward vit au bout une écharpe presque achevée et eut un léger pincement au cœur.

     En prenant mille et une précaution, il attrapa le dossier de la chaise pour le déplacer en faisant attention à ne pas faire tomber le tricot par terre. La laine était beige, et elle se salirait sûrement si elle tombait dans la cendre de cheminée, éparpillée sur la pierre de la cuisine. D'un coup de pied, Edward ôta le tapis pour découvrir une trappe menant au cellier. Il attrapa la poignée et la souleva. Immédiatement, un courant d'air s'échappa du sous-sol, lui arrachant un frisson désagréable qui le fit trembler de la tête aux pieds. De là où il était, il ne voyait pas grand chose, si ce n'est un escalier en bois couvert de poussière et quelques toiles d'araignées. L'une d'entre elle sembla très mal vivre cette intrusion surprise et s'échappa dans la cuisine pour disparaitre sous le vaisselier. Edward souffla du nez, il avait à présent un mauvais pressentiment. Il attrapa une feuille de son bloc qui se trouvait dans sa poche et traça une rune de feu pour tenter d'éclairer un peu devant lui. Il repéra rapidement une lanterne murale qu'il s'empressa d'allumer, n'osant rentrer son corps dans le cellier qu'à moitié, comme pour se rassurer de savoir qu'il n'y était pas entièrement. La lanterne murale éclaira faiblement le cellier et Edward se résolut à descendre les marches, prudemment. Il n'était cependant pas dupe, les deux Surnaturels qui l'accompagnait devaient déjà avoir entendu le battement frénétique de son cœur. Une fois arrivé en bas de l'escalier, Edward repéra rapidement une autre lanterne murale qu'il s'empressa d'allumer, pour se rassurer et pour tenter d'éclairer le plus possible la pièce. Cela ne fonctionna qu'à moitié mais eut pour conséquence de le rassurer un peu.

Le Sacre du Vampire, T2 [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant