✨Chapitre 2✨

18 0 0
                                    

Christina et moi arrivons devant le gymnase du lycée à vingt heures dix sept précises. Il neige toujours.

Je grelotte sous ma veste tandis que ma meilleure amie me prend par le bras et m'entraîne vers l'entrée, illuminée par des guirlandes lumineuses multicolores. La musique s'échappe un peu par la porte entre ouverte, comme les voix de nos camarades de classe.

Robin Green, le cavalier de Christina, est devant la porte en train de trafiquer quelque chose sur un appareil photo qui semble sortir d'un manuel d'histoire. Rien d'étonnant avec lui. Il a beau être pas mal physiquement, Robin est un looser. Comme Christina, comme moi. On est l'inverse de ''populaires''.

D'ailleurs...Mon cœur bat à mille à l'heure. Je regarde autour de moi. Pas de Josh.

- « T'inquiètes », rigole ma meilleure amie en voyant la tête que je fais, « il va venir ! Il doit simplement être en retard, c'est comme ça les bad boys ! On rentre, ou on l'attend ? »

Je hausse les épaules : « Non, ça va aller. Allons y ! »

Robin prend la main de Christina, qui lâche aussitôt la mienne. On rentre dans le gymnase bondé, et tout les deux s'éloignent vers la piste de danse totalement surchargée de couples de lycéens en tenue de soirée, éclairés par les boules à facettes rétro.

Je reste seule sur le bord de la piste, en train de me demander si je dois attendre Josh près de la porte ou aller squatter le buffet.

Une chose est sûre, je suis peut être toute seule, mais beaucoup de regards restent braqués sur moi, comme si j'étais une inconnue. C'est vrai que les autres élèves de Moordale Hall n'ont pas l'habitude de me voire maquillée, mes cheveux lissés, et vêtue d'une robe de bal rouge pailletée. Je leur souris timidement. Quelques ''C'est qui cette meuf'' retentissent. Un peu mal à l'aise, je joue avec l'une de mes mèches de cheveux pour m'occuper.

Et là, je LE vois.

LUI.

Comme au ralenti, il  traverse la foule, s'avance vers moi, et me sourit, tandis que sa mèche brune bouge sur son front parfait et que les hauts parleurs diffusent ''Crying In The Club'', de Camila Cabello.

Je pousse un grand soupir, de soulagement, de joie, de plein d'autres choses.

Josh Westerfeld est définitivement le plus beau mec du monde. Mon cœur fond lorsque ses yeux verts me transpercent.

- «Salut. T'es canon ce soir, » me dit il de sa voix grave si sexy, avant de faire un sourire craquant.

Je rougis comme une tomate et rigole nerveusement : « Euh... Je... Toi aussi ! Euh... »

- «On va danser ? »

Il ne me laisse même pas le temps de répondre et m'entraîne sur la piste de danse.

Je me laisse faire, comme hypnotisée. Il commence à faire quelques pas (bien sûr, il danse super bien...) et m'encourage à l'imiter.

Pas très à l'aise au début, à cause de ma timidité, je me laisse griser peu à peu par l'ambiance générale, et surtout par ce que je ressens : le garçon de mes rêves est en train de danser avec moi, là, maintenant.

Je n'ose même pas le croire.

Et en plus d'être le plus beau mec du monde, que dis je, de l'univers, il est drôle en se lançant dans des chorégraphies ridicules, et si adorable, il ne se moque pas de mon absence de rythme, au contraire il m'encourage à continuer, me sourit, me prend par la main pour me faire tourner... Il est parfait.

Et j'ai beau me pincer la main plusieurs fois de suite, c'est bien avec moi qu'il danse. Il aurait pu choisir n'importe qui d'autre, (d'ailleurs la plupart des autres filles présentes le regardent en bavant presque) mais il m'a choisi. Moi. La petite intello looseuse, aux cheveux secs et aux grosses lunettes.

Je me sens vivante. Je pousse un cri de joie par dessus la musique, ce qui fait rire Josh, qui m'imite.

Nos visages sont si proches, je pourrais tenter... Mais je n'ose pas. À la place, je bafouille, essoufflée, les joues écarlates :

- « Je... Faut que j'aille me chercher un truc à boire, j'en peux plus ! »

- «Pas de problème. Je t'attends, » répond-t-il avec l'un de ces sourires dont lui seul a le secret.

Sur mon petit nuage, je me rend au buffet, incapable de chasser le sourire niais plaqué sur mon visage. Christina se moquerait de moi si elle me voyait faire cette tête, c'est clair.

Mais je ne peux pas m'en empêcher !

Qui le pourrait, quand son amour de toujours l'a invité au bal de Noël du lycée et se révèle être encore mieux ''en vrai'' qu'observé de loin ou en rêve ?

Après avoir soigneusement que celui ci ne contenait pas d'alcool, je me sers un verre de jus de raisin dans un verre en carton rouge, sous le regard suspicieux de deux ou trois personnes qui doivent, elles aussi, se demander qui je suis.

Je trempe mes lèvres dans la boisson : le goût est encore meilleur que d'habitude. Tout compte fait, je me demande si quelqu'un, la fille au perfecto debout près du buffet depuis un quart d'heure, par exemple, n'a pas ajouté quelque chose dedans. Je devrai sûrement aller prévenir Miss Buckley, visiblement trop occupée à draguer le proviseur pour accomplir sa mission consistant à surveiller les boissons, mais à cet instant je n'ai qu'une envie : retrouver Josh au plus vite.

Je me fraie un chemin entre quelques couples qui dansent sans se préoccuper de ce qu'il se passe autour d'eux, et cherche Josh au milieu de toute ces ombres, les rayons de lumière des projecteurs, les rires et la musique bien trop forte.

Et ce que je découvre me glace le sang.

Josh est debout au milieu de la piste, bien en évidence, sans même chercher à se cacher, en train de rouler une énorme pelle à Britney Shepperd.

Britney est une fille magnifique, populaire, riche... Elle a tout pour elle (sauf peut être un cœur ? ), c'est ce genre de fille qui est l'inverse de moi. D'autant plus qu'elle et ses stupides copines blondes me martyrisent depuis l'école maternelle. Et, maintenant que je me souviens, elle est sortie avec Josh il y a un mois. Je pense que c'est l'une des pires créatures qui puisse exister. Pour faire court : je la hais.

Pendant un long instant, je ne contrôle plus mes mouvements. J'ai la sensation horrible que mon cœur vient d'exploser en un millier de morceaux de glace tranchants. Je lâche mon verre encore plein, laissant une grosse tâche sombre sur le devant de ma robe de soirée.

Sans chercher à comprendre (de toute façon, qu'est ce qu'il y a à comprendre), je me sauve en courant, pour essuyer le jus de fruit et, par la même occasion, caché la crise de larmes qui vient de me prendre.

Sans scrupule, je pousse les gens qui obstruent mon passage. Je ne m'excuse même pas, et me précipite vers les toilettes, tandis que les larmes ruissellent toujours sur mes joues.

Les yeux obstrués, le visage trempé, et le souffle coupé, je claque la porte des toilettes derrière moi.

Je n'en suis jamais ressortie.

EmilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant