Emily

✨Chapitre 3✨

PDV de Zoey

- «Et donc tu vois je leur ai dit que j'avais la bar mitzvah de mon petit cousin ! Ce qui est vrai en plus. Le problème avec les personnes âgées en fait c'est que... »

Je n'écoute qu'à moitié Annabel, qui essaie tant bien que mal de me raconter son dernier ''drame'' familial, à base de grand-mère sénile, de judaïsme, de voyage en Amazonie et d'incendie criminel de cabane de jardin. C'est sûrement passionnant, mais pour l'instant je suis trop occupée à surveiller l'urne qui doit contenir les votes en faveur de la reine du bal.

J'attends avec impatience le moment où la reine du bal sera annoncé. Je veux voir le visage de cette pouffiasse de Britney se décomposer lorsqu'elle comprendra qu'elle a perdu.

J'aurai pu la frapper depuis bien longtemps en fait, mais c'est vraiment cette année que cette sale blonde décolorée m'a fait péter les plombs.

Tant pis pour elle.

- «Et alors finalement, tu as mis quel nom dans l'urne ? » me demande ma camarade de classe en suivant mon regard.

J'ouvre la bouche, mais suis interrompue par un mec aux cheveux roux qui débarque entre moi et ma camarade de classe.

- «Annabel, tu viens danser ? »

- «Barre toi, on parle, là ! » je soupire en le poussant.

Il rigole, et finit par se barrer, non sans lancer un dernier clin d’œil à Annabel, qui glousse.

Je lève les yeux au ciel : le fait que ma seule pote sois l'une des filles les plus populaires de Moordale Hall est très souvent bien relou. Après, elle est adorable, et c'est la seule qui puisse supporter mon sale caractère, alors je me plains pas.

- «Bref. » je reprends. « J'ai mis un nom... Plutôt drôle, j'avoue. »

- «Dis moi ! » me supplie presque ma camarade de classe.

Je soupire de satisfaction : «Miss Buckley. »

- «Oh !Ça va être incroyable », s'enquit Annabel. « J'ai hâte de voir la tête de Britney ! Et puis ça fera si plaisir à cette chère Miss Buckley ! Reine du bal à 65 ans... »

Annabel et moi coulons un regard narquois vers la vieille fille qui nous sert de prof d'histoire, qui flirt avec le proviseur Stevens comme si de rien n'était.

Nous éclatons de rire en chœur.

Je reprend un muffin aux framboises et, patiemment, j'attends l'heure où ma vengeance sonnera.

Ça a commencé il y a 4 mois. À la rentrée scolaire, en fait.

Il y avait ce beau mec, Alex Carter, tout droit débarqué de Chicago, sur qui j'avais clairement posé une option...

Et pourtant Britney s'est empressée de me le piquer (tout ça pour le lâcher un mois plus tard). Sur le coup, ça m'a fait bien mal, ouais. J'en ai chialé.

Mais assez rapidement, je me suis reprise, lassée d'Alex, et ai commencé à planifier ma vengeance. Et ce soir était le moment idéal.

Tout les ans, Britney soûle tout le monde en répétant qu'elle veut et qu'elle a intérêt à être élue reine du bal en terminal. Quoi de mieux que de lui gâcher son année, après avoir gâché la mienne ?

Le pire, c'est que, vu le nombre de papiers avec son nom inscrit dessus que j'ai extrait incognito de l'urne tout à l'heure avant de les remplacer par ceux de Miss Buckley, elle aurait vraiment gagné si j'étais pas intervenue, cette cinglée de Barbie taille réelle !

Si je suis venue ce soir, c'est certainement pas pour danser et draguer comme toutes les autres , non !(on l'aurait pas deviné... Je suis la seule en jean... Mais j'ai choisi mon préféré, l'ai assorti à un perfecto et me suis fait un smoky eyes, pour avoir l'air incroyablement badass, tout à l'heure, quand je monterai sur l'estrade pour faire un joli discours en hommage à la nouvelle reine).
C'est pour la vengeance.

Je souris tout en mordant dans mon muffin.

La vengeance a un goût de vanille et de framboises surgelées.

À côté de moi,  Annabel a recommencer à me raconter l'histoire qui a secoué sa famille la semaine dernière, et je fais un effort pour suivre ce qu'elle dit, malgré mes pensées qui sont ailleurs, lorsque un cri horrifié qui doit provenir du corps d'une meuf résonnent dans la salle.

- «Wow, c'était quoi, ça ? » s'inquiète ma camarade de classe avec un froncement de sourcils.

- «C'est rien, sûrement une de ces connes du CBD qui s'est pété un ongle, » je ricane.

Le CBD, ou Clan des Barbies Débiles, est un rassemblement de filles arriérées mentalement, qui nous font chier depuis la 6ème et se croient meilleures que tout le monde. Perso, elles me donnent envie de vomir.

Pourtant la musique s'éteint brutalement, tout le monde se fige.

D'autres gens se mettent eux aussi à gueuler, et se dirigent vers l'endroit d'où provient le cri, c'est à dire les toilettes des filles.

- «C'est Laurelyn Matthew qui a crié », annonce un gars pas très loin de moi.

Je me tourne, triomphante, vers Annabel : « T'as vu, j'avais raison ! C'est bien le CBD ! »

Elle ne fait pas attention, et on se précipite nous aussi vers les toilettes des filles, comme tout le monde. La foule est agglutinée devant la porte ouverte, bloquant l'accès, et on entend toujours Laurelyn gueuler à l'intérieur.

À l'autre bout de l'attroupement, je vois le proviseur Stevens tenter de se frayer un chemin entre les élèves à grands cris autoritaires. Je décide de l'imiter.

- «Cassez vous, merci, faut que je rentre ! »

Je réussit à me faufiler entre les autres élèves complètement énervés, et me retrouve finalement dans l'entrée des toilettes.

Laurelyn est figé en plein milieu. Ses mains tremblent.

- «Putain, mais tu peux arrêter de crier comme une folle, s'il te plaît ? »

Scandalisée, la digne membre du CBD me hurle dessus en guise de réponse :
- «Mais regarde ! »

Je baisse lentement les yeux.

Le corps d' Emily Johnson repose par terre, les yeux grands ouverts, les mains rigides encore agrippées à sa gorge, où on peut voir une fine ligne rouge.

- «Oh merde... » je souffle.