Chapitre 2 : Alec

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Enfin sorti du bar bondé, je me retourne vers la femme mystérieuse à qui j'ai décidé de porter secours. Mais ce que je vois me pétrifie sur place.

Son doux visage est baigné de larmes, ses yeux rouges se plongent dans les miens et ce que je contemple me fend le coeur. Le chagrin et la douleur que je lis dans son regard me paralyse. C'est très simple, quand il s'agit d'émotions, de sanglots, ou autre détresse, il faut m'oublier. Je ne suis bon qu'à faire l'idiot et amuser la galerie, mais face à une jeune femme désemparée je suis aussi inutile que superflu. Je n'aime pas les émotions, je m'en protège du mieux que je peux. Les gens m'apprécient car je vois toujours le bon côté des choses, je ne sais pas consoler.

Elle fuit mon regard et resserre son long manteau noir autour d'elle. Les températures se sont bien rafraichies en cette mi décembre. Je grimace tel un imbécile et lui presse l'épaule gentiment : 

- Je suis désolée, hoquette-t-elle. Je n'ai pas pour habitude de m'effondrer devant n'importe qui.

Elle secoue ses cheveux noirs qu'elle arbore en carré sophistiqué et mon regard suit le mouvement de ses pointes qu'elle a teint en un joli turquoise. C'est paradoxale pour une femme d'apparence haute en couleur d'avoir le regard si terne et si triste. C'est comme si la flamme qui la maintenait éveillée s'était éteinte car je suis sûr au fond de moi qu'elle a pour habitude de croquer la vie à pleine dent. J'en suis intimement convaincu et mon instinct me fait rarement défaut.
Mais si ce qu'elle recherchait ce soir était du réconfort, je crains qu'elle ne se soit tombée sur la mauvaise personne.

- Ne vous en faites pas pour ça, je réponds doucement. Je veux simplement m'assurer que vous rentrez en un seul morceaux.

Elle ne se rend même pas compte à quel point elle est vulnérable dans sa petite jupe noire plissée et son teeshirt blanc qui laisse entrevoir un joli décolleté. Le monde dans lequel on vit est infesté de requins qui n'attendent que de sauter sur leur proies. Comme chaque fois que j'y pense, des frissons de dégout me parcourt l'échine. Bien souvent on se moque de moi, m'accusant d'avoir développer des tocs, ce besoin de se transformer en chevalier blanc en étonnent plus d'un mais s'ils savaient seulement quelles en sont les raison... Je ne peux m'empêcher de m'assurer que ces jeunes filles qui tiennent à peine debout rentrent saines et sauves chez elle. Et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer les animaux qui se rinçaient l'oeil avec leurs regards baladeurs. Ce genre d'attitude peut me pousser à commettre l'irréparable.

- Pourquoi tu es aussi gentil ? Me tutoie-t-elle spontanément.

Sous la lueur du réverbère, je me rends compte de la clarté de son regard. C'est comme si un bal de couleur s'y déroulait, alternant nuances ambres et or. C'est très perturbant et surtout hypnotisant, je n'en avais jamais croiser de tels.

- Je... Tu semblais perdue et ... Désespérée, je confie lamentablement.

Ses yeux s'ouvrent grand, comme si elle était sonnée par le poids de mes mots, et elle mordille ses lèvres si roses. Un instant, une pensée me traverse l'esprit mais je la chasse aussitôt. Je ne suis pas comme eux, je ne suis pas comme ceux dont j'essaie de la protéger.

- C'est l'image que j'ai donné, hein ? Lâche-t-elle honteuse.

- Tu n'avais pas l'air d'avoir passé la meilleure journée de ta vie, c'est sûr.

A ma grande surprise elle esquisse un sourire qui s'agrandit à mesure que les secondes passent. Et je ne comprends pas la raison pour la quelle mon coeur s'emballe et s'embrase à la vue de ce spectacle. Une fossette apparait sur sa joue droite, et je suis fasciné par le rayonnement que son visage dégage en cet instant. C'est comme si quelqu'un venait d'allumer la lumière autour de moi, réchauffant l'atmosphère. Un court moment, j'aperçois la jolie brune pimpante que quelque chose ou quelqu'un a tenté de faire disparaitre ce soir. Et soudain, je sais que je veux en savoir plus. Je l'observe à la dérobée et je ne peux détourner les yeux. Ses yeux rouges reprennent peu à peu leur apparence naturelle et un air malicieux se profile dans son regard.

Et si la fin n'était que le début ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant