Chapitre 5 : Harper

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Chapitre 5 : Harper

Bordel, ma tête me fait un mal de chien. Je tâtonne à l'aveugle jusqu'à trouver un verre d'eau et une aspirine que j'avale immédiatement. La chambre minuscule est plongée dans l'obscurité et je n'ai pas encore le courage d'ouvrir les volets.
Dans un effort surhumain, je saisis mon téléphone qui s'est allumé après avoir chargé toute la nuit et le son qui suit me brise les tympans. Une cinquantaine de messages s'alignent à la suite sans me laisser le temps de baisser le son.
La plupart viennent de Faith, ma cousine. Je n'ai pas vraiment de copine, j'ai toujours été un peu trop excentrique pour les filles de mon âge. Exceptée de Faith, ses parents voyageaient beaucoup alors elle alternait entre les dodos à la maison et chez sa meilleure amie Hailey. Faith et son tempérament de feu mettent du piquant dans ma vie et malgré ce qu'elle dégage, cette fille a le cœur sur la main et est toujours de très bon conseil.
Je décide de la rappeler directement afin d'éviter de répondre à des dizaines de messages.

- ENFIN ! Je me faisais un sang d'encre ! Décroche-t-elle en furie. T'as pas oublié de donner un signe de vie par hasard ? J'ai appelé la police, la POLICE Harper !! Ils ont dit que t'avais pas disparu suffisamment longtemps pour qu'on entame des recherches, enchaîne-t-elle.

- Tout va bien, Faith, tu peux te détendre !

- Me DÉTENDRE ? On voit que t'as pas passé une bonne partie de la nuit à t'inquiéter ! Bon j'espère que t'as quand même passer une bonne soirée, alors de quoi voulait-il te parler ? Ce con a fait sa demande ? demande-t-elle sans me laisser le temps de répondre ou de respirer.

Un long silence suit sa tirade et j'inspire profondément. La petite soirée d'hier était extraordinaire mais le retour à la réalité fait mal. Le dire à haute voix encore plus.

- Harper ?

- Je suis là, je prends une énième respiration. Cameron m'a larguée, Faith.

Et comme hier je fonds en larmes. Putain je croyais avoir dépasser ce stade. Mais très vite je me reprends et ravale les torrents qui menacent de s'échapper sous mes paupières closes.
Cela va faire plus de 20 ans que je connais Faith, et les fois où elle n'a tellement rien à dire que le silence est sa seule réponse se comptent sur les doigts d'une main. Autant vous dire que ce jour est à marquer d'une croix blanche.

- Donne moi l'adresse de ce fils de chien, Harper. Je suis sérieuse, comment a-t-il osé te faire ça ? Gronde-t-elle après avoir enfin retrouvé la voix. Tout allait bien le mois dernier quand je suis venue passer ces quelques jours chez toi, mais quel hypocrite, enrage-t-elle.

- Ca ne sert à rien , il est retombé dans les bras de son amour du lycée, le grand orchestre et voilà, tu connais la suite.

- Bordel, ça aura été une belle enflure jusqu'au bout. Je t'avais dit que je ne sentais pas ce type, je le savais qu'il te la ferai à l'envers. Il n'a jamais mérité une seconde de ton temps, je hais ce type.

Elle n'a jamais pu encadrer Cameron, elle n'a jamais pu encadrer aucun de mes mecs il faut dire. Mais quitte à choisir je crois qu'elle aurait même préféré que je reste avec le dealer sur lequel j'avais craqué en terminale et avec lequel j'avais perdu ma virginité avant que Cameron ne me sauve de ses griffes.
A la mention de son nom, mon coeur se serre inévitablement. Il était qui il était, avec ses défauts et ses états d'âmes, mais c'est le premier homme avec qui je me suis automatiquement senti en sécurité. Il a toujours mis un point d'honneur à faire de mon bien-être une priorité. Sauf hier, visiblement où son bonheur a dû passer avant le mien. Mais qu'est ce que l'on peut bien répondre à cela ? Puisque l'attacher avec une corde et l'empêcher de sortir de chez moi pour le restant de ses jours n'est pas une option, il faut bien que j'accepte la dure réalité. On ne contrôle pas les sentiments des gens Harper.
Malheureusement pour moi.

Et si la fin n'était que le début ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant