Chapitre 6 : Alec

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- Putain, Alec, tu m'écoutes ?

- Hein ? 

Brusquement arraché à la contemplation de mon écran qui vient de sonner, je jette un coup d'œil à Pete. Il ne semble pas vraiment ravi.

- Excuse moi, tu disais ?

Je fais semblant de me concentrer mais en réalité j'ai la tête ailleurs. Lexie vient de m'envoyer un message et jusqu'à présent, j'ignorais que la simple idée de ne plus la revoir m'effrayait autant.

- C'est cette fille, n'est ce pas ? Rigole Amir en désignant mon téléphone.

- Ne dis pas n'importe quoi, je grogne en prenant soin de verrouiller l'écran.

- Elle t'a retourné le crâne ou quoi ? Continue-t-il désormais curieux.

- Non Amir, elle m'a simplement envoyé un message pour m'assurer que tout est rentré dans l'ordre, je mens sans vergogne.

Il va falloir que tu arrêtes de vouloir sauver toutes les gonzesses éméchées que tu trouves dans les bars. Sérieusement un jour ça va te peter à la gueule, et ce sera pas faute de t'avoir prévenu ! Tente Pete de me mettre en garde.

- Laisse le tranquille, c'est ça façon de répondre le bien autour de lui, me défend Ed. Tous les héros ne portent pas de capes. Et toi, tu fais quoi pour ton prochain ?

- Je vends un magazine de sport qui marche du tonnerre, je rends heureux les gens, je vends du rêve ! Lui réponds fièrement Pete.

J'éclate de rire et range mon portable.

- Allez, c'est bon on s'y remet. Le budget prévisionnel du coup ...

Peter embraye et toute l'heure durant je me concentre afin de ne pas décevoir mes collaborateurs. Cette réunion est informel mais nous adorons ce que nous faisons alors les heures supplémentaires on ne les compte pas. Pete est le PDG de la boîte malgré son jeune âge, et Amir son bras droit. C'est tout naturellement qu'ils m'ont embauché en tant que directeur financier mais mes missions vont au delà. Amir et moi sommes amis de longue date, son père bossait dans l'entreprise d'aéronautique de mon grand père. Ensemble on a fait la connaissance de James et Pete a Princeton. Depuis, on ne se quitte plus et la boîte toute jeune est une sorte de petite famille, c'est ce qui me plaît le plus dans mon métier. Je fais ce que j'aime entouré des gens que j'aime.

- Bon, tu appelles Claire et tu lui parles de la campagne qu'on veut lancer pour sponsoriser l'US open de surf et tu gères l'emprunt. Jane fait du bon boulot sur insta mais il nous faut plus de followers, ça stagne. Je l'appelle tout à l'heure et puis semaine prochaine réunion de toute façon.

Je me lève, range mon mac et mes feuilles dans mon classeur.

- Amir, pour le design du site, t'as vu les modifications avec Jane ?

- Ouai, tout est carré !

- Nickel, je vous laisse vaquer à vos occupations, termine Peter tout en rangeant ses documents.

Je fais de même puis salut toute l'équipe avant de déposer le tout à mon bureau. Grâce aux dons généreux du père de Peter, mais également à nos contributions nous avons investis de somptueux locaux dans un grand building en plein sud de Manhattan. La fenêtre de mon bureau m'offre un panorama exceptionnel du quartier financier et pendant mes pauses j'aime me perdre à contempler les petites fourmis qui grouillent aux heures de bureaux, à courir après le temps qu'ils ne peuvent plus rattraper. Parfois je remets en question le train de vie que je mène, je ne suis pas malheureux, loin de là. J'ai un boulot qui me passionne, une vie plus que confortable, une famille et des amis que je vois chaque weekend. Je n'ai pas envie de tomber dans le cliché du cadre à qui tout réussit et pourtant dont l'existence a été vidée de sa substance. Pourtant, j'admets qu'il arrive de chercher ce qui me manque sans réussir à mettre le doigt sur la raison de cette sensation de vide qui m'enserre la poitrine de temps à autre. Mais comme bien souvent, Amir entre dans mon bureau un bon café fumant à la main me remettant d'aplomb.

Et si la fin n'était que le début ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant