Chapitre 7 - The ring

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« Vous connaissez sans doute le proverbe : deux personnes, hormis une, peuvent garder un secret. ». –Roméo et Juliette, William Shakespeare

Cela faisait deux jours que j'étais sortie avec Edward. Après ce qu'il s'était passé, il m'avait raccompagné chez moi sans un mot. Et depuis, silence radio.

Le jour se levait à peine quand mon réveil retentit brusquement dans la pièce. J'avais froid, l'hiver de fin mars était toujours plus rude que celui de fin novembre, mais le printemps sera bientôt là. Mon premier reflexe fut  de désactiver le mode avion de mon téléphone, que je n'avais pas désactivé depuis deux jours. Sans grande surprise, je n'avais aucun message de mon professeur. Néanmoins, j'avais un appel FaceTime manqué de Tom, et des messages de ma maman qui m'envoyait des photos de mon papa dans le jardin enneigé. Cette image me fit sourire. Je connaissais ma chance d'avoir des parents aussi aimants que gentils. Six mois sans eux, et ils commençaient déjà à me manquer. Je m'empressai d'écrire un message à mes parents sur la conversation groupée de Whatsapp pour leur demander si nous pouvions faire une conversation vidéo d'ici la fin de la semaine.

Afin de finir mon « phone tour », je cliquai sur l'application de ma boîte mail sur laquelle je vis un message groupé d'Edward. Je ne pus m'empêcher de céder au stress et à l'euphorie de voir son prénom inscrit dans ma messagerie. C'était stupide.

« Chers élèves,

Cambridge, ayant fait l'acquisition d'un authentique tableau de Monet, vous invite cordialement à un vernissage qui se déroulera ce lundi à partir de 20h, dans l'espace réservé à la galerie d'art de l'université. De ce fait, une tenue décente et élégante sera exigée. Vous trouverez en lien PDF l'invitation personnelle qui vous est dédiée. N'oubliez pas de l'imprimer afin de la présenter à l'entrée de l'université. Belle journée à vous, Edward Redmayne. »

Mon cerveau ne fit qu'un tour, ce vernissage était ce soir. Je n'étais mentalement pas prête à affronter une nouvelle fois Monsieur Redmayne. Une fois que j'avais retrouvé mes esprits lorsque l'on était à Sunderland Empire, je me suis éloignée avec violence de l'étreinte d'Eddie, puis, je n'ai plus décroché un mot, c'était sincèrement pitoyable. Mais son étreinte, parlons-en de cette étreinte. Rien que d'y penser, cela me noue l'estomac. Elle me fit penser à l'une des citations de William Shakespeare :

« Voilà, telle est la  d'Amour
Car mes peines d'amour pèsent lourd sur mon cœur
Et tu vas les grandir en les pressant encore
Avec les tiennes ; car cet amour que tu me montres
Ajoute plus de peine encore à mon trop de peines. »

Comme toujours, l'auteur trouvait les mots justes aux maux de mon cœur. Mes peines d'amour qui pèsent lourd sur mon cœur sont les peines engendrées par la perte de ma meilleure amie, et Edward, malgré lui, dans un élan du cœur, les a fait grandir en les pressant encore en entourant ses bras autour de mon corps chagriné. Cet élan d'amour, comme l'écrit si bien Shakespeare, ajoute plus de peine encore à mon trop de peines, car il fallait que je me résigne à accepter, qu'il finirait par me lâcher, me laissant de nouveau seule, froide, meurtrit.

**

Aujourd'hui, Alexander m'avait emmené acheter les tissus pour la confection de nos tenues pour l'évènement de mode qui se déroulait au De Vere Grand Connaught Rooms. Je me sentais enfin à mon aise pour la première fois de la journée, au milieu de tous ces rouleaux de tissus. J'aimais les sensations de chaque pièce sous mes doigts, j'arrivais à associer chacune d'elles à des souvenirs marquants. Par exemple, la soie me rappelais mes soirées romantiques avec Maxence, nos débuts amoureux, quand je me faisais belle afin de lui plaire. Le voilage me rappelle le mariage de mes parents, quand j'avais aidé ma maman à choisir la robe de ses rêves. La laine me rappelle mes premières vacances en montagne avec Laurie, où nous avions toutes les deux achetées des pulls en laine très, mais alors vraiment très moches. Et enfin, mes doigts glissèrent sur du satin, et je ne pus m'empêcher de rougir quand le souvenir qui me vint en tête était celui de la soirée au Café de Paris avec Marta, où j'étais ivre et où mon professeur avait dû me retirer cette fameuse robe en satin vert. Dieu merci, Alex me tira de ces songes qui devenaient trop obscurs à mon goût.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 02, 2021 ⏰

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