Insolence

11.

Les yeux d'Anna brillent, comme à chaque fois qu'elle est légèrement gênée. Lorsqu'elle met ses mains dans son visage pour cacher son sourire niait, j'ai l'impression d'être en territoire inconnu. Depuis toutes ces années, je ne l'ai jamais vu faire ça. De nous deux, elle a toujours été celle qui n'avait aucune gêne et aucune peur.  Brusquement, elle retire les mains de son visage et regarde droit devant elle.

- C'est arrivé comme ça, nous avons discuté en buvant à la fermeture du bar. Il est tellement...

Son sourire s'étire de nouveau et ses joues deviennent roses. Je suis tellement heureuse de la voir comme ça que je ne peux m'empêcher de sourire avec elle et d'écouter les évènements que j'ai manqué.

- Il est drôle, attentionné, souriant et tellement agréable. J'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Je ne comprend pas comment ça se fait que je ne l'ai pas remarqué avant. Écoute, il n'a jamais prit de drogue, il a grandit à Bromont avec son père et son cousin. Son père avait un petit café et il y a toujours travaillé. Savais-tu qu'il connait Alex depuis la maternelle ?

- Non, je ne connais pas grand chose de Fox. Il n'est pas très loquace en fait...

Elle me regarde dans les yeux et penche la tête sur le côté en plissant les paupières.

- Ça me rappelle quelqu'un ça. Tu ne t'es jamais dit que si tu l'étais plus, ce serait peut-être aussi son cas ?

- Je te rappelle qu'à la base, Alex n'était pas vraiment plus qu'une aventure.

- Je vais être franche avec toi Baby, tu sais que ça n'a jamais été qu'une aventure et ça depuis l'instant ou tu l'as regardé dans les yeux. Arrête de toujours tout nier et assumes-toi un peu.

Je fronce instantanément les sourcils. Je le sais que je ne suis pas une très bonne personne en ce qui concerne l'amour, mais le recevoir en pleine gueule comme ça me faisait l'effet d'une claque en plein visage.

- Tu n'as pas besoin de me rappeler à quel point je suis merdique en amour !

- Ce n'est pas ce que j'ai dis. Ivy, tu as peur d'aimer et tu utilises ce bouclier invisible qui te pousse à faire mal aux autres avant d'avoir mal. 

Anna se met à genoux sur le divan et prend mes mains froides dans les siennes. Ses yeux me pénètrent à un tel point que j'arrête presque de respirer.

- Il t'aime, ça se voit. Toi aussi tu l'aimes. Arrête de chercher plus loin.

- Je ne cherche pas plus loin, je me questionne...

- Tu te questionne toujours sur tout, arrête baby !

Elle n'a pas tord sur ce point. Je me questionne toujours sur tout et cette manière d'agir m'a offert que des migraines et de la fatigue que j'aurais pu à maintes reprises m'éviter. Je devrais profiter de cette pause pour me recentrer sur moi-même et arrêter de me poser des questions. Trouver un emploi, reprendre une routine de vie normale et apprendre à m'aimer moi-même avant toute autre chose. 

Les yeux d'Anna me fixent toujours pendant que je réalise cette simple idée de me concentrer sur moi. Quand elle sourie, je sais qu'elle a comprit silencieusement ma décision et elle se blotti contre moi. 

****

J'entre dans l'appartement en trainant les pieds. Je ne me rappelais plus à quel point c'était fatiguant d'aller porter des curriculum vitae et de chercher des emplois disponibles et intéressants. Après une semaine de recherche, je n'avais trouvé que trois entreprises qui cherchaient des comptables sans exiger les dix ans d'expériences que je n'avais pas. Je m'avais même informé sur les patrons qui les dirigeaient pour évité de retomber sur un homme frôlant la personnalité d'Allan Parker. J'avais tordu légèrement mon orgueil en lui demandant des références pour mon nouvel emploi. Après m'avoir fait savoir qu'il regrettait mon absence au sein de son entreprise et dans sa vie, il m'avait offert de parler en bien de moi à plusieurs confrères pour aider ma recherche d'emploi. Étant donné que j'ignorais qui faisait partie ou non du club de Victor, j'avais hésité un instant pour ensuite accepté en me convaincant que deux situations similaires étaient peu probable.