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- Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.

- Vous m'avez déjà punie de cette manière, pourquoi maintenant ce serait mal ?

Il me repousse et m'assoit à ses côtés. Après s'être passé la main dans les cheveux, il tourne la tête vers moi.

- Parce que ce serait votre décision et non la mienne.

- Pour une fois que je veux aller dans cette pièce...

- Justement, pourquoi voulez-vous y aller ?

Allan fronce les sourcils. Pendant qu'il patiente pour avoir ma réponse, je me rends compte que je ne sais pas du tout si je devrais lui dire pourquoi je veux y aller. De toute manière, ce n'est pas comme s'il m'avait déjà réellement écouté. Il relève son menton fière et continue de me fixer.

- J'attends, Ivy, dit-il rudement.

- Je veux ressentir quelque chose... chuchote ma voix.

- Je ne comprend pas, ressentir quoi ?

Je me sens stupide. Comment je pourrais lui expliquer que j'ai envie de ressentir la peur, la douleur et tout ce qu'il voudra tant que ce n'est pas l'absence d'Alex. Comment ai-je fais pour ne pas y penser ? Je ramène mes jambes contre moi et les entoure de mes bras. Je me sens cruellement vide, épuisée et perdu. Est-ce que je devrais réellement continuer tout ça ?

- Ivy, si vous ne parlez pas, comment voulez-vous que je puisse vous aider ?

- Je n'ai pas demandé votre aide Allan. J'ai envie d'être seule.

Quand je me lève du lit, il m'attrape le poignet mais je me dégage rapidement. Malgré la pénombre, je peux voir son visage se durcir devant mon refus. Il demeure silencieux pendant que je m'éloigne pour enfiler un peignoir et sortir de la chambre. J'ai envie d'aller dans la salle de projection et me perdre devant plusieurs films à l'eau de rose qui me ferait sûrement pleurer. Je ressentirais enfin quelque chose. Devant la porte, je regarde derrière moi, Monsieur Parker ne me suit pas. J'ouvre la porte et la referme derrière moi avant de la verrouiller. Dans l'immense bibliothèque, je prends le dvd '' les pages de notre amour'' avant d'aller m'étendre et d'appuyer sur le bouton lecture. Les scènes, que je connais par cœur, défilent devant mes yeux. Je ne sais pas pourquoi les gens croient en l'amour comme s'il pouvait être interminable. Ce sentiment me poussera toujours à me questionner sur plein de choses que d'autres au contraire prennent pour acquis. J'ai cette boule d'émotion qui serre ma gorge et je ferme les yeux lorsque j'entends la poigné bouger. Deux larmes lourdes glissent le long de mes joues pour tomber sur ma poitrine. Je croise les bras et ignore Allan de l'autre côté de la porte qui me demande de lui ouvrir. J'appuie sur le bouton pour monter le volume. Après plusieurs minutes, je n'entends plus rien, complètement captivé par ce film que je connais sur le bout des doigts.

Les esprits romanesques considéreront cet amour comme une magnifique histoire, les cyniques comme une tragédie.

Si je considérais les pages de notre amour comme une magnifique histoire tragique ? Et si aimer était toujours tragique ? En ce qui me concernais, je doutais simplement de comment je pouvais me sentir. J'avais un homme riche et tordu comme amant, qui clamait son amour haut et fort en désirant que je l'aime aussi en retour. Toutefois, il manquait quelque chose, il manquait toujours quelque chose avec Allan. Monsieur Parker a tout ce qu'une femme puisse désirer dans sa vie. Un bel homme riche et déterminé. Alex avait capturé mon regard d'un coup et malgré la distance, il me hante toujours. Je lui ai dis que je l'aimais, j'étais prête à m'engager avec cet homme qui m'aimait jusqu'à ce qu'Allan arrive et vient tout gâcher. Pourtant, j'avais le choix de refuser ces quatorze jours et je ne l'ai pas fait. J'ai simplement dis oui. Si ces deux semaines étaient le parfait moyen pour Allan de me faire croire que j'éprouvais des sentiments envers lui ? Je me suis questionné sur ce lien qui m'unissait à lui. En vain, je ne sais pas encore ce qu'est ce sentiment qui m'anime lorsqu'il ose m'offrir quelques moments d'affection. Je ne devrais pas me questionner autant sur ce que je veux en utilisant ses sentiments pour en arriver à mes fins. Tout cela a commencé parce que je voulais me venger. Maintenant, je suis prise dans un engrenage et je n'ai plus aucun contrôle sur la situation. Je pourrais partir, je pourrais lui dire que je ne veux plus de tout ça et rentrer chez moi mais connaissant Allan Parker, ce ne serait qu'un bref répits. Il m'a montré à plusieurs reprises à quel point il est persévérant. Intérieurement, je ne crois pas que je sois prête à quitter ces lieux. J'ai cette impression qu'il me manque quelque chose et j'ignore encore quoi. Peut-être que c'est cette conversation avec Anderson qui m'a fait peur. Je me questionne encore sur qui est Vanessa. Cette peur qui m'envahit seulement en repensant à ses réactions quand je pose trop de questions sur sa vie personnelle. Il n'aime pas discuter de lui même et je ne peux pas lui reprocher, je suis de la même branche.

InsolenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant