Insolence

20

Alex

Elle ne peut pas faire ça.

- Ce n'est pas toi...

L'émotion me prend à la gorge et je ne peux pas m'empêcher de la voir dans les bras de ce putain de fils de riche. J'ai envie de hurler comme je n'ai jamais hurler de ma vie. Ça fait un mal de chien.

- Ah, ne me sors pas cette putain de phrase de merde Ivy. J'en ai marre de tes conneries. Tu as décidé de changer de mec et tu es trop lâche pour me le dire directement ? Non, tu as raison, ce n'est pas moi, c'est lui. Ça toujours été lui depuis le début.

Ce n'est pas vrai. Je n'ai pas vécu tout ça pour qu'elle tombe dans les bras d'un connard pareille. J'étais prêt à lui offrir tout ce que je n'ai jamais donné à personne d'autre. Je savais dès l'instant où je l'ai vu dans cette salle de bain que cette femme me dévorerait de l'intérieur, mais je ne pouvais pas la laisser passer. J'ai eu envie d'elle seulement en la voyant à cette table. Je voulais la sentir, la toucher et l'entendre dire mon nom de toutes les manières possible et imaginable. Je sers les dents et ferme les yeux, mais la douleur ne s'atténue pas, elle s'agrandit.

- Justement, tu te fous le doigt dans l'œil là. Je viens tout juste de raccrocher avec lui après lui avoir dis la même chose qu'à toi. Tu sais pourquoi ? Parce que justement j'en ai marre de vous deux. Il est temps que je pense enfin à moi et que je me retrouve. J'allais parfaitement bien avant de vous croiser et maintenant je ne sais même plus qui je suis. Vous êtes aussi mauvais l'un que l'autre.

Mauvais ? Je reconnais ne pas être un ange, mais je n'ai jamais prétendu en être un. Je n'ai jamais voulu la changer. Je l'ai toujours désiré pour qui elle est. On dit que pour chaque homme, il y a une femme pour le détruire. J'aurais dû le voir depuis le début qu'elle serait ma perte. Toutes les émotions qu'elle me fait vivre. Ce salaud qui lui tourne autour et qu'elle ose maintenant me lancer dans le même panier que lui.

- Ne me compare pas à cet enfoiré !

Ma voix n'est plus la même, mes yeux s'embrouillent... Putain de merde, je pleure là ?  J'aimerais la supplier, mais je ne peux plus le faire. Je n'ai plus la force de me battre avec tout ça. J'en viens à me demander si j'ai réellement envie de continuer tout ça.

- Alex, je ne veux plus que tu m'appelles. Je ne veux plus te voir, j'ai besoin de ça, tu comprends ?

Je suis seul derrière le bar du Purple Pack, mais pourtant je lève le menton. Je n'affronte personne directement, mais ma gorge me brûle et je ne veux pas qu'elle le sache. Je ne veux pas lui donner l'impression qu'elle a le dessus sur moi.

- Tu peux compter sur moi cette fois ! répond-je calmement avant de raccrocher.

Je fixe mon portable quelques secondes, contenant ma colère, ma douleur et ma fureur. Je ne peux pas. Une boule se forme dans ma poitrine et remonte le long de ma gorge avant de sortir dans un cri puissant et dangereux. J'attrape une bouteille de whisky et bois une grande gorgée, essayant de ravaler la douleur qui refuse de sortir de moi. Pourtant, elle demeure et empire. Je ne peux pas me contenir. Son visage et son sourire flottent dans ma tête. Ses yeux gris qui me regardent, nos moments ensemble ne font qu'agrandir ce que j'essaie de réprimer. Je l'ai perdu. J'ai perdu ma princesse. Mes yeux coulent, ma gorge me brûle mais cette fois l'alcool ne change rien. Je regarde la bouteille dans ma main et je me mets à la détester. Je la déteste de ne pas me soulager. Avec rage, je la lance et elle éclate en millier de petits morceaux contre le mur. Je glisse mes doigts dans mes cheveux et ferme les yeux en déposant mes coudes contre le comptoir. L'odeur du whisky me monte au nez. Je l'ai perdu. J'ai perdu ma princesse.