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Chapitre six

Dimanche 20 décembre 2020

18 :12

Je suis assise près de la fenêtre ouverte du salon, dehors il fait déjà nuit noire. Je regarde la circulation en bas, c'est assez impressionnant, la vie. Les voitures, les passants, la fumée, l'odeur de gasoil mélangée à celle de la pluie et des fast-foods. Le vacarme assourdissant de la ville. J'entends tout, mais il m'est difficile de comprendre quoi que ce soit...

Je ne parle pas seulement de ce qui se passe à l'extérieur, ça à la limite, je n'y trouve pas beaucoup d'intérêt. Ce qui m'embête c'est surtout que je ne comprends pas les gens.

Par exemple, je ne comprends pas pourquoi des personnes pour qui on a tout donné peuvent nous faire autant de mal. Ni comment notre propre famille peut se montrer aussi cruelle.

J'ai entendu l'histoire de Gail et j'ai eu du mal à comprendre, je n'admets pas et n'admettrai jamais autant d'intolérance et d'égoïsme.

Elle a écouté la mienne, sans faire un commentaire désobligeant, ni émettre une opinion. Elle a simplement écouté et elle a parfaitement compris ma décision. Visiblement, la jolie brune est plus habituée que moi aux récits de vies désastreuses. Pourtant j'en ai vécu une.

On n'en a pas reparlé depuis, je ne pense pas qu'on mentionne à nouveau le sujet, je sais qu'elle ne dira rien à personne. Gail sait que je ne veux pas en parler, que je suis ici pour oublier...

On n'a toujours pas trouvé de solution à son problème de logement. La sœur de Ron vit chez moi depuis environ deux semaines. On se marche un peu dessus mais cette cohabitation nous a beaucoup rapproché.

Cameron est au courant mais il n'a pas dénié venir une seule fois avec Julian qui lui, nous rend très souvent visite. Visiblement sa fierté est plus grosse que lui, il n'a même pas appelé.

La brune est installée sur le canapé et lit paisiblement. Je décide donc que c'est le bon moment, j'y ai assez réfléchis, je suis sûre de moi.

-Gail ?

Elle lève nonchalamment les yeux de son magasine d'écologie.

- Oui ?

- J'ai pensé à quelque chose, à une solution qui pourrait nous arranger toutes les deux.

-Dis-moi tout.

-Et si tu restais vivre ici, je veux dire officiellement. Elle a l'air très étonnée, mais pas dans le mauvais sens. Je continue. Comme ça, toi tu aurais un vrai chez toi et moi ça m'allègerait les dépenses de loyer. Je pourrais donc économiser plus et m'inscrire à l'université plus rapidement. Et toi aussi, on pourrait commencer avant le printemps.

- Ça me plairait beaucoup, elle répond, un immense sourire orne son visage, mais tu en est sûre, tu veux vraiment m'avoir dans les pattes tous les jours ? Même en cours ?

-Du moment que tu te charges de la cuisine et que tu te charges de tout le ménage, ça ne me dérange pas.

- Oh je vois, en fait tu ne veux pas m'aider par amitié, tu ne peux tout simplement plus te passer de mes plats ! Elle prend un air faussement vexé.

- J'avoue, tu m'as percée à jour. Je ris. Non, plus sérieusement, je pense que c'est la meilleure option. Ce n'est pas très grand, mais jusque-là, on s'en sort bien je trouve.

- Je resterai avec plaisir. Elle dit calmement, penchant sa tête vers la droite, songeuse. Et puisque... enfin je sais que tu es toute seule à Noël, et moi aussi du coup... je suppose qu'on va le fêter ici, ensemble.