éluder

13!

Chapitre treize

23h57

On est remontés pour être là au moment du passage à 2021. Lorsqu'on s'apprête à franchir la porte, celle-ci s'ouvre brusquement laissant apparaître Daphné. Elle sort en furie et Julian pose un regard inquisiteur sur son meilleur ami, droit comme un pic devant la porte.

-On est plus ensemble, je t'expliquerai. Ron répond à la question silencieuse de Julian et me regarde droit dans les yeux avant de s'en aller.

- Décidément cette année commence affreusement bien. Blondie se réjouit. C'est vrai que même si je ne voulais pas venir, c'est de mieux en mieux !

-DIX, NEUF, HUIT, le décompte est enclenché, SEPT, SIX, Julian et moi nous empressons de rejoindre les autres, CINQ, QUATRE, TROIS, DEUX, UN, BONNE ANNÉE ! Le beau blond fait un bisou sur la joue de ma meilleure amie alors que la surprise se dessine sur les traits de cette dernière.

Tous les couples les imitent à leur façon. S'en suivent les embrassades hypocrites habituelles. Je souhaite la bonne année à des gens que je ne connais même pas. J'envoie un message de vœux à mes employeurs.

Je cherche Cameron. C'est le seul qui manque à l'appel.

de Tina :

T'es où ?

Quelques secondes plus tard il me répond.

RON:)

dans ma chambre.

Je ne suis pas sûre qu'il veuille que je vienne mais tant pis, je vais quand même le rejoindre. Quand j'entre, le calme de la pièce m'interpelle même si on entend toujours les vibrations des basses qui émanent du salon, je pourrais les confondre avec les battements de mon cœur qui s'accélèrent étrangement à l'idée de me retrouver à nouveau seule avec lui. L'excitation, sans aucun doute.

Ron est avachi sur son grand lit, la lune gibbeuse qui se dresse derrière lui éclaire son visage à travers la vitre vertigineusement haute. Ses boucles prennent un éclat argenté dans la lumière laiteuse de la lune. Il est beau, presque irréel à vrai dire.

Il lève la tête mais l'obscurité m'empêche de distinguer ses traits.

-Je ne pensais pas que tu viendrais...

-Mais je suis venu. Je souris timidement, soudain impressionnée par la scène qui se déroule devant moi. Tu as loupé le décompte. Bonne année.

-Bonne année Tina. Il tapote sont matelas. Viens, assieds-toi. Plus je m'approche, plus je parviens à voir son visage. Aucune trace de larmes ou d'une quelconque manifestation de tristesse.

-Tu veux en parler ? Je propose.

-Il n'y a pas grand-chose à dire. Il se gratte la nuque, gêné. C'était plutôt prévisible. Il y a un moment qu'il ne se passe plus rien entre nous.

-Je vois... A vrai dire, je pense que tout le monde l'avait remarqué, mais je me garde de tout commentaire.

-Je suis juste déçu de ne pas avoir mieux gérer que ça. Il attrape un angle de ses draps noirs et le tripote nerveusement.

-Mieux gérer quoi ?

-J'aurais préféré trouver le courage de rompre bien plutôt. C'est seulement en voyant Abigail tenir tête à mes grands-parents que je me suis dit qu'il était temps pour moi de faire ce que je voulais vraiment.