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Chapitre 11

Jeudi 31 décembre 2020

14H37
PDV Tina

Je viens tout juste de me réveiller, depuis Noël, je n'ai plus aucun rythme. Je fais insomnies sur insomnies. Je n'arrête pas de cogiter. J'essaye de laisser toute cette histoire derrière moi, mais je revis les scènes en permanence. Gail m'allège l'esprit quand elle est là, mais dès que je me retrouve seule, c'est inévitable.

J'entends les hurlements que je poussais, la douleur, le froid, ses mains qui m'empêche de les arrêter, le sentiment d'injustice alors que l'homme que je croyais aimer me voler le droit de choisir. Jamais on ne pourra me rendre ce qu'il m'a pris.  Ca tourne tellement dans ma tête que j'en ai la nausée.

Je n'ai même pas envie d'aller à la fête de ce soir, mais j'ai déjà accepté alors bon... j'irai.

Je suis quand même contente de revoir Cameron de qui je n'ai pas eu de nouvelles depuis qu'il est parti en fin de matinée le 26. Il m'avait fait un énorme brunch. Il a vraiment été adorable avec moi.

J'ai agi comme si je ne me rappelai rien de la soirée. Mais c'est complètement faux. Je me rappelle tout, absolument tout et d'ailleurs je pense qu'il s'en doute. J'ai juste eu peur de faire face à tout ça. Non pas que je sois gênée de l'avoir embrassé, c'est ce dont je suis le moins honteuse.

Ce qui me dérange, c'est plutôt la partie où je tente de le déshabiller un peu avant de mentionner le nom de mon ex.

De toute façon ça doit l'arranger que je ne me « rappelle pas », vis à vis de Daphnée. D'ailleurs je m'en veux un peu par rapport à ça. Même si je la déteste je ne pourrais pas, en étant sobre, coucher avec le petit ami de quelqu'un.

Bref, en tout cas il n'avait pas l'air trop vexé que je feigne le black-out. Il est parti en me disant qu'il avait hâte d'être à nouvel an et que si j'avais à nouveau besoin de quoi que ce soit je pouvais l'appeler.

Je n'ai pas eu de nouvelles depuis mais le grand jour de nouvel an a sonné. Je vais choisir ma tenue tout de suite pour ne pas me prendre la tête ce soir. Je jette un coup d'œil peu enthousiaste dans mon côté de la commode que je partage avec ma charmante colocataire. Je ne trouve pas mon bonheur dans ma garde-robe qui, je l'avoue, est assez limitée.

-Tu peux te servir dans mes fringues si tu veux. Gail entre, me faisant sursauter.

-Arrêtes de faire ça !

-Faire quoi ? elle demande, un petit sourire mutin scotché sur les lèvres.

-Rentrer s'en prévenir, tu veux que je fasse un arrêt cardiaque ?

-Excuse-moi. Laisse-moi choisir ta tenue, je la regarde septique, s'il-te-plait ?

-Seulement si tu ne m'oblige pas à sortir avec plus de trois couleurs sur le dos. Elle baisse les yeux sur sa propre tenue, un maelström d'orange, rouge, bleu... Il y en a tellement ...

-C'est dans mes cordes, t'inquiète, je sais déjà quoi te donner.

-J'ai déjà peur. Elle ignore ma remarque et se met à fouiller notre penderie. En moins d'une minute elle ressort de la une splendide robe satinée noire. WOW, d'où tu sors un truc pareil ?

-Tu as sous les yeux une pièce unique, une œuvre de haute couture, faite sur mesure pour moi. C'est un cadeau que ma grand-mère ma fait il y à quelques mois, pour un cocktail, tout ce qu'il y de plus élitiste, un maximum de millionnaires, un minimum d'amusement. Tu vois le genre. C'est vrai que parfois j'oublie qu'ils viennent d'une famille de la haute... Elle la place devant moi pour se faire une idée. Je suis quasiment sûre qu'elle t'ira. Essaye quand même au cas où.

Je l'essaye devant elle. Je n'ai jamais été pudique, encore moins devant Gail. La robe me va presque parfaitement. Elle est seulement un peu longue de mais rien de choquant. Le tissu glisse élégamment sur ma peau, j'ai l'impression de ne rien porter tellement le vêtement est léger. Le dos nu laisse visible le tatouage tracé le long de ma colonne vertébrale : « Memento Mori – Si vis vitam, Para mortem ». Celui-ci se place en dessous d'une carte de tarot tatouée sur ma nuque, La Grande Prêtresse. 

-Sensationnelle, si avec ça tu ne fais pas tourner les têtes, je ne m'y connais pas.

-Je ne vais pas à cette fête pour faire tourner les têtes. Je réponds en me regardant dans le miroir en face de moi.

Le seul minois qui me vient à l'esprit c'est celui de son frère, j'ai un goût d'inachevé depuis cette soirée. Je sais que Gail ne m'en tiendra pas rigueur vu ses relations avec Julian, elle n'a rien à dire. Surtout que là, il n'est en aucun cas question de sentiment. Juste de divertissement, j'ai besoin d'oublier, de passer à autre chose, et surtout, surtout, il est question d'une extrême attirance entre nous et d'une connexion indéniable.

Bon il a une Daphné sur le dos, je ne ferai donc rien de condamnable. Je ne compte ni coucher avec lui, ni l'embrasser, ni rien de cet ordre-là. Cependant, rien ne m'empêche de provoquer un peu le destin, une chanson en espagnol, un prétexte pour se déhancher un peu, quelques regards explicites, juste histoire de faire enrager la jolie rousse. Je ne pense pas briser leur couple, ils n'ont pas besoin de moi pour ça, à mon avis.

20 :00

Je suis prête. Mes bagues ornent mes doigts vernis de noir, mes colliers sont en place, mes boucles d'oreilles aussi. Un long trait de liner étire mes yeux, ma bouche est peinte de rouge et je brille d'highlighter. Mes cheveux ont été lissés, une petite idée de mon amie pour changer un peu. Sauf qu'en remarquant que leur longueur cachait mes tatouages, elle a décidé qu'il serait plus judicieux de les attacher en une queue de cheval haute dans laquelle elle a réaliser une natte qui s'arrête au milieu de mon dos.

J'ai assorti la robe de Gail à une paire de sandales à talons lacés autour de mes chevilles. Je vais sûrement mourir de froid sur le chemin mais tant pis.

Je boucle mon sac. Étant donné qu'aucune de nous deux n'a le permis, Julian nous a proposé de dormir là-bas. J'ai donc emporté un pyjama, ma brosse à dents et tout le tralala.

Je regarde autour de moi à la recherche de quelque chose que j'aurais oublié. Mes yeux se posent sur le pull que Cameron m'a prêté et la chemise que j'ai lavée, soigneusement pliés et posés sur mon lit. J'entends les pas de Gail approcher et je m'empresse de les fourrer dans mon sac.

-Tu es prête ?

-Oui, allons-y.

Je ne me suis pas trompée. J'ai si froid, je jurerais que mes doigts sont sur le point de se briser quand j'amène ma cigarette à mes lèvres. Un long manteau de fausse fourrure noire couvre la majorité de mon corps, mais les températures hivernales sont fatales dans la région.

Le chemin a semblé durer des heures mais il est seulement 20h30 quand on arrive enfin... Un bon nombre de personnes sont déjà là. C'est Julian qui nous accueille.

-Bonsoir mesdames ! il nous enlace l'une après l'autre. Je vois son regard trainer sur la grande brune qui m'accompagne. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle porte un ensemble tailleur oversized en similicuir noir qui met en valeur ses jambes interminables. Avec ça elle a mis un body en dentelle rouge. Le tout à mille lieues de son style quotidien. Vous êtes resplendissantes.

-Merci Julian. Tu n'es pas mal non plus. Je réponds pour nous deux et Gail se contente d'un sourire entendu.

La musique est assourdissante et l'atmosphère lourde, la soirée s'annonce...propice à la perdition. 

On dépose nos sacs dans la chambre d'amis et suivons Ju vers la cuisine où on retrouve tous les autres. Je suis contente de retrouver les filles mais la vision d'une tignasse rousse me fait déchanter. Daphné. Elle s'accroche au cou de Cameron comme une moule à son rocher. Il se tiennent légèrement à l'écart du reste, elle nous tourne le dos et cache la vue de Ron. Ils ne nous ont pas vu arriver.

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