Nom de Code : Snow

Rendez-vous sur les quais

Il était tard...

Une silhouette encapuchonnée marchait à pas lent à travers les docks. De loin, personne ne pouvait l'identifier. Elle avait les mains dans les poches de sa parka noire. Son jean slim noir laissait cependant apparaître de longues jambes galbées, divines pour les yeux des mecs qui bossaient par là.

- Hey ! Ma jolie ! Viens voir !

Un sifflement aigu appuya ces paroles reloues. Hyuga Hinata en soupirait déjà de dépit, consciente depuis longtemps qu'elle aurait à faire face à ces braves types libidineux. Elle ne venait pas ici pour le plaisir de se faire reluquer. Elle avait un rendez-vous extrêmement important, voire capital.

Le type rit comme un gros beauf avec ses collègues et délaissa son taf pour la suivre. Elle fit de son mieux pour le semer, mais il ne lâcha pas l'affaire.

- Aller, quoi ! Viens avec moi, tu le regretteras pas !

- Je suis un peu occupée là.

Il arriva à sa hauteur et tira sur sa capuche, libérant sa longue chevelure de nuit. La jeune femme sentit la contrariété monter.

- Tu devrais pas traîner par ici. Aller viens, je t'offre un coup.

L'importun tenta de lui saisir le bras. La jeune femme se laissa faire et, au moment où il pensait qu'elle allait s'affaler contre lui, passa sous la main masculine pour se positionner vivement dans son dos, telle une ombre. Elle lui donna un léger coup dans le creux poplité pour qu'il s'agenouille, et lui fit une clé de bras.

Il n'eut pas le temps de gémir de douleur que ses yeux s'agrandirent face au canon d'un revolver, un Sig Sauer P226.

- Je te présente Gin, mon petit ami. Il faut l'excuser, il est un peu jaloux.

- Euh... Je...

- Ne t'inquiète pas, il ne te fera rien si tu me lâches la grappe. Aller, barre-toi. Comme je crois te l'avoir déjà dit : je suis occupée.

La brune le relâcha et l'homme s'enfuit sans demander son reste. Un autre soupir agacé. Pourquoi donner un rendez-vous ici ? Certes, même en pleine nuit, l'endroit regorgeait d'activités et faisait un bordel pas possible. Pour noyer toute conversation, c'était l'idéal...

Mais un resto, c'était bien aussi, et plein de monde ! Hinata remit sa capuche, reprit son chemin et atteignit enfin son but. Une autre femme se trouvait là, dans un manteau marron.

- Zofia Grzybek ?

La femme hocha la tête.

- Snow ?

- Oui. Je suis votre contact de l'agence Ishi no Otoko. Vous avez quelque chose pour moi ?

Nouveau hochement de tête. Les deux femmes se rapprochèrent. La brune observa son interlocutrice.

Une belle polonaise blonde au teint presqu'aussi clair que le sien lui tendit un disque dur.

- Voici les informations que vous avez demandé. En échange, comme convenu, je veux l'immunité, et l'assurance que cet enfoiré soit mis hors d'état de nuire.

- Nous avons tout préparé. Une fois le disque dur décodé, vous serez à l'abri et intouchable. Vous avez ma parole.

La blonde sourit.

- Vous savez mieux que personne que les paroles s'envolent et les écrits restent. Je veux une preuve.

Hinata souhaita répondre, mais le bruit caractéristique d'une détonation retentit au moment où le silence s'était fait une place. La brune écarquilla les yeux, avisant la tâche rouge qui s'élargissait sur la poitrine de la polonaise. Elle observa tout autour, repéra un mouvement sur le toit qui les avait direct en vue. Le tireur arma son fusil de nouveau.

- Merde !

Le tir les rata de vingt bons mètres.

*Mon dieu qu'il est mauvais...* 

Elle réceptionna la blonde autant qu'elle le put, puis l'allongea sur le sol. C'était trop tard.

- Zofia, restez avec moi !

Une main fine et blanche s'agrippa faiblement à son col. Hinata observa la mourante aux yeux vitreux qui voulait lui dire quelque chose. Elle se pencha le plus possible pour écouter, en se concentrant au maximum.

- Je l'ai, la carte d'accès au réseau de Zablocki. Je l'ai cachée...

- Où ? Où est-elle ?

- Dites-lui qu'il est tombé... de ma part... promettez-moi...

- Oui, je vous le promets, Zofia, mais dites-moi où est cette carte !

Hinata s'impatienta. Elle voyait bien les dernières secondes de vie de la polonaise défiler en attendant cette information qu'elle avait recueilli à la dernière minute. La blonde l'observa d'un regard rêveur, une goutte de sang évadée de sa bouche qui coula jusqu'à son cou.

Des bruits de portes et de machines se firent entendre. Problèmes supplémentaires ? Hinata espérait bien que non.

- Fleur de cerisier...

Hein ? C'était une blague, ça !

- Quoi ? Zofia, que voulez-vous dire ?

- Sous le banc... derrière la maison b-beige...

Zofia ferma les yeux et exhala son dernier souffle. La brune poussa une exclamation dépitée. Si la polonaise parlait vraiment d'une fleur de cerisier, autant chercher une aiguille dans une botte de foin...

En attendant, Hinata se mit à fouiller le corps encore tiède.

- Je suis désolée mais je n'ai pas le temps d'être plus respectueuse.

Elle fit chou blanc. Et cela lui était vraiment désagréable. Juste quelques papiers inutiles ou des cartes de crédit périmées. La jeune femme les embarqua quand même, par acquis de conscience. Puis elle s'assied sur ses talons, fortement agacée.

- J'espère que vous avez trouvé ce que vous cherchez...

Génial. Un autre lourdingue.