Chapitre 6

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Mes paupières papillonnent et l'odeur citronnée m'aide à me réveiller. Je me redresse dans mon lit et observe la chambre à travers les quelques rayons de soleil, qui s'échappent des épais rideaux noirs. Ma chambre...

Cela fait plus de deux semaines que j'y couche. Loïc m'a dit que je devais me reposer au maximum, récupérer des forces. Je mange à nouveau à ma faim et je reprends peu à peu les formes que j'avais perdue. Les journées sont paisibles, je me balade aux côtés de Loïc dans les jardins, du moins lorsqu'il ne travaille pas.

J'aime bien nos conversations, elles sont interessantes. Il m'a appris qu'il avait hérité de ce manoir et qu'il était chef d'entreprise en dehors d'ici. Je suppose qu'il travaille à distance, vu le temps qu'il passe entre ces immenses murs de pierre.

Je dois avouer que mes sentiments à son égard sont plus que confus. J'ai toujours une grande tristesse et colère au fond de moi, mais tout s'apaise petit à petit, laissant place à... Je ne sais pas vraiment. De la sympathie peut-être ? De la tolérance ? Je ne saurai décrire le sentiment qui me lie à lui, mais il est déjà plus agréable qu'auparavant. Disons moins agressif.

Je sors du gigantesque lit, particulièrement confortable et ouvre les rideaux, laissant le soleil illuminer la pièce. J'observe un instant l'extérieur et aperçois, comme tous les jours, les deux mercenaires qui font leur ronde. Je reste ainsi, perdue dans mes pensées, jusqu'à ce qu'on toque à ma porte. Je sursaute et Loïc entre en me saluant d'un magnifique sourire.

Il passe une main dans ses cheveux, geste très habituel chez lui, puis s'approche. Il considère, avec un intérêt calculateur, mon short et mon tee-shirt plutôt moulants qui me servent de pyjama.

   -Tu as bien récupéré, dit-il en remontant lentement son regard le long de mon corps.

J'ignore s'il parle de mes forces vitales ou de mes formes, mais les deux conviennent, j'imagine.

   -C'est le jour J, First, sourit-il en caressant tendrement ma joue.

   -Votre fameux projet ? Demandais-je en rivant mes yeux aux siens d'un marron hypnotique.

   -Notre projet, rectifie-t-il avant de se diriger vers mon armoire. Tout va commencer avec toi, ma chérie, tu seras le modèle des prochaines arrivantes.

Tout cela ne me dis rien qui vaille, mais je me soumets, ne voulant plus lutter contre tout cela. C'est épuisant et effrayant.

   -Ce soir, commence-t-il en posant sur mon lit une robe noire en dentelle, un homme va venir te voir. Tu devras lui obéir, First.

Je fronce les sourcils et mon regard passe de lui, à la robe plusieurs fois d'affilée. Les pièces du puzzle se mettent progressivement en place et je comprends alors enfin son... "Projet". Ce n'était pas de la compagnie qu'il voulait, cette collection de femme qu'il souhaite n'est pas pour lui, loin de là. C'est pour les autres.

Bordel ! Il est entrain de constituer un réseau de prostitution, visiblement haut de gamme, et j'en suis la première victime !

Je reste figée, fixant la robe que je trouve soudainement vulgaire et bien trop dénudée à mon goût, en sachant dans quel contexte je vais devoir la porter. Loïc tient peut-être à moi, mais uniquement pour l'argent que je vais lui rapporter. Voilà pourquoi il voulait que je retrouve mes formes, afin de plaire à ses clients.

Un frisson de dégoût et de colère me remonte le long de l'échine et je m'approche de lui d'un pas rageur. Il doit sentir ma fureur puisqu'il me laisse faire lorsque je le pousse contre l'armoire. Mais son sourire habituel disparaît immédiatement.

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