Chapitre 2

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Six ans plus tôt.

    Je regarde une énième fois mon reflet dans le miroir et exécute une moue d'hésitation. Cette robe noire, moulante et aux manches longues est absolument magnifique. Mais peut-être est-elle trop courte ou trop osée ? Ou peut-être...

-Arrête de te poser des questions, Sophia, soupire ma mère en interrompant le cours de mes pensées. Tu es superbe.

     Je détourne le regard et imite le sourire qu'affiche ma mère. Affalée sur le canapé, à côté de mon père, avec un magazine sur les genoux, elle m'observe de ses yeux bleus clairs, les mêmes que les miens, et finit par s'approcher de moi. Elle nous fait pivoter toutes les deux, face au miroir mural de l'entrée et se met à arranger mon chignon, dont plusieurs mèches blondes s'échappent.
    Une blondeur que je tiens de mon père, actuellement très concentré sur le match de football qui est diffusé à la télévision. Une passion chez lui. En plus de ma chevelure, il m'a également transmis son visage ovale aux hautes pommettes et sa petite taille. Mon petit mètre soixante ne me parvient pas à dépasser ou égaler la majorité des personnes que je connais.
    Quant à ma mère, grande brune aux larges hanches, j'ai hérité de son petit nez en trompette et de ses belles formes. Elle retire une peluche invisible sur mon épaule et je vois ses yeux devenir brillants.

-Je suis si fière de toi, murmure-t-elle en s'essuyant une petite larme, déjà dix-huit ans.

-Maman, souriais-je, ne pleure pas !

    Étant de nature assez maniérée, elle fait un petit geste de la main et appelle mon père.

-Daniel, viens faire un bisou à ta fille. Avant qu'elle ne s'en aille de la maison, maintenant qu'elle a son diplôme de fin de lycée en poche.

    J'éclate de rire face à sa manie de constamment exagérer les choses.

-Tu sais très bien que je vais à l'université d'à côté maman, je ne vais pas partir.

-Laisse-la faire sa petite scène d'adieu, se moque gentiment mon père, elle en a besoin pour accepter que son bébé a grandi.

    Je me réfugie dans les bras que me tend mon paternel et il me serre fort contre lui. Les quelques secondes en plus, qu'une embrassade ordinaire demande, me prouvent que lui aussi a du mal à me laisser partir. Pourtant ce n'est qu'une soirée entre amis pour fêter l'obtention de notre diplôme. Mais apparemment, cela représente une grande étape pour mes parents.
    J'enfile uniquement mes jolies bottines rouges à talons, faisant assez doux en ce soir d'été pour ne pas mettre de veste. Puis j'attrape ma sacoche et les clés de ma nouvelle voiture , que m'ont offert mes grands-parents maternels, après que j'ai obtenu mon permis un mois auparavant.
    Il n'y a pas à dire, j'ai la meilleure famille au monde.

-Sois prudente sur la route, ma chérie, dit ma mère en s'avançant dans l'encadrement de la porte d'entrée, suivie de mon père.

    Je lui promets puis leur adresse un signe de la main, avant de faire marche arrière et de m'engager dans la rue. Quelques minutes après, et seulement trois rues plus loin, je m'arrête devant la maison de ma meilleure amie. M'attendant déjà devant, elle monte s'installe sur le siège passager accompagnée d'un immense sourire.

-Ça va être fantastique, s'écrit Lorie en vérifiant qu'elle n'a rien oublié dans son sac.

    J'observe ses cheveux raides et incroyablement noirs, qu'elle doit à ses origines asiatiques, bouclés pour l'occasion. Ses yeux noirs, en amande, sont superbement maquillés et sa combinaison d'un bleu nuit épouse parfaitement son fin et grand corps, l'opposé du mien.

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