Chapitre 10

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-First, tu es... Sublime ! Murmure Loïc en tournant autour de moi, un immense sourire sur le visage.

    Nous sommes le soir de Noël, et j'ai un goût terriblement amer dans la bouche. Nous sommes le soir de Noël et ma famille doit s'être rassemblée, loin de moi. Nous sommes le soir de Noël et je suis enfermée dans un manoir avec des monstres. Nous sommes le soir de Noël et je préfèrerai être morte.

    J'ai pleuré des heures, peiné à cacher mes yeux gonflés sous une tonne de maquillage, puis me suis habillée de la robe qu'a choisi l'homme en face de moi. Longue et droite au point de traîner sur le sol, elle est d'un bleu très sombre, ressemblant au ciel actuel de la nuit. Une fente sur le côté droit remonte jusqu'à mi-cuisse, laissant apercevoir ma peau blanche comme neige, bien qu'encore marquée par des bleus désormais jaunes. Un bustier simple et élégant, n'en dévoilant pas de trop, puisque le dos nu descendant jusqu'au creux de mes reins s'en charge.

    Oui, une magnifique robe, accompagnée d'un chignon raffiné et de bijoux très, très chers. Mais je ne veux rien de cela, si je le pouvais, si je l'osais, j'arracherai ce collier et ces bagues pour les lui jeter à la figure.

-Notre premier Noël, dit-il excité comme un gamin, que ça va être chouette ! J'ai prévu de belles choses, tu verras.

    Je hoche simplement la tête et l'observe faire les cents pas dans ma chambre en continuant d'énumérer ses rêveries, vêtu d'un très beau costume. Sa coiffure est légèrement différente, ses cheveux semblent encore plus cirés et tirés vers l'arrière. C'est un homme qui aime prendre soin de lui, il n'y a pas de doute.

    Son parfum boisé devenu habituel, embaume la pièce et je m'installe sur un des canapés, afin d'enfiler mes escarpins noirs, qui massacrent déjà mes pieds à vu d'œil.

-Es-tu prête ? Me demande-t-il en tendant sa main.

    J'observe cette dernière attentivement, remarquant chaque détail, comme les plis de ses phalanges et ses ongles soignés. En me concentrant bien, je perçois même quelques veines qui courent de son poignet à ses doigts. Sans même la toucher, je sais déjà qu'elle est douce, cela transparaît à travers sa peau beige.

    Il se racle doucement la gorge et je finis par porter ma main à la sienne, qui s'avère aussi agréable au toucher que ce que je pensais. Il m'aide à me relever et se porte fièrement à mon côté, définitivement heureux de m'avoir dans sa vie. Que cet homme est étrange.

    Je lui arrive désormais aux yeux, bien qu'il me domine toujours. Il caresse tendrement ma joue, en me souriant d'un coin de lèvres et je reste bloquée sur son regard noisette, ne sachant pas quoi faire d'autre. Sa bouche vient alors se poser sur mon front puis, tel le gentleman qu'il est, où du moins qu'il souhaite être, il me fait signe de sortir la première.

    Moquette et talons font mauvais mélange, mes chevilles manquant de se briser à chacun de mes pas. Mais j'arrive tout de même a atteindre le couloir et je me mets à marcher vers Adam, ce satané garde toujours à son poste. Mes chaussures claquent sur le parquet, tel des secondes frappant le décompte avant ce désastreux Noël.

-Joins-toi à nous Adam, s'écrit Loïc en lui donnant une accolade amicale. Tout le Manoir est invité ce soir, mis à part ceux de garde à la sentinelle, évidement.

    Oui, évidement. Ça serait si bête que ceux qui sont censés s'assurer que je ne m'enfuis pas prennent part à la fête. Si bête... Je garde mon regard fixé sur mes pieds, bien que le gauche soit invisible, caché par la robe. Je n'ose pas croiser les yeux d'Adam, sentant ses pupilles vertes me brûler la peau. S'il le pouvait, il me sauterait dessus dans la seconde même, je le sais, j'ai appris à connaître ses pulsions dans ce sous-sol.

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