Chapitre 3

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    Le trajet est long, très long. Mais je suis incapable de m'assoupir, bien qu'une bonne partie de la nuit est passée. Déjà parce que le confort de se coffre laisse à désirer, que l'air est étouffant et puis que cette peur viscérale ne me quitte pas. Cela fait des heures que je m'imagine les pires scénarios dans mon esprit, et cela ne m'aide clairement pas à me détendre.

    La voiture finit par ralentir et je ferme les yeux, sachant que le cauchemar va reprendre. Ce n'était qu'une brève pause. Et effectivement, après quelques minutes, le coffre s'ouvre et les deux hommes, dévêtus de leur cagoule, me font face. Le pervers aux yeux bruns est d'âge plutôt mûr, avec une large mâchoire et un nez tordu. Sa moustache brune et fournie n'aide en rien à son air vicieux. Voilà pourquoi il doit sûrement en prendre grand soin.

    Son collègue, aux yeux bleus et aux cheveux clairs a un visage plus dur, aux traits marqués et à la bouche si fine et serrée qu'elle ne forme qu'un trait. Un regard glaçant à l'image de son aura.

-On est arrivés petite tigresse, sourit le brun en m'aidant à sortir. Bienvenue au Manoir !

    Je lui lance un sale regard, puis le détourne vers la bâtisse. Celle-ci porte bien son nom, typique d'un manoir, possédant deux tours en plus de chaque côté, elle est immense et très bien entretenue. Presque l'allure d'un château dans un conte pour enfants. D'incroyables jardins l'entourent, rendant l'endroit plus que charmant. Le tout est entouré de grands murs en pierre, recouverts de mousse verte, qui s'enfoncent dans les jardins derrière le manoir, délimitant sûrement la propriété entière.

    J'entends un bruit sourd et me retourne violemment, constatant qu'un gigantesque portail noir, aux hautes pointes, se trouvant à une cinquantaine de mètres du parking, est lentement entrain de se fermer.

-Non, non, non... Murmurais-je, sentant l'adrénaline pulser de plus en plus dans mes veines.

    Sans vraiment réfléchir, la seule pensée de m'enfuir d'ici tournant en boucle dans mon esprit, je m'élance malgré mes blessures aux pieds vers ce portail. J'entends le grand blond jurer et me courir après. Mais je ne regarde même pas en arrière, pour rien au monde je ne m'arrêterai, c'est ma chance de m'en sortir. Plus je m'approche, plus les grandes portes pivotent. Mais je ne perds pas espoir.
    Vingt mètres.
    Dix mètres.
    J'y suis presque ! Je puise dans mes dernières forces en accélérant et mes pieds touchent à peine les gravas tant je m'élance vers la sortie. Vers ma liberté...

    Une fine ouverture apparaît désormais, me laissant entrevoir l'extérieur. Comprenant que se joue les dernières secondes, je saute presque, légèrement de profil. Je ferme les yeux, ayant peur qu'en les rouvrant je vois ce maudit homme au regard bleu. En entendant le portail se verrouiller pour de bon et aucun bras me secouer pour me relever, je finis par soulever prudemment mes paupières.

    La vue est absolument magnifique, contrastant profondément avec l'horreur qu'est cet endroit. Perchée au sommet d'une falaise, dont le bord se trouve à une centaine de mètres, j'entends les vagues cogner contre celle-ci. L'océan s'étend à l'horizon et le soleil le fait briller de mille feux. J'observe les alentours et comprends qu'il n'y a que nous. Les murs entourant le manoir, sont les seuls signe de vie à des kilomètres, les falaises désertes s'enchaînant à perte de vue. L'odeur emblématique des côtes, iodée et agréable, s'infiltre dans mes poumons et je tente de retrouve mon souffle.

    Mais alors que je reprends ma respiration, afin de courir à nouveau jusqu'à la prochaine habitation, une petite porte que je n'avais vu, étant du même gris que le mur de pierre dans lequel elle se trouve, s'ouvre soudainement. Quatre hommes, entièrement vêtus de noir et lourdement armés, en sortent et s'approchent rapidement de moi.

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