Prose and poetry

Content de vivre

Ah ça, pour être content de vivre, je le suis. Rien, jamais, ne m'a servi de tout ce que j'ai appris. Rien, jamais, ne pourra m'aider de tous ceux que j'ai rencontré. Rien, jamais, ne pourra me rendre heureux parmi toutes celles que j'ai embrassées.

Pourtant, je n'ai pas encore abandonné. Comme un mort-vivant à la recherche de chair fraîche, je cherche une source de bonheur.

Je veux devenir doué dans quelque chose. Alors je donne tout dans une discipline et quand ça ne marche pas je passe à la prochaine.

Raté, mon cerveau ne permet pas d'être assez doué pour "X". Next.

Raté, je n'arrive pas à tenir le rythme pour "Y". Next.

Raté, je n'ai pas le temps pour "Z". Next.

Raté, j'ai pas "l'intelligence" nécéssaire pour "A". Next.

Raté, raté, raté, raté, encore et puis toujours raté.

Alors je continue quand même, et finit par croire qu'un jour, à force, ça finira par fonctionner à cause de la probabilité infime que TOUT me soit inaccessible.

Sauf que les maths et mon destin, ça fonctionne comme la physique quantique et la logique :

Là où il faudrait l'éternité pour trouver le singe qui écrira "Hamlet" du premier coup sur une machine à écrire, il suffit de trouver un exemplaire de mon existence pour prouver qu'il existe un être humain avec une vie pourtant bien "partie" mais qui ira trop mal pour qu'il réussisse quoi que ce soit.

Si ça se trouve, "tout" ne m'est pas inaccessible, mais juste assez pour que RIEN dans le monde physique et "moderne" ne puisse l'être. Accessible, je veux dire.

Si ça se trouve, je pourrais être un homme "puissant" dans une autre dimension, mais je suis né dans celle où toutes mes "capacités" sont inutiles, invisibles, ineffectives ou tout simplement "inACCESSIBLES".

Alors, je me dis tant pis et je recommence en me suicidant ?

Si seulement... A la place, je réessaie. Encore. Parce qu'une connerie de déité ou d'esprit de merde me force à "vivre".

Que ce soit en riant de ma propre incapacité ou en devenant heureux depuis mon malheur, j'enchaîne, j'enchaîne et j'enchaîne les jours puis les mois de "vie".