Chapitre 2

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Ólfaykil

   L'amour est un poison. En tout cas, c'est ce que certains m'ont racontés.
   Mais je n'y crois pas. Les gens qui aiment, ont de la chance, une chance inestimable que certains voient comme une faiblesse, un poison. Un poison qu'il faut éliminer à tout prix.
   Ces gens là, meurent au bout du compte. Ils meurent fous ou brisés. Fous d'avoir détruits des trésors inestimables. Brisés par la solitude, le manque d'amour justement.

   Moi, j'ai connu l'amour. Et je le connais encore aujourd'hui malgré les conditions.

   Même si, un jour, j'ai perdu des êtres chers, je ne suis pas seul.

~*~

   Oriêl vérifia pour la énième fois, que le bandeau vert sauvage qui lui recouvrait les oreilles, et lui retenait les cheveux en arrière du même coup, était bien en place.

- Cache toi sous la nappe, et ne fait plus aucun bruit. Oh, et les elfes seront deux.

   Les deux amis étaient arrivés dans la salle des négociations du père de Faël. Une pièce chaleureuse, aux fauteuils relaxants. Sur les quatre grands murs, étaient peints en gros plan: une rivière sinueuse avec quelques arbres l'encerclant de leur branchages feuillus, et de belles et gracieuses nymphes se baignant dans l'eau voulant paraître claire et pure. Au centre de la pièce, trônait une majestueuse table ronde, recouverte d'une nappe immaculée aux motifs de fleurs d'or. Des plats et des boissons de toutes sortes et toutes senteurs exquises et tentantes étaient disposés sur celle-ci.

   Oriêl se glissa sous la table et, sans émettre un son, elle se coucha sur le ventre en agrippant de ses bras et jambes, une des quatre barres, qui formaient une croix sous la table. Elle entendit Faël s'assoir sur un des fauteuils.

   Des pas retentirent et des voies se glissèrent jusqu'à ses oreilles recouvertent de tissus.

- Entrez, je vous en pris, la voix du maître de la cité résonna, grande et forte.

   Les portes s'ouvrirent et plusieurs personnes entrèrent dans la pièce, dont le seigneur et les elfes. Ils s'asseyèrent autour de la grande table et Faël salua son père.
   Les elfes prirent alors la parole:

- Nous vous sommes reconnaissant de nous acceuillir dans votre demeure. Nous sommes honorés d'être reçus par son altesse.

   L'elfe avait un accent particulièrement étrange et complexe; montant imperceptiblement dans les aigus au moments des sons "é", "a", "o" et "i", et descendant dans les graves au moment des sons "u" et "e". Il appuyait notamment sur les "n" et les "m", ainsi que sur les "ill", et murmurait presque les "r" et les "v".

- Je ne suis pas le roi. Sa majesté n'est pas ici. Je ne fais que diriger la capitale, lui, contrôle tout le royaume et ce qu'il contient, répliqua le seigneur.

- Oui, bien évidemment, dit d'une voie suave l'elfe.

   Pourquoi deux elfes se promènent-ils en dehors de leur royaume ? Qui sont-ils ? Quelles sont leurs intentions ? Pourquoi n'y a-t'il qu'un seul elfe qui parlent ? L'autre est-il son serviteur ? Son garde personnel ? Les elfes sont si étranges... Que pensent-ils de la ville ?
   Les questions d'Oriêl se bousculaient dans son esprit. Et soudain une inquiétude surgit: les elfes ne peuvent-ils pas lire dans les pensés ? Et s'ils avaient entendus les miennes ?!

L'Héritage d'Órmeyl - Le RetourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant