Chapitre 11 : En avant la musique

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- Cameron, attends !

Je me figeai, surprise. J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que Jason ne me rattrape. Le "allez tous vous faire foutre" et la porte claquée me semblaient être un message suffisamment évident, même pour lui. Je me retournai lentement et le dévisageai. Debout au milieu du couloir, il s'était aussi arrêté et ses doigts jouaient négligemment avec le piercing sur son sourcil. Il resta silencieux, si bien que j'arquai un sourcil pour savoir ce qu'il voulait. S'il comptait m'engueuler, qu'il le fasse tout de suite. Pourtant, tout au contraire, il lâcha d'une voix très rapide :

- Merci.

J'écarquillai les yeux. Est-ce que j'avais bien entendu ce que j'avais cru entendre ? Je doutais même que Jason connaisse le sens de mot.

- Pardon ?

- Je ne vais pas me répéter, siffla t-il en retrouvant sa hargne habituelle. Mon père est un sale con. T'as bien fait de pas rentrer dans son jeu.

- J'ai bien fait de me mettre à dos un puissant homme d'affaire qui a le pouvoir, l'argent et la motivation pour faire de ma vie un enfer ? Génial, alors.

- Je ne vais pas le laisser faire, rétorqua t-il en plissant les yeux. J'ai plus de pouvoir et plus d'argent que lui.

Il arqua un sourcil, de toute évidence convaincu par ce qu'il disait, ce qui n'était pas mon cas.

- C'est faux, répondis-je avec un sourire amer. Vous le laisserez faire parce que vous avez encore peur de lui. Et tant que vous aurez peur, tant que vous le laisserez faire absolument tout ce qu'il veut. Mais rassurez-vous, moi, il ne me fais pas peur. Au moins un de nous deux aura le courage de l'affronter.

Il ouvrit la bouche, visiblement prêt à rétorquer quelque chose qui serait sans doute une insulte à mon égard mais je ne lui en laissai pas le temps et secouai la tête.

- Allez préparer votre concert et laissez-moi gérer le reste.

Je tournai les talons et repartis dans le couloir. J'avoue que j'aurais aimé qu'il me rappelle. J'aurais aimé qu'il me dise qu'il affronterait son père s'il le fallait, qu'il était désolé et qu'il était assez fort pour gérer tout ça. Mais c'était de Jason qu'on parlait et, cette fois, il me laissa partir sans rien dire.

La fin d'après-midi fut agitée pour les quatre artistes. Ils mirent tous les détails au point. De ce que j'en appris avec une technicienne que j'ai aidé à réparer une installation électrique, ce concert était très important. C'était le premier de la tournée et le premier de la saison. Des avis du public et des médias dépendrait toute la réussite de leur tournée et le nombre de personnes à venir sur leurs prochains concert dans toute l'Amérique puis, plus tard, en Europe. En bref, il fallait qu'ils marquent les esprits et donnent leur meilleur.

À seize heures, les premiers fans vinrent s'amasser devant les portes. À dix huit heures, ils étaient incroyablement nombreux, à piétiner là, dehors et dans le hall d'entrée. À dix neuf-heures, les portes de la salle furent ouvertes et la foule se déversa à l'intérieur. Entre la scène et les loges, j'observai d'un œil curieux le remue-ménage du côté du public, qui n'avait rien à enlever à celui du côté des artistes. Tout le monde courait, criait, lançait des informations à tout va et faisaient les dernières vérifications. 

Isaac apparut, poursuivi par sa maquilleuse qui cherchait desesperement à s'occuper de lui alors qu'il bougeait de partout, visiblement stressé. De l'autre côté de la pièce, il m'aperçut et me fit un signe de la main :

- Amanda !

Mon cœur fit un bond et j'écarquillai les yeux en lui faisant un signe de la tête. Heureusement, personne ne semblait avoir le temps de se soucier de nous. Isaac entrouvrit la bouche en comprenant soudain sa gourde et, sans hésiter, intercepta une fille qui passait par là :

Aegis - Protection RapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant