Chapitre 20 : Retour au bercail

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- Je ne comprends pas. Pourquoi ne pas lui avoir dis pour son père ? T'avais rien à perdre.

Je relevais les yeux vers Rick et poussai un profond soupir. Le jeune homme était assis à son bureau, derrière son ordinateur, des lunettes posées sur son nez. Il semblait travailler mais, en réalité, toute son attention était portée sur moi. Faris était sortis passer un coup de fil professionnel- une nouvelle offre d'emploi, apparemment- et Cameron était dans sa chambre. Il me fuyait. Ou alors c'est moi qui le fuyais. Toujours est-il que, depuis que j'avais quitté l'hôpital pour revenir à l'appart, soit quelques heures, nous avions à peine échangé quelques mots.

Je reportais mon attention sur Rick qui, au-dessus de ses lunettes, ne me quittai pas du regard.

- J'ai beaucoup réfléchis, répondis-je à mi-voix. Je crois que je me suis fais manipuler en beauté. Edmound Tale n'est sûrement ni un tueur, ni un grand psychopathe. Tout ce qu'il voulait, c'était ruiner ma vie. Il a profité de mon état, de ma peur et de mes sens embrouillés pour me faire avaler ce qu'il voulait.

- Alors c'est pas lui qui t'as renversé en voiture ?

- Si, soufflai-je. Il ne visait pas Jason, seulement moi. Mais les attaques précédentes, je suis prête à parier qu'il n'a rien à voir avec. Il s'en est juste attribué le mérite pour me mettre en état d'alerte. Je suis même pas sûre de cette histoire de fils adoptif ou non. Il avait tout calculé... son attitude, les mots exactes pour me faire paniquer, les menaces... et ça a marché comme sur des roulettes. Je pense qu'il est même allé jusqu'à faire venir ce type louche dans la salle de concert, dans le simple but d'en faire un suspect et que je m'expose pour sauver Jason.

- C'est vrai que le coup du pistolet à bulle, c'était un peu gros, gloussa Rick.

Oui, toute cette histoire était un peu grosse. J'avais été roulée et je n'y avais vu que du feu. J'avais cru faire des déductions, comprendre toute l'histoire alors qu'en fait, je ne faisais qu'emprunter le chemin qu'il avait soigneusement tracé pour moi. Et il faut dire que la morphine qui coulait dans mon sang ne m'avait pas aidé. Avait-il spécialement placé ce flacon et la seringue à côté de mon lit ? Je n'en serais pas étonnée. Au final, Edmound Tale n'était qu'un homme d'affaire calculateur, froid et intelligent, mais pas un psychopathe ni un tueur en série. Le seul sang qu'il avait sur les mains était le mien, après l'accident de voiture.

- Et Jason, alors ?

- Quoi, Jason ? rétorquai-je, un peu trop agressive.

- Il n'est vraiment pas venu te voir à l'hôpital ?

Je soupirai. Jason, Jason, Jason. J'aurais aimé juste oublier ce nom. Mais devant le regard inquisiteur de Rick, je me sentis obligée de répondre :

- Isaac m'a expliqué qu'il a suivi l'ambulance jusqu'à l'hôpital, où il a demandé de mes nouvelles. Il n'a pas pû venir me voir pendant que j'étais avec les médecins. Après, Isaac est arrivé et s'est débrouillé pour que Jason ne vienne pas dans ma chambre et ne me démasque. Il a essayé de m'aider. Enfin, ça aurait sans doute été milles fois plus facile s'il m'avait vue à poil dans ce lit d'hôpital, et non pas sur scène devant des milliers de personnes.

À ces mots, le regard que mon ami lança vers son téléphone ne m'échappa pas. Après l'altercation avec Jason, les flics avaient décidé de me ramener à l'hôpital où j'étais restée une journée entière, seule la majeur partie du temps, avec Isaac ou July parfois. J'avais pu sortir ce matin, pour découvrir que Rick et Faris avaient fait le chemin entre New York et Boston durant la nuit pour pouvoir me ramener à la maison. Ils avaient négocié avec les médecins, qui voulaient me garder en observation au moins une semaine, en leur promettant que je resterais au repos dix jours et qu'au moindre problème, ils m'emeneraient à l'hôpital à New York.

Aegis - Protection RapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant