Chapitre 19 : Criminelle ?

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- Qu'est-ce qu'on fait, on l'embarque ?

- J'en sais rien, elle a commis aucun crime, non ?

- Elle a quand même attaqué un chanteur en plein pendant un concert. Et puis il y a cette histoire de déguisement en son frère pendant des jours...

- Le travestissement c'est pas un crime.

- Non, mais l'usurpation d'identité, c'en est un.

- Mais si son frère était d'accord, c'est pas de l'usurpation.

Je pris ma tête entre les mains et fermai un instant les yeux, écoutant d'une oreille distraite les deux policiers discuter de mon sort. La morphine commençait à m'embrouiller les sens et à m'empêcher de me concentrer longtemps sur quoi que ce soit.

J'étais dans une petite loge, assise sur un tabouret devant une coiffeuse, les poignets menottés. Des agents de sécurité m'avaient emmenés ici après que j'ai sauté sur la scène comme une furie. Je voulais sauver la vie de Jason mais, pendant un moment, toute la salle a cru que j'étais, moi, le danger. Et alors que j'étais au sol, le regard que j'avais échangé avec le chanteur m'avait paru une éternité. J'y avais lu son incompréhension, une pointe de peur, du doute, de la colère et tous les questionnements qui lui passèrent par la tête. Mais ça ne dura en fait que quelques secondes, avant que deux agents de sécurité ne m'empoignent par les bras et ne me tirent hors de la scène, la poitrine a moitié dénudée dans ma blouse d'hôpital, sous les yeux de milliers de personnes et presque autant de caméras.

On m'avait enfermé dans cette loge jusqu'à l'arrivée des policiers, à qui j'avais raconté toute l'histoire, depuis le début, d'une voix monotone. Et, au loin, j'entendais que le concert avait repris. Heureusement, ou pas d'ailleurs, ils devaient bientôt avoir finis. Je me frottais le crâne et relevai les yeux vers les deux flics.

- Vous pouvez pas appeler vos supérieurs pour savoir ? Embarquez-moi ou enlevez-moi ses fichues menottes. Je ne suis un danger pour personne.

Il se tournèrent vers moi, détaillèrent d'un regard critique ma blouse d'hôpital, ma veste que j'avais fermé pour masquer ma poitrine, mon attelle et le bandage sur mon crâne. Puis, d'un commun accord, ils tournèrent les talons, quittèrent la pièce et refermèrent à clé en me laissant avec les poignets liés. Super, merci les gars.

Au bout d'un moment, j'entendis la musique s'arrêter. Et, même de là où j'étais me parvinrent les échos des rappels du public pour une chanson, rien qu'une autre, une dernière. Mais les instruments ne repartirent jamais. Il ne fallut que quelques minutes avant que la voix d'Isaac ne retentisse non loin de là :

- C'est une honte, je vous interdis de l'enfermer comme une vulgaire criminelle ! Elle voulait nous protéger, d'accord ? Elle n'a fait de mal à personne ! Quoi ? Oui, ok, très bien, réferez-en à vos supérieurs si ça vous chante, mais déverrouillez cette porte ! Tout de suite !

Son autorité naturelle dû faire effet puisque, quelques secondes plus tard, la clé tourna dans la serrure. Isaac entra comme une tornade, magnifique dans ses habits blancs, ses cheveux brillants et pailletés et son teint halé. Il fondit sur moi et s'accroupit face à ma chaise.

- Amanda ! Ça va ?

Je clignai des yeux et penchai lentement la tête sur le côté. Si ça allait ? Oui. Non. Peut-être. Tant que je n'avais pas Jason face à moi, je devrais survivre. Je lui fit signe d'approcher et, les sourcils froncés, il avança son oreille vers ma bouche.

- Je suis shootée à la morphine, murmurai-je comme s'il s'agissait du secret du siècle.

- Je vois ça. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Aegis - Protection RapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant