Chapitre 24 : L'ouragan

112 22 57
                                    

J'échangeai un regard hésitant avec Isaac, ne sachant pas s'il valait mieux faire la morte et ne pas répondre ou aller ouvrir au chanteur, qui avait recommencé à toquer. Le blond arqua les sourcils sans bouger.

— Il sait que t'es là, chuchota-t-il. Il est capable de taper à ta porte toute la nuit.

Je soupirai et, à contrecœur, me relevai rapidement des genoux du garçon. Je ramassai mon peignoir et, une fois debout, montrai la salle de bain d'un mouvement de tête.

— Va là-dedans, murmurai-je. Et pas un bruit !

— Mais...

— Tout de suite !

Il me lança un long regard que je traduisis comme un « je n'adhère pas à ce comportement, on n'a pas de raisons de se cacher comme des ados pris en flagrants délits alors je vais obéir simplement pour te faire plaisir, mais ça ne se reproduira pas » et disparut dans la salle de bain. Je refermai mon peignoir et allai ouvrir la porte à l'autre imbécile qui continuait à toquer. Je me glissai devant l'ouverture pour l'empêcher d'entrer.

— Jason Tale. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

Oublie pas, Amanda. Calme et professionnalisme. Tu peux le faire. Ce qui était assez facile à faire tant que je restais concentrée sur ses yeux, et beaucoup moins si j'avais le malheur d'observer ses lèvres pincées, le piercing sur sourcil légèrement arqué, son bras tendu contre le cadrant de la porte, si près de moi et son torse vêtu d'un débardeur qui n'en cachait pas grand-chose. J'eus soudain l'impression que la température avait monté de quelques degrés tandis qu'il m'observait de haut en bas, impassible.

— On peut parler ? répéta-t-il.

Je relevai la tête pour retourner à ses yeux. Oups. Avait-il remarqué que j'étais en train de le reluquer sans vergogne ? Je reculai d'un pas pour essayer d'échapper à son attraction et soupirai.

— Sérieusement ? J'étais sur le point de dormir, on parlera demain. J'ai eu une journée épuisante et...

— Cool.

Il me fit un sourire rapide, me repoussa d'un bras et se glissa dans l'ouverture de la porte. J'aurais pu assez facilement l'en empêcher, voire le neutraliser d'un bon coup de pied dans les genoux, mais je venais juste de récupérer un tant soit peu sa confiance. Il valait mieux calmer le jeu. Avec un soupir las, et en vérifiant d'un coup d'œil que la salle de bain était bien fermée, je claquai la porte d'entrée.

Quand je me retournai, je tombai face à Jason qui, à un mètre de moi, m'observait avec une ferveur non dissimulée. Un long frisson me parcourut l'échine et je reculai d'un pas, la respiration un peu trop rapide.

— Qu'est-ce que tu voulais me dire qui ne peut pas attendre demain ?

Le ton sarcastique, j'essayai de regagner un peu de maitrise de la situation. Il ne cessa pas de me fixer, impassible, silencieux, comme s'il hésitait à parler. Finalement, il sortit un paquet de cigarettes de la poche de son jean et fit un rapide geste dans ma direction.

— T'en veux une ?

Sans attendre ma réponse, il tourna les talons, traversa ma chambre et alla ouvrir la fenêtre de l'autre côté pour passer sur le balcon. Je jetai un regard hésitant vers la salle de bain, puis soupirai à nouveau, attrapai mon téléphone pour le glisser dans la poche de mon peignoir puis rejoignis Jason à l'extérieur. Je saisis la cigarette allumée qu'il me tendit et, en silence, m'accoudai sur le balcon à ses côtés.

Je ne dis rien, fermement décidée à attendre que Jason se jette à l'eau. Il voulait parler ? C'était le moment ou jamais. Quant à ce qu'il avait à dire, et bien, je n'en avais pas la moindre idée. À mon grand désarroi, il m'était toujours aussi imprévisible et illisible qu'au premier jour. Néanmoins, je connaissais à le connaître un peu. Il ne réussissait à s'ouvrir un tant soit peu qu'à la seule lueur de la lune, une cigarette au bec. Il l'avait fait par déjà deux fois et une troisième semblait toute indiquée.

Aegis - Protection RapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant